Dans le bain de la rupture, le chef de l’Etat panse les plaies de la République et reconstruit les tissus d’une nation longtemps usée et abimée par les foyers de tension. Le pays était comme un vaste champ où sont cultivées les querelles politiques, ethniques et religieuses. Le lancement du Nouveau départ inaugure l’ère de la réconciliation. Au gouvernail du navire étatique, Talon imprime sa marque à la gouvernance sur le modèle d’apaisement.
Les évènements s’enchainent avec la rupture qui se joue dans la médiation mais aussi la fermeté. Talon n’a pas horreur de la jungle et des brasiers de la République. Le locataire de la Marina était ce week-end sur le front méthodiste où s’affrontent depuis plusieurs années les frères en christ d’obédience protestante. La vieille querelle a résisté aux régimes Kérékou et Yayi, et le milieu protestant bipolarisé par les vagues conflictuelles semblait voué à un éternel rififi. Porté devant la justice, le différend religieux s’est plutôt exacerbé au point où l’Eglise protestante a pris un coup de froid et coulé dans l’impasse.
La démarche de la figure emblématique du Nouveau départ est vertueuse. Le style colle à la quête du consensus et du dialogue pour résoudre les équations à plusieurs inconnues. Avec le bidon d’eau pour éteindre le feu, Talon épouse le miracle. En abrégeant la distance entre les protagonistes de la crise, le successeur de Boni Yayi a créé un climat favorable au dégel dans la maison des méthodistes. Le jusqu’au-boutisme érigé en mode de vie a jusqu’ici fait évaporer les chances de réconciliation des frères- ennemis. Talon, par la force de la médiation veut écraser les résistances et faire émerger la tendance à la conciliation et à la tolérance pour ramener le calme et réinstaller la solidarité.
Le chef de l’Etat ne devrait néanmoins pas se laisser aspirer par le dilatoire, l’hypocrisie et la ruse des camps rivaux plongés dans l’antagonisme ruineux. S’ils refusent de mettre de l’eau dans leur vin et de se libérer du fardeau de l’inutile guéguerre, Talon sera dans l’obligation de trancher dans la dynamique de la rupture qui professe qu’il faut mettre les énergies au service du développement et non à des fins querelleuses. Il urge de sortir du cercle vicieux des chicaneries et des tensions dommageables à la vie de la nation.
Talon a été déjà positivement démonstratif dans la gestion du vieux et brûlant dossier des chefs-lieux. L’épilogue inventé au long feuilleton du découpage territorial a mis en évidence la force et l’efficacité du style du Président. La vision du Nouveau départ contraste avec les atermoiements qui avaient, avant la rupture, provoqué l’enlisement et fermenté les dissensions. Sans coup férir, Talon a alterné dialogue et fermeté pour débloquer une situation jugée périlleuse avec un extraordinaire mode d’extinction des velléités négatives.
Sur le ressort Talon et avec la cadence du Nouveau départ , tous les dossiers chauds devront un à un être évacués avant la fin du quinquennat. A l’horizon se forgent de perspectives heureuses grâce à la gouvernance de celui qui a juré avec foi et conviction qu’il sera à la fin de son mandat « porté en triomphe par les Béninois ».
Décidément, Talon s’offre les atouts pour effectivement entrer dans l’histoire par la grande porte.
Sulpice Oscar GBAGUIDI