Le « Xwe xi », entendez marché local ou si vous voulez encore le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), version locale poursuit son aventure migratoire. Après Natitingou, c’est Bohicon, qui s’est transformée le week-end dernier en un grand centre d’attractions pour démonstrations culturelles.
Susudji Béhanzin, coordonnateur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) dans les départements du Zou et des Collines avait annoncé depuis le début de la semaine écoulée, un week-end particulièrement chaud dans la ville de Bohicon avec la délocalisation de la version locale du marché du théâtre. Déjà jeudi 23 juin dernier, les couleurs avaient été annoncées à travers des spectacles d’attraction notamment de masques Kpodjiguèguè à travers la ville. Une manière, estime-t-il, de préparer la population à vivre un week-end d’ambiance. Le lendemain, vendredi 24 juin dernier, les populations d’Abomey et de Bohicon notamment avaient rendez-vous sur l’esplanade de la société Shb pour se ressourcer à travers les valeurs endogènes. C’était encore un rendez-vous de masques. Cette fois-ci, ce sont des Zangbéto qui se sont mis en évidence. Pendant plus de trois heures d’horloge, toutes les démonstrations étaient permises.
Sous la bénédiction des Zangan (responsable au premier chef du culte), le public s’est délecté de nombreux tableaux allant des plus spectaculaires aux plus inimaginables. C’est ainsi par exemple, que dans le jeu de transformation des Zangbéto en objets divers, Ganiou Houndjènoukon l’un des acteurs majeurs desdits masques à Saclo (Bohicon) fera faire à ses poulains, sous les ovations du public, des numéros époustouflants. Sur la demi-douzaine de masques sur scène, chacun choisit d’y aller de son génie. Le premier va se métamorphoser en un panier rempli d’eau. Lequel sera vidé au vu et au su du public. Puis, repositionné sur la cage vide, le masque se remet aussitôt à danser comme si de rien n’était. Un autre tableau plus impressionnant a consisté en la disparition du masque au profit d’un gros serpent manipulé avec aise par Ganiou Houndjènoukon. Repositionné sous la cage vide du masque, le masque reprend son animation. Plus intéressant encore le numéro de la métamorphose en une bouteille contenant un pagne vibrant. Il sera plus tard aussi question de vibration avec la transformation d’un Zangbéto en boule d’akassa (lio) vibrant, en fétiche au phallus mouvant, en une calebasse dansante…. Rien en tout cas n’aura échappé à l’imagination des Zangbéto de Bohicon venus égayer le public.
«C’est une manière de faire sortir le public et de mobiliser la population pour les spectacles de théâtre parce que le masque draine du monde. Dès qu’il est joué, tous les passants s’y accrochent et ne s’ennuient pas », explique Susudji Béhanzin. Le directeur du Fitheb, Erick Hector Hounkpè, visiblement satisfait de l’accueil réservé par le public de cette ville au Fitheb migratoire a exprimé sa satisfaction à l’intérêt que portent les populations de l’intérieur du pays à la chose artistique. Mais le public n’a pas eu uniquement droit à des spectacles de masques. Le comédien Gérard Hounnou, plus connu sous les noms d’artistes «Baba», « Totché yomin… nontché yomin » était aussi de la partie. Et si lui, était venu pour égayer le public de Bohicon, Ignace Yètchénou lui en a profité pour annoncer son spectacle «Histoire de femme».
Josué F. MEHOUENOU