Depuis 48 heures que les résultats du Cep 2016 sont tombés, beaucoup d’interrogations taraudent les esprits des acteurs du système éducatif, en l’occurrence les parents d’élèves, les candidats et même les encadreurs. Quels sont les paramètres qui ont conduit à ce taux de 39.26% d’admis au plan national ? Une première depuis l’avènement des nouveaux programmes en 1995. Le Directeur des examens et concours (Dec) du ministère des enseignements maternel et primaire, Bio Soumanou Chabi Gado a une réponse à ce sujet : ‘‘Ce n’est pas une catastrophe, parce que cette année, on n’a pas racheté les candidats, contrairement aux autres années où on rachetait. On est resté ferme sur ce que les textes disent. C’est donc normal qu’il y ait disparité entre ces résultats et ceux des années antérieures’’.
En réalité, les candidats ont toujours composé dans huit matières que sont : Expression écrite, Lecture, Mathématiques, Education scientifique et technologique, Education sociale, Dessin ou couture, Chant, poésie ou conte, et sport… Pour décrocher le précieux sésame, ce n’est pas une question de moyenne, mais plutôt le nombre de matières éliminées. Selon les textes, le candidat doit éliminer 6 matières sur 8. ‘’On peut descendre jusqu’à 4 ou 5 matières et en le faisant, le pourcentage devient élevé. Cette fois, nous avons appliqué les textes’’, renchérit, Bio Soumanou Chabi Gado qui réfute toute idée de rachat. L’innovation cette année est que la Direction des examens et concours a décidé de ne pas racheter les candidats, et le contexte s’y prête. Nouveau départ oblige. Plus de candidats à racheter pour qu’on ait des collégiens au rabais.
Haro sur le rachat de candidats
Car, depuis l’avènement des nouveaux programmes décidés lors des 1ers états généraux de l’éducation du renouveau démocratique, les différents régimes politiques qui se sont succédé ont intentionnellement, à tort ou à raison, manipulé les statistiques quant au taux de réussite des examens nationaux, surtout le Certificat d’études primaires (Cep) et subsidiairement le Brevet d’études du premier cycle. Tenez ! C’est bien sous le régime de Kérékou que les nouveaux programmes ont été testés et mûris.
Sous pression des partenaires techniques et financiers, les résultats des examens ne peuvent être que miraculeusement ‘’meilleurs’’. Cette manipulation à dessein des chiffres a continué sous l’ancien président Boni Yayi qui s’est toujours employé à garder intacte sa cote de popularité, donc racheter excessivement les apprenants, et donc cacher la vérité au peuple pour garantir les financements colossaux des Ptf aux nouveaux programmes. Au finish, le constat est affligeant dans les collèges où les nouveaux venus peinent à trouver leurs marques. Conséquence, les plaintes sont récurrentes contre des élèves en classe de 6ème et 5ème qui ont un niveau approximatif en français et qui, difficilement, arrivent à écrire leurs noms, bien suivre et recopier les cours dans plusieurs matières.
Tournant le dos à toute forme de manipulations des chiffres à but populiste, le régime Talon veut rompre avec cette mauvaise pratique qui tend à s’ériger en règle. Sinon, à force de racheter, tout le monde croit que tout va pour le mieux dans le système éducatif. Malheureusement, c’est le contraire. A présent, il s’agit de faire prendre conscience de la nécessité de comprendre que le niveau des apprenants va decrescendo. Avec ces résultats, il est impératif que chaque acteur prenne ses responsabilités afin d’inverser cette tendance catastrophique. Qui dit mieux ?
Gérard GANSOU