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100 jours de gouvernance Talon : Le coton avant tout
Publié le jeudi 14 juillet 2016  |  Matin libre
Imbroglio
© Autre presse par DR
Imbroglio à Kandi : les populations refusent de produire le coton cette année




l a fallu juste trois conseils des ministres pour rétablir les sociétés cotonnières de Talon qui ont subi ces trois dernières années les conséquences de la disgrâce du magnat du coton avec le régime de Boni Yayi. Mettre fin à la réquisition des usines d'égrenage de la Société du Développement du Coton (Sodeco), payer 29 milliards de francs CFA au profit de la Sodeco par la Sonapra et enfin rétablir l'Association Inter-professionnelle du coton (Aic), sont entre autres, les décisions fortes issues de ces conseils des ministres.

L'opinion publique nationale n'a pas tardé à marquer sa désapprobation face à la méthode Talon qui consiste à régler ses propres problèmes avant de penser à ceux du peuple qui devraient constituer sa priorité.

Une morosité économique ambiante

Bien de décisions ont été prises par le chantre du Nouveau départ sur le plan de la gouvernance. Mais 100 jours après l’avènement de Patrice Talon, le panier de la ménagère reste désespérément vide. L’argent ne circule pas dans le pays, se plaignent les populations. Au marché Dantokpa, centre névralgique de l’économie, les femmes ne ressentent pas encore le nouveau souffle promis par le Nouveau départ. Dans le rang des opérateurs économiques, l’attente du paiement de la dette intérieur par l’Etat se fait longue.

L'insécurité, l’autre talon d’achille

En matière de sécurité publique, le gouvernement a échoué en 100 jours de gestion. Beaucoup d’improvisation et de navigation à vue dans ce domaine. Une 'opération "Mamba" non murie, qui peine à faire mouche. Le bilan des braquages est très lourd. Autant il y a eu mort d’hommes, autant de l’argent frais a « péri ». Trois mois de psychose sur fond de vindicte populaire. le Ministre de l'intérieur, Sacca Lafia peine toujours à retrouver ses marques et invite chaque citoyen à assurer sa propre sécurité. Une invite qui sonne comme une démission du gouvernement face à l’insécurité.

La presse privée au second plan

Il est une évidence que les medias ont joué un grand rôle dans l’élection de Patrice Talon. Mais aujourd’hui, tout se passe comme si, à l’ère de la Rupture, la presse n’est pas importante. Déjà aux premiers conseils des ministres, le gouvernement a procédé à la suspension des contrats liant les sociétés étatiques et autres ministères à certains organes de presse. Et au nom d’un néologisme inventé : « Normo médiatisation », la décision prise est que toute la communication gouvernementale sera régentée depuis le Palais. D’où les cellules de communications dans les structures citées précédemment ont été dissoutes.

Les informations à rendre officielles partent d’abord de rumeurs sur les réseaux sociaux. Une communication gouvernementale, somme toute, décriée par beaucoup de béninois.

L’autre point sur lequel il faut insister, c’est qu’en trois mois, ni Patrice Talon, ni son ministre de la Communication n’ont daigné rencontrer les professionnels des médias pratiquement comme sous le régime défunt de Yayi Boni. Les actes des deuxièmes Etats généraux non reçus par le chef de l’Etat sont toujours là. La ministre Monrou, cadre de Benin telecoms n’a rencontré que les siens et les journalistes du service public (Ortb, La Nation). La presse privée, elle peut attendre.

Les femmes, dans les gradins

Patrice Talon a prévenu au départ qu’il ne fera pas trop avec les femmes. Et déjà le 6 avril quand il rendait public son gouvernement, les Béninois ont été surpris de voir qu’il n’avait tendu la main qu’à six femmes « compétentes ». Dans l’espérance des promotions ou nominations à suivre, bouches cousues. Il n’y avait pas eu de critiques comme au temps de Yayi. Des jours passèrent, mais pas grand’chose. Toujours la portion congrue. En dehors de l’intérimaire à la Direction générale du Port autonome de Cotonou et à la D-cous Université, les femmes n’ont plus été considérées outre mesure. Une seule association œuvrant pour le Genre a pu donner de la voix. Sur la question, d’autres s’organisent pour se faire entendre également. Elles veulent participer aux instances de prise de décision notamment la gestion du pouvoir d’Etat, et non être des femmes spectatrices joyeuses dans les gradins en train de voir faire.

Koupaki, la « vedette » de trop

La normo-médiatisation, marque de fabrique de régime de la Rupture, a montré ses limites. L’exercice de compte rendu du Conseil des ministres fait chaque mercredi par le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République est presque inopportun dans la mesure où il fait économie de certaines décisions qui peuvent faire objet de polémiques. Les noms des personnes nommées aux différents postes de responsabilité dans les ministères ne sont connus du public que plus tard dans un autre compte rendu signé cette fois-ci du secrétaire général du gouvernement Edouard Ouin Ouro et publié sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que parmi les personnes promues à la tête des structures et offices d’Etat, il y en a qui traînent des casseroles. Il en est de même des noms des personnes impliquées dans les concours de 2015 jugés frauduleux et bien d’autres détails assez importants pour que « la vedette » du gouvernement les mette de côté. On se demande alors à quoi sert ce « sport » médiatique hebdomadaire de Koupaki, s’il ne peut pas aller dans les détails, privant ainsi la presse et le peuple de certaines informations clé. 100 jours après, on peut conclure que l’exercice auquel se livre le ministre d’Etat ne sert à rien sinon qu’il n’est qu’une tribune pour son one man show.

La coalition de la Rupture, une bombe

Trois mois de cohabitation de façade au sein de la coalition dite de la Rupture. En effet, mise en place sur accord signé par les parties prenantes, cette coalition qui a porté le candidat Talon au second tour de la présidentielle, n’existe aujourd’hui que de nom. Des informations qui nous parviennent, beaucoup de frustrés. L’accord n’est plus tellement préoccupant. Tout se passe comme si certains n’ont pas droit au chapitre. Passé le round d’observation, il semble que cette bombe à retardement ne va plus mettre trop de temps avant de détoner.
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