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Suites aux dernières pluies: Des moustiques sauvages terrifient les populations d’Adounko
Publié le jeudi 21 juillet 2016  |  La Nation
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© AFP par MARVIN RECINOS
Le virus du Zika se transmet par les moustiques du types Aedes






Des moustiques ravageurs perturbent les populations d’Adounko. Localité située à 25 km environ de Cotonou, cette zone marécageuse subit les affres qu’imposent les anophèles apparues après les dernières pluies.

Les populations d’Adounko sont en état d’alerte. Une invasion d’essaims de moustiques ravageurs nés des dernières crues a envahi la zone, semant ainsi la panique dans les rangs des populations. La situation qui dure depuis environ un mois, contraint les habitants à rester quasiment sur place, créant une paralysie de leurs diverses activités. Depuis leur invasion, Adounko est sous la panique et le choc. Les piqûres de ces moustiques tuent les bêtes pratiquement tous les jours et créent une épidémie de paludisme dans la zone. En l’espace de cinq jours, près d’une dizaine de bêtes ont été tuées par ces moustiques. Pour le moment, les riverains, craignant d’être piqués, ne peuvent plus vaquer à leurs occupations quotidiennes.

Pour trier le mil, mercredi 20 juillet, Christine Ayosso, avait allumé autour d’elle un produit afin d’éloigner les moustiques. Elle tenait en main un pagne avec lequel elle chassait, par de forts gestes répétés, les bestioles qui l’empêchaient de travailler.
Si Christine Ayosso et d’autres riverains ont opté pour cette solution, ceux qui ne disposent pas d’assez de ressources à injecter dans l’achat des mosquitos, se servent de feuilles de paille ou de quinine, qu’ils brûlent en plein jour pour se prémunir de ces moustiques leur empoisonnant sérieusement la vie. Malheureusement, ils peinent à constater la moindre régression de ces anophèles qui résistent aux insecticides.
« Quand nous sommes sur les lieux de cultes et de prières ou au marché, nous devons allumer des feux autour de nous ou, à défaut, des mosquitos. Nos enfants n’arrivent plus à fréquenter les écoles du fait de la situation », souligne Odon Favidé Quenum, conducteur de taxi moto. Et aux riverains d’enchaîner en chœur: « Il est impossible pour nous de faire le ménage, d’aller à la scelle, de prendre notre bain, sans que les moustiques ne nous envahissent. Même lorsque nous cuisinons nos repas, nous les consommons avec des moustiques. Nos enfants sont coupés de tous loisirs ». Apparemment exaspérés par la situation, ils ne cessent de crier leur ras-le-bol et d’appeler au secours le ministère de la Santé et les personnes de bonnes volontés.
Avec la prolifération des larves, le jour s’apparente à la nuit, car les populations sont contraintes de s’enfermer tôt dans leurs chambres pour amoindrir les peines. Mais là n’est pas la solution. Les déjeuners et dîners se prennent désormais sous la moustiquaire, au risque de se faire tuer par les moustiques, commente Immaculée Favidé, vendeuse de bouillie. « Pour faire la sieste et dormir les nuits, nous sommes obligés de nous mettre sous la moustiquaire et d’allumer plusieurs mosquitos. Malgré ces solutions, nous n’arrivons pas à dormir », renchérit Antoinette Favidé. Ces deux femmes expliquent qu’à partir de 17h jusqu’au petit matin, la zone est très difficile d’accès, du fait de l’invasion de ces moustiques. Du coup, les habitants s’empressent de rentrer chez eux relativement tôt, afin de se mettre vite en chambre. « Si vous venez ici à 18h, le village a tout l’air d’un cimetière. Et si vous devez être surpris par la nuit, vous ne pouvez pas circuler sans des branchages à mains », déplorent-elles.

