La ligne directrice du régime du Nouveau Départ est la rupture. Le président Patrice Talon et son équipe sont décidés à rompre avec ce qu’ils jugent digne d’être abandonné dans les pratiques de gouvernance. La communication n’a pas échappé à ce mode de gouvernance. Ainsi, l’on assiste à la promotion d’un nouveau concept : la "normo-communication" qui tranche avec l’hyper-communication à laquelle les populations ont été habituées de 2006 à 2016 sous les deux régimes Yayi.
Abreuvées pendant 10 ans à la source de l’hyper-communication, les populations béninoises se retrouvent, depuis avril 2016, avec un nouveau style de gestion de l’information sur les activités présidentielles, voire gouvernementales qui donne l’impression du désert communicationnel. Ce style est caractérisé par la non-disponibilité de l’information sur les activités du chef de l’Etat et fait craindre la dictature de dame rumeur.
Les citoyens qui réagissent déjà sur les chaînes de radio ne semblent pas apprécier cette façon de faire. Mieux, ils se plaignent de cette absence de visibilité sur les sorties du chef de l’Etat. Ce qui marque le plus, c’est qu’aucune chaîne de télévision, ni aucun organe de presse ne parvient à relayer officiellement l’information relative aux voyages du président de la République. La preuve, c’est que depuis quelques jours, le chef de l’Etat n’est pas au pays. Il est hors du territoire et est annoncé en France. En lieu et place des médias traditionnels qui diffusaient par le passé au moins des communiqués du secrétariat général du gouvernement ou du ministère des Affaires étrangères annonçant les voyages présidentiels, ce sont plutôt les réseaux sociaux qui ont porté cette nouvelle. Or, qui dit réseaux sociaux dit parfois rumeurs. Et Dieu seul sait ce que valent les rumeurs. Mais dans ce cas, elles n’ont pas menti. Elles ont été véridiques, pourrait-on dire en termes simples. Du coup, les rumeurs deviennent sérieuses et pourraient désormais mériter un meilleur statut. Il en serait de même avec les réseaux sociaux sur lesquels elles circulent.
Le danger de la "normo-communication", c’est l’érection des rumeurs au rang de l’information. Même s’il est vrai, juste et bon de déplorer l’hyper-présence de son prédécesseur dans les médias, le nouveau chef de l’Etat béninois ne doit pas tomber dans l’excès du contraire.
Selon Pamphile Bodjrènou, agent d’une structure de microfinance, cette caution dont les réseaux sociaux sont en train de bénéficier depuis le 6 avril dernier, n’arrange pas le pays. Au lieu de l’absence totale d’informations sur les mouvements et activités du président, il suggère que la "normo-communication" soit un équilibre entre "l’hyper-communication" et "l’hypo-communication" pour bien porter son nom. Car, à cette allure, on pourrait apprendre un jour, sur les réseaux sociaux, des informations graves et non fondées sur le chef de l’Etat qu’on n’hésiterait pas à prendre au sérieux !