Pas de mécontentement affiché. Pas de grognes ouvertes, ni de déception avouée et encore moins de dissidence dans le camp de la rupture. Le temps est à une symbiose parfaite autour de la coalition ayant soutenu Patrice Talon au second tour de la Présidentielle de 2016. En dépit des incertitudes au départ, en trois mois, les membres de la coalition ont réussi à maintenir l’équilibre des intérêts. Pourtant, ce n’est pas les enjeux de la division qui ont manqué. Juste que Patrice Talon a su contenir les ardeurs et résister aux tempêtes politiques. Chaque clan se retrouve représenté d’une manière ou d’une autre dans le gouvernement. Les artisans de première heure se retrouvent en pole position : Joseph Djogbénou à la Justice, Candide Azannai à la défense et Sacca Lafia à la sécurité. L’Union fait la Nation est logée au département du commerce à travers Lazare Sehoueto. Ceux venus en renfort au second tour ont également trouvé leur compte. Les portefeuilles de Pascal Koupaki et Abdoulaye Bio Tchané respectivement 4e et 5e au 1er tour du scrutin présidentiel ont été taillés de manière à éviter les frustrations. Et même si, dame rumeur a annoncé que le principal faiseur de roi Sébastien Ajavon se serait senti frustré dans la redistribution des cartes malgré ses 23,03%, il s’en sort avec trois portefeuilles.
Au-delà de l’équipe gouvernementale, certaines personnalités membres de la coalition ou leurs proches ont pu se faire caser à la tête de certaines structures et offices d’Etat. Le Chef de l’Etat aura beau promettre donner priorité à la compétence, on est forcé de reconnaitre que Patrice Talon a fait énormément recours à de précieux partisans. Certainement, la stabilité au sein de la coalition de la rupture en dépend. Tout compte fait, ceci a permis jusqu’ici, au capitaine du navire rupture de se mettre à l’abri des tempêtes et d’éviter la fragmentation du bloc acquis à sa cause.
Une ambiance trompe-l’œil ?
Mais, derrière l’atmosphère détendue et sereine qui prévaut au sein de la coalition pourraient bien se cacher des ressentiments. Déjà, la confrontation entre le député Basile Ahossi et Dakpe Sossou, tous deux membres de la majorité présidentielle lors de l’élection du 2e secrétaire parlementaire est un signe qui ne trompe pas. Cela, montre que la coalition soutenant les actions du président Patrice Talon n’est pas à l’abri des crises et de la fragilisation. En effet, la désunion pourrait venir du fait que ce sont surtout les plus proches du Chef de l’Etat qui ont le contrôle de la situation.
En dehors d’eux, les autres voudront certainement émerger, se faire positionner à des postes stratégiques ou à se faire élire lors des prochaines échéances électorales. La vigilance s’impose alors pour la coalition de la rupture face à la menace du syndrome de la division. Mais, l’expression « les ouvriers de la première heure » risque de revenir au-devant de la scène politique avec son lot de frustrations et de querelles intestines. Alors, ce sera la plus étrange des divisions au sein d’une mouvance qui, pour le moment, se comporte bien et séduit par son homogénéité. Pourvu que ça dure.
Fulbert ADJIMEHOSSOU