Où en sommes-nous dans la fumante affaire « Béni-rail » opposant le Groupe français Vincent Bolloré au Groupe Pétrolin du Béninois Samuel Dossou-Awourêt ? Selon le ministre des Infrastructures et des Transports, Hervé Hêhomey sur Canal 3 télévision, il y a eu du nouveau dans ce dossier pendant devant les juridictions. De Cotonou à Paris désormais, les autorités en place devront défendre cet héritage du gouvernement défunt pour que la réalisation du chemin de fer entre le Bénin et le Niger soit une réalité. Lire l’éclairage du ministre sur le sujet.
Où en est-on aujourd’hui avec Béni-rail ?
Le réseau ferroviaire chez nous est en difficulté parce que nous avons commis des erreurs par le passé. Si je dis nous, c’est pour rester solidaire avec les précédents gouvernements. Je n’ai pas l’obligation. Je préfère rester solidaire parce que je suis celui-là aujourd’hui qui défend le dossier Béni-rail devant les tribunaux. Il y a eu beaucoup d’erreurs dans ce dossier. Déjà en 2005, il y a un accord de partenariat entre les Etats du Bénin, du Togo, du Niger et du Burkina-Faso avec une société qu’on appelle « Geftarail » pour créer une société Africarail qui doit gérer le réseau ferroviaire dans ces Etats là. Cet accord est signé entre les quatre Etats, et le partenaire français Geftarail. Mais par la suite, le précédent gouvernement de Boni Yayi, a signé d’autres partenariats, d’abord ça a commencé avec le Groupe Pétrolin ; une convention a été signée. Cette convention n’est pas mise en œuvre et ce même gouvernement se permet de signer une convention avec Bolloré. Pétrolin assigne Bolloré. Les décisions du Tribunal et de la Cour d’appel en la matière sont celles qu’elles sont, je ne voudrais pas revenir là-dessus. Le résultat est que Béni-rail qui est la société du Groupe Bolloré est bloqué aujourd’hui. On ne peut pas faire les travaux nécessaires à l’exploitation du réseau ferroviaire. Tout récemment, et là ça date du mois de mai, la société Geftarail avec laquelle les précédents gouvernements avaient signé une convention, cette société nous assigne au Tribunal de Paris parce que la convention signée avec Geftarail ne nous permettait pas de signer encore une convention avec Pétrolin et puis par la suite avec Bolloré, donc on est vraiment dans une situation de difficulté judiciaire. Et là maintenant j’aurai le redoutable privilège d’aller défendre ce dossier à Paris et de régler également la situation entre Bolloré et Pétrolin ici à Cotonou.
Comment le régime va s’y prendre ?
Nous avons de bons experts juristes, vous le savez bien. Nous allons nous entourer des compétences qu’il faut. Moi, en tant que ministre chargé des Transports, je serai chef de file. Mais il y aura une bactérie de juristes de haut niveau.
Vous ne nous donnez rien de concret là, est-ce à dire que le dossier n’a pas été ouvert depuis ? Est-ce que c’est déjà en discussion au niveau du gouvernement ?
Les décisions de justice c’est au tribunal… Nous avons commencé le réexamen des conventions avec Bolloré et Pétrolin. Ces dossiers sont en réexamen. Aujourd’hui le Groupe Bolloré était à Cotonou il y a de cela deux semaines. On a échangé, on a envoyé de signaux clairs sur ce dossier. Nos juristes sont en train de travailler actuellement. Et parallèlement nous allons répondre à l’assignation au tribunal de Paris. Donc nous travaillons sur ce dossier, ça fait partie même des dossiers prioritaires parce que nous comptons beaucoup sur le rail pour régler les problèmes de transports. Le rail fait partie de notre stratégie, et si nous sommes bloqués sur le rail, nous pourrions avoir des difficultés à mettre en œuvre un certain nombre de stratégies. Donc il est impérieux pour nous de régler le problème du rail. Nous sommes aussi en discussion avec le Groupe Pétrolin… Le chef de l’Etat est personnellement impliqué dans ce dossier. Il tient à ce que tout se passe bien et que les intérêts des uns et des autres soient sauvegardés, surtout les intérêts des partenaires nationaux.
Au-delà des discussions que vous avez eues avec le Groupe Pétrolin et Bolloré, est-ce qu’on peut dire que la réhabilitation ou la relance des rails est pour très bientôt ?
C’est une question à laquelle on peut répondre efficacement lorsqu’on aura la décision de justice. Nous sommes suspendus à la Cour… Nous allons souhaiter que la justice accélère le dossier et que dès que nous sortons du domaine de la justice, le reste l’Etat prendra ses responsabilités.
Extrait transcrit par : Jacques BOCO