L’Imam de la mosquée d’Agori Plateau à Abomey-Calavi, Moutawakil Boukari Malik, a opiné sur les menaces d’insécurité grandissantes au Bénin. Au cours d’une interview accordée à votre journal, il a fait une série de propositions au président de la République en vue de la réussite de son mandat.
Plusieurs sujets ont meublé l’intervention du responsable religieux. Il s’agit entre autres de l’appréciation des premiers mois de règne du régime, les différentes nominations ainsi que les réformes opérées. Il aborde le dernier découpage territorial, les nominations, les questions des quotas des départements et l’équilibre genre. Il conclut que l’actuel régime a fait beaucoup d’efforts. « Talon a réussi là où Kérékou et Yayi ont échoué… Et sur ce, je l’encourage à continuer ». Le responsable musulman a, en effet, salué le courage du président Patrice Talon sur les questions sensibles de découpage et de désignation de chefs-lieux. « Observez un peu. Entre Djougou et Natitingou, Kérékou n’a pas voulu trancher pour ne pas s’attirer la colère de sa famille. Entre Ouidah chez sa belle-famille et Allada, Yayi Boni, dans sa quête de populisme, a, quant à lui, laissé noyé ce dossier. Et voilà Talon qui, bien qu’il soit originaire de Ouidah, a eu le courage de maintenir Allada », explique-t-il. L’Imam évoque aussi les compétences et les quotas par département. « …Dans tous les départements voire Communes, il y a de la compétence et il faudrait qu’il en tienne compte. Ce n’est pas la peine de continuer à frustrer des filles et fils de ce pays à travers les nominations, les concours et autres dans le cadre de la gestion du pays… Aussi, doit–il veiller à l’égalité genre », conseille-t-il.
De la gestion du pouvoir
« …Nous avions voulu la Rupture. Dieu et Ajavon nous ont sauvés », affirme l’Imam. Selon lui, si pour le deuxième tour, Ajavon n’avait pas été favorable à la négociation, peut-être qu’on ne serait pas en train d’avoir le schéma actuel. Bio Tchané, Koupaki et les autres sont venus consolider. Pour que la Rupture soit effective, l’Imam Moutawakil suggère au président Patrice Talon de se méfier de ceux qui le supportent, de sorte qu’il ne se laisse salir ou tromper par les mêmes… Il reconnait toutefois que la gestion du pouvoir actuel doit reposer sur le principe du respect, de la considération et de la prise en compte des propositions des alliés du second tour de la présidentielle passée. Selon lui, c’est le gouvernement de la Rupture et non le gouvernement Talon. L’Imam Moutawakil prédit donc l’échec de la barque du Nouveau Départ, si le chef de l’Etat tente de privilégier certains collaborateurs au détriment d’autres. « Nous le disons parce que nous avons tous les retours des coulisses du palais et cela saute même à l’œil. Tel que ça se passe actuellement, je note comme bon nombre d’avertis, des fissurations dans ce gouvernement », indique-t-il. La thérapie, selon l’Imam MoutawakilBoukari Malik, est que Talon casse un peu les ailes à ses partisans afin qu’ils volent bas. « Car nul n’est de trop et je suis rassuré que seuls ses partisans n’allaient pas arracher le pouvoir. Donc, que le chef de l’Etat cesse de privilégier ces bras droits et militants de premières heures ». Pour finir, il suggère que les confessions religieuses, les journalistes et la société civile soient associés à chacune des réformes les concernant.
L’Islam et le terrorisme
Le leader religieux s’est également prononcé sur la menace terroriste et les risques d’insécurité au Bénin. « Si on n’a pas la preuve de quelque chose, on ne l’affirme pas… Qui a déjà vu les hommes de BokoHaram sur nos sols ? Ah oui …. Si quelqu’un le sait, qu’il donne les vraies pistes aux agents de sécurité. Et qu’on cesse d’indexer l’Islam pour ces actes indignes. Ce n’est pas tous ceux qui disent « Allah Akbar », qui sont musulmans. De la même manière, ce n’est pas tous ceux qui disent « Alléluia » qui sont chrétiens. Et c’est pour tout cela que j’invite tout le monde à la retenue », recommande l’imam MoutawakilBoukari Malik. Il rappelle que l’Islam est une religion pacifique. Pour preuve, « Presque toutes les rues sont baptisées, mais aucune n’a pris jusque-là un nom de fidèle ou de citoyen musulman. Et pourtant aucun musulman n’a réagi par rapport à cela », démontre-t-il avant d’ajouter que le Bénin est un pays laïc et que l’actuel Président devrait y veiller.
JockvienTchobo (Stag)