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Réforme institutionnelle et politiques : Patrice Talon tétanise la classe politique
Publié le vendredi 1 juillet 2016  |  Matin libre
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© AFP par ISSOUF SANOGO
Politique: les Présidents Faure, Talon et Yayi reçus en audience par le président ivoirien Alassane Ouattara
Le Président ivoirien Alassane Ouattara a reçu en audience à sa Résidence les président Faure Gnassingbé du Togo, Patrice Talon du Bénin et l`ancien président Béninois Yayi Boni ce Lundi 18 Avril 2016




A moins de quelques jours des 100 premiers jours du régime du nouveau départ, la vieille classe politique peine à trouver ses marques. Le compétiteur né Patrice Athanase Guillaume Talon est passé par là. Les politiciens sont comme sclérosés par sa gouvernance.

Le pouvoir du Nouveau départ s'est installé depuis le 06 avril 2016 et imprime ses marques à la gouvernance politique, économique et social du pays. La formation du premier gouvernement nous a montrés, tel que annoncé par le nouveau Président de la République, que le régime en place ne fera par de l'approche genre et de l'équilibre régional son cheval de bataille. Au premier rang, on retrouve 16 « rupturiens » de première heure (qui lui ont pourtant apporté moins de 25% des suffrages) contre 05 membres de la Coalition de la Rupture (Asg-Abt-Nouvelle Conscience). Les nominations qui ont suivi au cabinet du Chef de L'Etat, dans les ministères et à la tête des sociétés et offices d'Etat, respectent toutes le même schéma. A savoir tout pour ceux qui ont soutenu la candidature de Patrice Talon dès le premier tour, et rien pour les autres. Tous les postes juteux (Cncb, Lnb, Fnpeej, Sonacop, Sogema, Cobenam, Dfac, Fndpt) sont ainsi passés entre les mains des rupturiens (Gaston Zossou, Modeste Kérékou, Victor Dagnon, Bio Gounou Idrissou Sina, Gonroudobou Orou Dèkè, Antoine Dayori) de première heure, quoiqu'ils soient en perte de vitesse et en fin de cycle au niveau de leur base. Poursuivant dans la même logique, le Président Talon a invité au banquet final les personnalités impliquées dans les affaires empoisonnement et coup d'Etat. Son cousin Johanes Dagnon, le Commandant Ruffin Zomahoun, le Colonel Issa Abou, le préfet du Borgou Djibril Cissé (frère du Docteur Cissé) sont tous nommés dans l'indifférence générale. Il ne reste que le Ministre Soumanou Moudjaidou (en froid avec Talon en raison du maintien de sa candidature en 2016), le Major Bachirou et de Kora Zoubéra à caser au nom des vieilles affaires qui ont failli emporter Talon pendant le régime Yayi.

La gouvernance à l'heure de la rupture, c'est aussi la nomination de jeunes sans aucune expérience à la tête d'importantes structures comme la Sogema, le Cnsr, le Fnec et les préfectures du Littoral et de l'Atacora.

La Coalition de la Rupture dans l'expectative

Au moment où les militants de première heure et les amis de Patrice Talon se réjouissent chaque mercredi à l'énoncé de leur nomination en conseil des ministres, les responsables de la grande majorité de la Coalition de la Rupture et leurs militants continuent de ronger leur frein. En dehors des supers ministres Pascal Koupaki et Abdoulaye Bio Tchané et de Sébastien Ajavon, qui s'en est sorti avec trois ministères, la vingtaine de candidats qui s'est ralliée au second tour à Patrice Talon est laissée pour compte. Même les candidats les plus significatifs arrivés en 6ème, 7ème et 8ème position, le Général Gbian Robert, le Général Fernand Amoussou et l'honorable Issa Salifou devraient encore attendre longtemps avant de se voir proposer un strapontin pour eux-mêmes ou pour leurs militants. En tout cas, au regard de la manière dont le pays est géré depuis le Palais de la Marina, la fin de leur attente n'est pas pour demain. De ce fait, le 2ème vice- président de l'Assemblée Nationale, Robert Gbian, et les députés Bako Arifari, Aké Natondé et Issa Salifou pourraient constituer un goulot d'étranglement pour les réformes institutionnelles au Parlement si Patrice Talon, obnubilé par son mandat unique, continue de croire qu'il peut se passer d'eux.