Piqûres douloureuses et maladies

Ce sont des moustiques de petites tailles et agressifs à la vue. Mais leurs piqûres sont plus douloureuses que celles des moustiques de grandes tailles.Vecteur de maladies parasitaires, ces anophèles piquent dans les habitations et leurs alentours et partout où se forment des plans d’eau pour leur reproduction.
«Ils rentrent dans nos bouches, nos narines, nos oreilles et nos yeux et nous créent de vives douleurs», raconte Antoinette Favidé, sur la défensive. «Je n’ai pas eu le courage d’arroser mes plantations de tomates depuis le matin, parce que sachant déjà le danger qui me guette dans mon champ », précise-t-elle. «C’est de la même manière qu’ils assaillent nos bêtes et les tuent en série tous les jours», enfonce Odon
Favidé Quenum. Les riverains se plaignent de ne pas connaître la provenance exacte de ces anophèles. «C’est pour la première fois dans l’histoire d’Adounko que nous connaissons ce cas», lancent-ils.
Or, en réalité, les flaques d’eaux et les eaux stagnantes de la décrue, ajoutées à la température humide de la zone, offrent un environnement propice au développement des larves. Le non ‘’désherbage’’ est, par ailleurs, une situation qui contribue à leur prolifération. La localité a atteint un niveau de pollution très avancé, ce qui pourvoit également à la propagation des moustiques sauvages.

Aucune solution à ce jour

A en croire Aurélien Zinsou, conseiller d’Adounko-Daho, la zone a connu le même phénomène, il y a près de quatre décennies. Les populations sont donc très loin d’imaginer une telle souffrance à cette époque. Selon lui, la dernière saison pluvieuse a fait éclore des multitudes d’œufs favorisant la multiplication des anophèles. Lesquelles anophèles ont pondu le long de la berge lagunaire et de ses affluents. Il souligne qu’il n’y a pas encore eu de solutions depuis leur invasion à ce jour. « Nous avons porté l’information au niveau des autorités locales, notamment le chef d’arrondissement et quelques personnes qui devraient se charger de la transmettre aux deux maires relevant de la localité, celui d’Abomey-Calavi, Georges Bada et de Ouidah, Sévérin Adjovi. Malheureusement, nous n’avons enregistré aucune action de la part des autorités à ce jour», déplore-t-il. En attendant les actions d’envergure, les populations sont sous la hantise de ces anophèles, craignant surtout pour la santé des enfants et des personnes ressources. Il y a trois jours, raconte-t-il, «un garçon a été gravement atteint par le paludisme du fait de la piqûre des anophèles. Nous l’avons transporté d’urgence à l’hôpital où il a subi d’intenses soins avant de se retrouver». Si ce garçon a survécu, il explique cependant que la zone enregistre de manière itérative des cas de décès, ces derniers temps et on ne sait à quoi les lier.
Aux centres de santé de la localité, les agents renseignent sur la fréquence des cas de maladie, en l’occurrence le paludisme. «Hormis les enfants de 0 à 10 ans, nous enregistrons de plus en plus, les gestantes dont le taux de paludisme est criard», argumente Félicité Fadé, aide-soignante à la maternité d’Adounko-Kpèvi. Sa consœur du centre médico-social Ste Philomène de Cococodji, Prisca Agbognonon, n’en dira pas moins, soulignant au passage que la seule arme dont ils disposent présentement est la sensibilisation en ce qui concerne les cas de prévention.
«Nous prenons constamment des cachets de médicaments antipaludéens pour ne pas tomber malade. Ma famille fait régulièrement le traitement du paludisme pour éviter le pire », développe Chimène Solété, une riveraine.

Localité mal lotie

Outre l’invasion des moustiques, Adounko est mal lotie et connaît un triste sort en matière d’enclavement. Privée d’électricité, d’eau potable, de voies d’accès de centre de santé et d’école dignes du nom, cette zone côtière voisine de Togbin et Avlélékété, subit dangereusement les dégâts de l’inondation et de la pollution. Elle est subdivisée en deux ailes : Adounko Daho et Adounko-Kpèvi. C’est une zone marécageuse qui doit son appartenance géographique à la fois aux communes d’Abomey-Calavi et de Ouidah. Une situation qui crée des divergences dans le rang des élus des deux zones et met à mal son développement, regrette le conseiller d’Adounko Daho, Aurélien Zinsou. La délimitation de la zone ne faisant pas partie des urgences du moment, les autorités à divers niveaux, en l’occurrence le ministre de la Santé, les Ong et les élus locaux doivent envisager dans les brefs délais, des actions urgentes pour une riposte efficace et durable contre ces moustiques sauvages qui créent la psychose à Adounko ?

Maryse ASSOGBADJO
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