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Faible taux de réussite au CEP et au BEPC 2016 : « Si tout était rose, nous n’allions pas prendre conscience de ces tares »
Publié le mardi 12 juillet 2016  |  La Nouvelle Expression




Entretien exclusif avec Dieudonné Lokossou, SG/CSA-Bénin)



Reculer pour mieux sauter. Voilà, l’idée qui ressort des propos recueillis, hier lundi 11 juillet, à Cotonou, de Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin), au regard des faibles taux d’admission et d’admissibilité au CEP et au BEPC 2016.

Nouvelle Expression : Moins de 40% de réussite au CEP et 16% au BEPC. Apparemment, nos enfants n’ont pas le niveau des classes de CM2 et de troisième ?

Dieudonné Lokossou : Si aujourd’hui, vous avez ces chiffres publiés comme les résultats de cette année, il faut féliciter les enseignants. Car, ce sont les résultats réels qui reflètent le niveau de nos apprenants, quelle que soit leur classe. C’est pourquoi, les agitations autour de ces résultats doivent nous surprendre. Il est vrai qu’à l’accoutumée, les enfants étaient rachetés, mais en ce moment, tout le monde végétait dans la facilité. Or, depuis des années, un problème réel sévit dans l’enseignement, qu’on a essayé d’étouffer. Mais aujourd’hui, tout le monde y voit clair. Il est difficile, et vous en conviendrez, qu’on ne peut pas cacher le soleil avec une main.

Nous ne pouvons pas prôner l’excellence et au même moment encourager la médiocrité. Pourtant, c’est ce que nous avons vécu tout le temps. C’est à ce niveau qu’il faut situer les responsabilités. Aussi, vous vous souvenez des recrutements massifs opérés au niveau des divers ordres d’enseignement. Reste à savoir qu’on ait réellement tenu compte de la qualité des personnes recrutées. Une situation qui pose de nos jours un sérieux problème pédagogique. En outre, ces résultats nous montrent qu’en dépit des deux états généraux sur la problématique de l’éducation, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Donc, nous ne pouvons, en aucun cas, encourager la situation qui avait prévalu. Il faut plutôt réfléchir pour trouver les solutions, non artificielles, mais celles définitives. Il faut agir sur les hommes, principalement sur les acteurs de l’éducation. Il faut envisager les formations pédagogiques qui vont prendre en compte le recyclage des anciens pour leur éviter de patiner dans la routine.

Une chose est certaine, pour cette année 2016, personne ne va incriminer les syndicalistes, car l’année a été apaisée, il n’y a pas eu de grève. Cette année, nous devons donc nous contenter de notre sort.

Ces enfants ne payent-ils pas le lourd tribut d’une situation dont ils ne sont pas les géniteurs ?

L’éducation est une chaîne, et nous ne pouvons pas tout le temps incriminer les enseignants. Nous sommes d’avis qu’il y a des brebis galeuses : des personnes pour qui enseigner est une sinécure, une période de transition dans leur vie. Seulement, cette raison n’est pas suffisante pour évacuer la responsabilité des parents. Une illustration : « Mon papa est un analphabète bon teint. Mais quand je revenais de l’école, il insistait que je prenne mes cahiers pour étudier. Mieux, il se rapprochait du maître pour s’assurer de mon assiduité et de mon attention en classe ».

A côté de ce rôle que devrait jouer chaque parent, il y a le problème des médias, notamment des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Aujourd’hui, les NTIC font que nos enfants sont moins cultivés parce qu’ils ne lisent plus.

De ces points de vue, il est difficile d’admettre que nos enfants sont en train de payer un lourd tribut. Il faut peut-être même ces résultats pour sortir de l’ornière. Si tout était rose, nous n’allions pas prendre conscience de ces tares.

Une interrogation tout de même. Le gouvernement n’est-il pas allé trop fort avec ces taux de 39 et de 16 pour cent ?

Que désirons-nous exactement ? Une chose et son contraire ? Stimuler le gouvernement à encourager la paresse ? Nous ne pouvons pas, en trois mois, rendre responsable le gouvernement des taux donnés par les examens. La question de l’éducation est fondamentale et il faut les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Nous évoquions tantôt les recrutements massifs opérés dans l’enseignement. Des individus n’ayant aucune qualité d’enseignant ont été recrutés et affectés dans des classes où ils sont en train de distraire les enfants. Dans ces conditions, à quels résultats voulez-vous qu’on aboutisse ?

Pour ma part, je remercie et félicite les enseignants outillés et honnêtes qui nous ont fait découvrir le mystère qui entourait, chaque année, les résultats qui réjouissaient les uns et les autres.

Propos recueillis par Vadim QUIRIN
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