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Trois ans de gestion du Médiateur de la République : des progrès significatifs enregistrés, des perspectives
Publié le jeudi 21 juillet 2016  |  La Nouvelle Expression




(Entretien exclusif avec Joseph Gnonlonfoun)

Cela fait déjà trois ans que Joseph Gnonlonfoun est nommé Médiateur de la République. Durant ces années de gestion, il a impulsé une nouvelle dynamique à l’institution, dynamique qui a permis d’enregistrer des progrès significatifs. Dans un entretien qu’il a accordé à votre journal, le médiateur de la République lève un coin de voile sur les actions entreprises jusque-là et les perspectives.

Nouvelle Expression : Trois ans après votre nomination comme Médiateur de la République, comment appréciez-vous les recours et les sollicitations des citoyens ?

Joseph Gnonlonfoun : Si le Médiateur de la République n’avait pas été institué, il manquerait à la marche de notre processus démocratique, car toutes les fois que nous organisons des audiences foraines, ou des sessions dans les communes ou arrondissements, nous nous rendons compte que le citoyen a besoin d’un cadre permanent de recours pour exprimer ses attentes, pour faire connaître ses préoccupations vis-à-vis de l’administration, en dehors du politique qu’il estime parfois trop éloigné de ses problèmes ou du juge dont les sentences lui semblent longues à intervenir.

Par conséquent, les recours, les requêtes et les sollicitations des citoyens sont permanents et les bienvenus, d’autant qu’ils butent très souvent sur des tracasseries et procédures paralysantes de nos administrations qui ont besoin d’un nettoyage, d’une cure de jouvence et de modernité en ces temps d’internet où les « papiers » devraient faire ou commencer à faire place au numérique ou aux technologies de communication et de documentation.

Ces recours donnent généralement lieu à des requêtes que vous adressez aux pouvoirs publics. Comment ceux-ci réagissent-ils ? Y aurait-il une évolution dans vos relations ?

L’épineux et grave problème que rencontre le Médiateur de la République, c’est la passivité de nos administrations face à nos courriers, ou l’absence de réponses à nos correspondances. Certains services publics échappent cependant à ce désintérêt face à nos courriers. Le Médiateur de la République donne l’impression aux uns et aux autres d’être « un empêcheur de tourner en rond ». Pourtant, c’est une autorité dont la mission est de « donner un coup de main » à nos administrations pour appuyer ou augmenter leur efficacité et leur performance ou consolider leur fonctionnement.

N’étant pas juge, il ne peut porter aucun jugement de valeur sur ce que les pouvoirs publics réalisent. Le Médiateur de la République, d’ailleurs, n’officie qu’à titre gracieux et en équité.

En dehors de l’antenne de Parakou, qu’est-ce que vous entrevoyez de faire pour assurer la présence de votre institution dans les autres villes et départements du Bénin ?

Le Médiateur de la République a désormais, en dehors de son antenne de Parakou, celles de Natitingou et de Lokossa. Dès que les autorités du Zou seraient prêtes, nous en créerons à Abomey. Mais le problème que nous rencontrons pour rendre opérationnelles ces antennes est surtout dans le domaine des équipements. Le ministère des Finances est saisi. Avec le nouveau gouvernement, nous multiplierons nos démarches à cette fin, car nos concitoyens ont besoin de l’institution.

Quelles sont, à ce jour, les démarches entreprises par votre institution pour être érigée au rang d’institution constitutionnelle ?

Les demandes sont nombreuses et anciennes. Ce que je sais, c’est que le régime actuel ne s’est pas montré foncièrement opposé à la constitutionnalisation du Médiateur de la République. En tout cas, je n’ai pas senti une opposition au sommet, même pas au niveau intermédiaire.

Les études faites hier et aujourd’hui, par différents comités ou commissions dans le cadre d’une relecture de la constitution, ont proposé que l’institution se retrouve dans notre loi fondamentale.

Par ailleurs, il convient d’éviter la situation qui a été celle de l’inexistence d’une Cour des Comptes, et qui amène certains de nos partenaires à nous pénaliser.

Il est bon de savoir que dans le cadre de l’UEMOA, des pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Togo… ont constitutionnalisé leur Médiateur de la République. Au-delà de nos frontières, l’Association des Ombudsmans et Médiateurs de la Francophonie nous exhorte à le faire. Il en est de même de l’association des Médiateurs et ombudsmans africains dans le cadre de l’Union africaine.

Le Président de la Commission mise en place par le président de la République ne m’a pas donné l’impression d’être en opposition à nos démarches. J’ai mis au courant le chef de l’Etat lui-même, à qui j’ai souligné la nécessité d’une telle réforme qui grandit notre Etat.

Au total, quel regard les Béninois portent-ils aujourd’hui sur le Médiateur de la République ? Une institution utile ou une institution de plus ?

Beaucoup de Béninois, toutes les fois que nous arrivons à sortir du cadre de Porto-Novo pour aller vers eux-car souvent les moyens nous manquent pour le faire régulièrement-, voient la nécessité de l’institution.

Cela est d’autant plus patent que sa saisine est simple et sans formalisme outrancier.

Certes, il faut un écrit. Mais nous avons mis en place des facilités. Ainsi, les formulaires existent avec des questionnaires. Ces fiches peuvent être remplies à la demande de toute personne en conflit avec l’administration, à charge de les signer ou d’opposer leur empreinte digitale.

Le Médiateur de la République est tenu d’informer le requérant au fur et à mesure du déroulement de la procédure et se doit au cas où, à son niveau, il est incompétent, de suggérer au requérant une autre possibilité de voie de recours.

Il y a certes des citoyens qui n’en voient pas l’utilité. Mais nous continuons nos actions de plaidoyer et de lobbying.

C’est ainsi que nous disons à ces concitoyens incrédules que depuis la création de l’institution, 3300 recours ont été reçus et traités, et chaque année, entre 250 et 300 recours sont étudiés.

Enfin, le Médiateur de la République ou l’Ombudsman, ou le Protecteur du citoyen, ou l’avocat du peuple, il en existe dans plus de 120 pays, sous différentes dénominations.

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