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Recrudescence des vindictes populaires : Djogbénou et Sacca démissionnent
Publié le samedi 25 juin 2016  |  Matin libre
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© aCotonou.com par DR
Me Joseph Djogbénou, président d`honneur du Parti « Alternative Citoyenne », candidat potentiel à la présidentielle de 2016.




L’insécurité va grandissante au Bénin. Les chenapans et autres gangsters continuent de frapper au nez et à la barbe des forces de l’ordre. L’opération « Mamba» initiée à la va-vite par le gouvernement de la Rupture après une série de braquages sanglants ne porte pas encore ses fruits. Les Forces de l’ordre sont mises à l’épreuve. Il n’y a plus de semaines où on ne compte de vol. Face aux échecs des forces de sécurité, des citoyens préfèrent se faire justice. Ainsi depuis quelques jours, des individus suspectés comme des voleurs et arrêtés, subissent le supplice du feu. Les plus chanceux s’en sortent avec des blessures graves. Ces derniers jours, des images macabres ont été relayées par les réseaux sociaux. Les images sont insoutenables. En début de semaine, trois personnes ont été brûlées vives dans le Couffo. Le mercredi 22 juin, deux autres malheureux ont fait les frais de la colère des habitants de Fidjrossè. Ce dernier cas devrait interpeller la conscience nationale. A en croire nos sources, les meurtriers de Fidjrossè ont mis plusieurs minutes pour en découdre avec les présumés voleurs de moto. Les deux ont souffert le martyr avant de passer de vie à trépas tant ils s’accrochaient à la vie. Le Bénin ne vit pas encore le pic de 1999 où la justice privée a connu de sombres moments dans les départements du Mono et du Couffo. Elle prend tout de même des proportions inquiétantes.

L’Etat absent…

Au moins cinq personnes suspectées de vol dont la culpabilité n’a pu être établie, ont été monstrueusement tuées. Ce drame semble ne pas émouvoir le gouvernement. Le gouvernement de la Rupture n’a certes pas encore totalisé trois mois d’exercice de pouvoir. Mais il n’en pas demeure moins que la vie humaine est sacrée. Au moment où les Nations civilisées (y compris le Bénin) se battent pour l’abolition de la peine, des citoyens n’ont pour seul recours face au banditisme, la justice privée. C’est un vrai danger pour la sécurité publique. Dans cette folie meurtrière, plusieurs innocents ont été éliminés. Des règlements de compte sont aussi dénoncés. La machine de la mort frappe au Bénin. Et le gouvernement de la Rupture tergiverse. Le ministre de l’Intérieur n’a pas encore trouvé les vraies solutions pour contenir l’insécurité. Le Garde des Sceaux n’a pas non plus dévoilé les mesures que propose le nouveau gouvernement pour garantir la justice pour tous. Me Joseph Djogbénou, défenseur des droits de l’homme confronté aux réalités du pouvoir, peine encore à montrer son efficacité à la tête du ministère de la Justice. Les politiques pénale et pénitentiaire pratiquées depuis des décennies ont montré leurs limites. Les cas de récidive sont légion et il va bien falloir y remédier. Le ministre de la Justice qui s’occupe par ailleurs des questions de droits de l’homme a montré un silence assourdissant face au déluge de violence qui s’abat sur certains citoyens. La situation est inquiétante puisque plutôt que de favoriser le retour de la sérénité dans le rang de la population, la vindicte populaire peut constituer une source majeure d’insécurité.

Le Bénin reste un pionnier de la démocratie et des libertés en Afrique. Mais, le pays risque d’entrer prochainement sur la liste noire des organisations de défense des droits de l’homme si la justice privée continue de livrer ses résultats macabres. Conformément à plusieurs instruments internationaux dont le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l’Etat a le devoir de garantir à ses citoyens le droit à la vie. Les faits déplorés ces dernières semaines établissent le contraire. Il y a sans doute urgence à préserver l’image d’Etat démocratique et respectueux des droits de l’homme du Bénin.

A.S.
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