Les Fcbe décimées en rangs dispersés

Au lendemain de la débâcle de Lionel Zinsou à la présidentielle de mars 2016, les Forces Cauris pour un Bénin Emergent ont perdu de leur superbe et de leur arrogance. Désormais chacun se terre dans son trou et observe la situation socio-politique du pays avec indifférence ou circonspection. Il n'en pouvait être autrement, quand on s'aperçoit que le régime du Nouveau Départ s'attelle à arracher un par un, tous les biberons encore aux mains des thuriféraires du pouvoir Yayi. L'humiliation subie par les anciens Directeurs Généraux des sociétés et offices d'Etat, suspendus avant d'être limogés et remplacés, et la peur des poursuites judiciaires, ont fini par convaincre plusieurs d'entre eux à s'abstenir d'activités politiques et de déclarations tapageuses à l'encontre du pouvoir de la rupture. Même les opérateurs économiques proches des Fcbe sont systématiquement écartés des marchés publics depuis le 06 avril 2016.

Dans ce désert de nominations pour les anti-Talon, on peut dire que le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) membre de l'Alliance Républicaine en compagnie des Fcbe et de la Rb lors de la dernière présidentielle, s'en sort à bon compte. Yves Edgar Monnou et Joachim Marie-Florès Vignon Apithy, deux militants proches du Prd, sont nommés respectivement Directeur du Cabinet civil du Chef de l'Etat et Préfet du département de l'Ouémé. On comprend donc que c'est dans la perspective de faire passer ses réformes institutionnelles et politiques au Parlement que Patrice Talon se voit obligé de faire des yeux doux à Adrien Houngbédji du Prd (10 députés) qui avait pourtant soutenu son adversaire Lionel Zinsou à la dernière présidentielle. En effet, selon l'article 4 du titre I de la loi organique portant conditions de recours au recours au référendum en République du Bénin "Le Président de la République, après consultation du Président de l'Assemblée Nationale et du Président de la Cours Constitutionnelle peut prendre l'initiative du référendum sur toute question relative à : -- tout projet et proposition de révision de la constitution votée à la majorité des trois quarts (3/4) des membres de l'Assemblée Nationale".

Une opposition forte en préparation

Bien que battues à la dernière présidentielle, les Forces Cauris pour un Bénin Emergent n'ont pas encore dit leur dernier mot. Après 100 jours d'observation, Barthélémy Kassa, André Okounlola, et autres Adam Bagoudou pourraient décider de passer à l'offensive et d'arrêter les tirs à boulets rouges sur le régime défunt de Yayi venant du camp d'en face. Les grosses fortunes amassées par ces pontes de l'ancien régime pourraient servir cette cause et mettre à mal la sérénité et le projet de réformes institutionnelles et politiques du Président Patrice Talon. Les affaires PPEA II et machines agricoles ne suffiront pas pour faire chanter Barthélémy Kassa, André Okounlola, et Adam Bagoudou, car il se raconte à Cotonou que des très proches de Talon sont aussi mouillés dans ces ténébreux scandales.

Fâchés contre Talon qui les ignore royalement, plusieurs candidats de la Coalition de la Rupture tels que Robert Gbian, Fernand Amoussou, Issa Salifou, Aké Natondé et autres Bako Arifari pourraient devenir bientôt les bras armés de cette opposition en construction. Même Sébastien Ajavon n'attendrait que la moindre occasion pour retirer ses trois ministres du gouvernement. Car Talon ne ferait rien pour respecter les accords de gouvernement avec le roi béninois du congelé et du surgelé. De même, Talon ne verrait pas d'un bon œil que Sébastien Ajavon lui succède en 2021. Et toutes les occasions sont bonnes actuellement pour tuer dans l'œuf les ambitions présidentielles de Sébastien Ajavon à commencer par un financement massif des partis politiques. L'opposition au régime du Nouveau Départ pourrait refuser très bientôt du monde à commencer par le peuple désabusé et déçu que l'argent ne circule pas dans le pays et que le panier de la ménagère reste désespérément vide au moment où on régularise toutes les dettes cotonnières de Patrice Talon à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA.

"Le pays est encore calme parce que chacun espère un marché ou un poste. Mais lorsque Patrice Talon finira de partager le gâteau, il connaîtra une opposition forte à son régime, à l'image de celle qui a fait partir le Président Nicéphore Soglo en 1996", confie un observateur politique très averti.

Anthony Vasquez
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