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100 jours de gouvernance Talon : Entre actifs et gaffes,…peut mieux faire !
Publié le jeudi 14 juillet 2016  |  Matin libre
Le
© Autre presse par DR
Le gouvernement Talon




(Corriger les erreurs et s’attaquer aux vraies priorités)
6 avril 2016-14 juillet 2016, il y a exactement 100 jours que le chef de l’Etat, Patrice Guillaume Athanase Talon prenait les commandes du Bénin. Sous le signe de la Rupture pour un nouveau départ, il a aussitôt rendu publique la liste de sa première équipe gouvernementale qui s’est mise au travail en attaquant des dossiers de la Nation. De l’industrie cotonnière à l’énergie en passant par les réformes politiques et institutionnelles, l’administration territoriale, la diplomatie, le secteur du bois, etc. des décisions ont été prises et des actes posées. Pour un bref bilan, comme il est de coutume, que retenir de la gouvernance Talon? La Rédaction de votre journal Matin Libre y a consacré tout un dossier avec des avis extérieurs.

Un gouvernement sans boussole

L’une des choses reprochées à Yayi Boni c’était la navigation à vue et l’improvisation dans la gouvernance. Sur ce point, la Rupture ne s’est pas encore démarquée. 100 jours après, le gouvernement du Nouveau départ n’a toujours pas un programme d’actions rendu public que le peuple peut suivre. Cela fait partie des critiques faites par certains citoyens à l’encontre de ce gouvernement dont on dit s’écarter des priorités. D’aucuns expliquent que la non disponibilité de cette boussole gouvernementale, pourrait expliquer le cafouillage ou les contradictions notées entre ministres, le tout sur fond de rétropédalage.

Une chose et son contraire

Bien avant l’installation du régime, et même les premières semaines après la prise de fonction, l’intention de pourvoir désormais au poste de Directeur général par appel à candidatures dans des structures et offices d’Etat, a été agitée. Mais depuis, trois mois, la Rupture ou le Nouveau départ tergiverse. Les nouveaux Directeurs généraux qui officient déjà ont été tous nommés, et ce sont des soutiens du chef. D’autres le seront aussi sans doute les jours à venir.

Mieux, l’on a décidé de la fusion des postes de Drh et Drfm au profit des Daf qui seront recrutés par appel à candidatures. Jusque-la, rien. Bien au contraire, des Daf sont nommés pendant que des Drh sont au poste. (Le cas du ministère de l’Eau que nous avons dénoncé dans un article récent).

Ce qu’il faut aussi retenir est que c’est le chef de l’Etat lui-même qui a ouvert le bal du non respect de la parole donnée avec la formation de son gouvernement. Patrice Talon qui avait juré qu’il ne formera pas un gouvernement de remerciement l’a pourtant fait puisque cette première équipe mise en place est constituée de ses « lieutenants » qui ont « souffert » avec lui pendant qu’il était en exil à Paris. Mieux, ceux-là qui ont parcouru monts et vallées avec lui lors de la présidentielle de mars 2016. Doit-on rappeler qu’alors que le gouvernement lui-même a choisi de ne tenir les conseils des ministres que les mercredis de 9h à 12h, a déjà violé plusieurs fois cet engagement ?

Entre nominations et dénonciations

Aussitôt après son investiture, le Président Patrice Talon a formé un gouvernement de 21 membres. Seulement six (06) portefeuilles ministériels ont été accordés aux alliés de la Coalition de la Rupture. Trois ministères pour les partisans de Sébastien Ajavon et un poste de ministre d'Etat chacun pour la Coalition Abt de Abdoulaye Bio Tchané et la Nouvelle Conscience de Pascal Koupaki. Les amis de Talon qui font partie du premier cercle de soutiens à sa candidature à la présidentielle de 2016 dès le premier tour, se sont arrogés 16 ministères et pas des moindres. L'avocat personnel de Patrice Talon est devenu Ministre de la justice, Garde des Sceaux. Son comptable privé est devenu l'Argentier national. Le reste des portefeuilles anciens ministres du régime défunt. Certains ministres n’ont pas bonne presse. Même scénario pratiquement à la tête des offices et sociétés d’Etat. Des dénonciations tous azimuts ont suivi au sein de l’opinion.

…sur fond de menaces et de mouvements syndicaux

Beaucoup de mouvements d’humeurs et menaces ont été enregistrés durant les 100 jours de gouvernance Talon. Du ministère de l’Agriculture à celui de l’Economie et des finances en passant par les ministères du commerce, de la Culture, de la Justice et celui du Cadre de vie (pour ne citer que ceux-là), des protestations sur fond de sit-in et grèves ont fait l’actualité. Certaines nominations ou décisions du gouvernement n’ont pas reçu écho favorable au niveau des agents qui se sont fait aussitôt entendre.

Les rétropédalages, comme sport favori

S’il y a un chantier sur lequel le gouvernement de la Rupture s’est illustré durant ses 100 premiers jours, c’est bien la remise en cause systématique des décisions prises. Tout est parti d’une décision d’interdiction du commerce du bois et de ses dérivés à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le gouvernement avait alors condamné tous les ménages à l’usage du gaz domestique comme si tous les Béninois pouvaient s’en offrir. Le charbon était devenu cher et presque introuvable. La Rupture n’étant pas synonyme de faim, les bonnes dames qui s’adonnent à ce commerce, afin de joindre les deux bouts, n’ont pas tardé à investir la rue. Le même jour, le Conseil des ministres s’est hâté de rapporter la décision pour ce qui est de l’interdiction de l’usage du bois et de ses dérivés à l’interne. Première reculade.

La deuxième décision, c’est celle relative à la levée des barrières de sécurité sur les axes routiers. Une décision prise toujours en Conseil des ministres. Quelques jours après, le même gouvernement a opéré une volte-face spectaculaire. Principale raison évoquée, la recrudescence des actes de banditisme, consécutive à ladite décision. Est-il besoin de rappeler que les ministres du Cadre de vie et de la Santé sont revenus sur des nominations contestées chez les forestiers et les agents du ministère de la santé ? Le désir de se démarquer coûte que coûte de la gouvernance Yayi a mené les dirigeants actuels à entamer une vague de suspension mais très tôt, face au tollé général, ils se sont ravisés. C’est ainsi que le gouvernement par le biais de son ministre d’Etat chargé du développement Abdoulaye Bio Tchané avait annoncé la suspension de la gratuité de la césarienne. Et très tôt, la directrice générale de l’Agence nationale de la gratuité de la césarienne a été commise pour apporter un démenti. Il en est de même de la décision de retrait des gardes du corps policiers et gendarmes pour les remplacer par les militaires. Face à la résistance des députés, le gouvernement a tôt fait de revoir sa copie. Le ministre de l’Intérieur Sacca Lafia avait annoncé la reprise dans une période de trente jours de la répression en ce qui concerne l’immatriculation des motos. Mais quelques jours après, il s’est ravisé. Même dans le langage, le Chef de l’Etat s’est illustré sur ce terrain. Le Bénin, « désert de compétences » devant le président français François Hollande, est subitement redevenu « mer de compétences » au Palais des congrès, au détour d’une pièce de théâtre.
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