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Renforcement des lois du Nigeria sur le travail : Une opportunité pour le Bénin d’attirer des multinationales
Publié le jeudi 28 juillet 2016  |  Matin libre
Patrice
© aCotonou.com par DR
Patrice Talon, president du Benin et Muhammadu Buhari, president du Nigeria




Le leader de la majorité parlementaire nigériane, Femi Gbadjabiamila a introduit à la chambre basse du parlement du Nigeria, une proposition de loi visant à sécuriser l’emploi des nigérians. En effet, en deuxième lecture, le texte a été adopté pour limiter le recrutement de personnels étrangers par les entreprises et organisations travaillant au Nigeria. La proposition de loi, un amendement à la loi sur l'immigration, 2015, a accru la sanction en cas de sa violation de 1 à 2 millions de nairas. En outre, il prévoit que les étrangers seraient considérés pour un emploi seulement quand il a été prouvé qu'aucun Nigérian ne possédait les qualifications requises pour le poste. En Octobre de l'année dernière, la Chambre avait également adopté une résolution exhortant le gouvernement à déclarer "l'état d'urgence" sur le marché du travail dans le pays.

Le contenu du texte législatif

En défendant la dernière version du texte, le Député Gbajabiamila a dit qu'il participait d’une volonté d’une démarche supplémentaire du législateur pour trouver des solutions au chômage. Il a donné des précisions sur les dispositions du projet de loi. Par conséquent, l’article 36 est modifié essentiellement pour restreindre davantage et réglementer l'emploi des nationaux et des étrangers et de prévoir des peines plus sévères pour les contrevenants aux dispositions de la Loi. Il a décrit les nouvelles dispositions. L'article 36 prévoit la résidence et l'emploi des ressortissants étrangers au Nigeria.

Article 36 (Sous-Section 1).

« Nul autre qu'un citoyen du Nigeria ne doit accepter un emploi (sauf emploi avec le gouvernement fédéral, l'état et les collectivités locales) sans le consentement écrit du contrôleur général de l'immigration, ou pour son propre compte ou en partenariat avec une autre personne, exercer une profession ou d'établir ou de reprendre une activité commerciale ou une entreprise que ce soit pour la création ou la direction de toute société à responsabilité limitée à ces fins sans le consentement écrit donné par toutes personnes que le ministre (en charge de l’immigration, ndlr) peut désigner. »

Article 36 (Sous-Section 2).

« Toute personne désireuse d'entrer au Nigeria pour l'une des fins de la sous-section (1) du présent article, doit produire le consentement du contrôleur général de l'immigration à un agent d'immigration; et l'incapacité de le faire est une infraction, et toute personne qui commet une telle infraction est passible d'une amende de N1m ou la déportation ou les deux à la fois comme un immigrant illégal ».

La « Sous-section 2 » ci-dessus est modifiée afin de veiller à ce que tous les ressortissants étrangers qui cherchent un emploi au Nigeria l’entreprennent selon la procédure prescrite par le contrôleur général de l'immigration pour se conformer aux dispositions de l'article 40 de la Loi.

« L'article 38 » est également modifié par la suppression des sous-sections existantes 3, 4, 5 et 6 et la création de nouvelles sous-sections 3, 4, 5 et 6, qui prévoient qu’avant qu’un ressortissant étranger soit employé, il doit être constaté qu'aucun nigérian n’est qualifié et disponible pour prendre le poste.

Femi Gbadjabiamila de continuer en disant que "Ceci est en ligne avec la motion sur le chômage votée demandant au gouvernement fédéral de déclarer l'état d'urgence. Bien que, rappelle-t-il, il est réservé au Contrôleur Général le droit d'exempter toute personne de cette disposition mais que ce droit doit être exercé dans l'intérêt du Nigeria.

Les conséquences d’une telle loi

Le Nigeria, plus grand marché d’Afrique subsaharienne attire et abrite même déjà de nombreuses multinationales. La capacité de ces organisations à rester multiculturelles et à faire appel à des expériences provenant de plusieurs régions du monde sera limitée par une législation pareille. En effet, dans sa volonté de protéger le marché, elle ouvre une ère où les multinationales auront un terrain de choix limité aux seuls nationaux nigérians et ne pourront faire appel à des compétences étrangères dans des conditions draconiennes.
Saluée par les internautes nigérians qui pointent du doigt, les entreprises asiatiques notamment chinoises et indiennes, entre autres, cette loi représentera, dès sa mise en application, un casse-tête particulier pour ces entreprises qui maintiennent généralement un management expatrié, notamment chinois ou indien, en raison des proximités culturelles et des difficultés de la langue. Dans le cadre du renouvellement des titres de séjour de plusieurs expatriés travaillant au Nigeria, la mise en œuvre de la nouvelle mesure entrainera surement un nombre de rejet élevé auxquelles les organisations devront faire face.

Les opportunités pour le Bénin

Dans un contexte d’environnement restrictif pour des multinationales jalouses dans le contrôle du management, le Bénin à 80 kms de Lagos, avec l’autoroute Ibadan-Lagos est un pôle d’attractivité qui s’ignore. En effet, le Bénin pourrait démarcher les multinationales pour leur servir de zone franche, d’où il pourrait gérer les unités de production basées au Nigeria. Le dispositif pourrait leur permettre à partir d’une enclave juridique au Bénin, installer la partie administrative de leur entreprise en gardant la structure de leurs ressources humaines sans avoir à faire face à des lois contraignantes.

Cette opportunité si elle est bien gérée apportera à notre pays, des flux financiers, des ressources fiscales, de l’emploi, une activation des sociétés de services destinées à fournir aux multinationales des prestations. En outre, elle donnera l’occasion à des béninois de prendre part à l’activité de grandes entreprises mondiales ayant une pratique avérée dans des domaines spécifiques. Le Président Patrice Talon et son Ministre en charge du Commerce, doivent prendre la mesure de cette opportunité en confiant la réflexion à un comité d’experts bien sélectionnés.

Cette opportunité basée sur la proximité géographique, s’adresse non seulement au Bénin mais aussi à la République togolaise dont les infrastructures, l’environnement juridique et la célérité au sommet de l’Etat, représentent déjà de nombreux avantages en vue d’attirer plutôt vers Lomé. Des pôles comme Genève, Dubaï, Maurice ou plus récemment Casablanca ont fait de l’attraction des multinationales, leur stratégie. A leur fortune, on peut suggérer des pistes pareilles à nos dirigeants.

Worou BORO
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