C’était une évidence. Les Béninois ne devraient pas s’attendre à un discours fleuve et confus. Le style Talon en est terriblement hostile. A défaut de laisser parler des actes, comme il l’a toujours souhaité, il s’est voulu concis et précis, quand il s’est vu dans l’obligation constitutionnelle et républicaine de s’adresser à son peuple, à l’occasion de 56ème anniversaire de l’accession du Bénin à l’indépendance. Une première pour cet homme d’Etat tellement réticulé et mesuré dans ses faits et gestes, que ce premier exercice solennel est pour le moins, un passage réussi. Un discours tout aussi méthodique que scientifique. Sans s’évader dans de considérations superflues, où tout début de discours s’attarde sur des hommages et de longues révérences à d’illustres personnalités du pays, Patrice Talon est allé à l’essentiel. Ce qui importe aujourd’hui de savoir sur l’état de la nation, après 56 ans d’indépendance. Les maux dont souffre le pays , les grandes orientations du développement qu’il entend impulser au cours des cinq prochaines années. 56 ans d’indépendance équivalant 56 ans de liberté. Talon s’en contente peu, estimant que la liberté n’est pas une fin en soi, mais un moyen de développement. Le Bénin en 56 ans, selon lui, n’a pas beaucoup avancé sur le chemin du développement économique et social. « Notre pays n’a pas réussi à rattraper le train du développement et semble être resté sur le quai. », a –t-il regretté, ajoutant aussi que : « La liberté dans la pauvreté n’est qu’un leurre. » Mais l’espoir n’est pas perdu, selon le Chef de l’Etat. « L’indépendance économique et sociale, sinon la liberté de se développer, demeure encore à la portée du peuple béninois et il faut la conquérir. Il est temps d’entamer résolument la lutte contre la pauvreté et le sous-développement car la liberté dans la pauvreté n’est qu’un leurre », a également laissé entendre le président de la République.
Défi majeur à relever aujourd’hui : une nouvelle dynamique économique et sociale, gage du progrès et du développement. Il en appelle à cet effet à la responsabilité du peuple béninois, qui doit décider et de prendre la mesure des choses, de faire des choix pertinents qui tiennent compte de nos potentialités, de nos talents et compétences ainsi que des ressources disponibles pour aller résolument à la conquête du développement. « C’est notre défi commun, et c’est mon défi personnel. », a dit le président Talon.
Il se veut également réformateur : « Je pense qu’il nous faut impérativement réformer notre modèle politique tel qu’il est issu de l’historique conférence nationale de février 1990 par le rétablissement d’un équilibre constructif entre les institutions constitutionnelles, le renforcement de l’indépendance de la justice, la lutte contre l’impunité, la réforme de notre système partisan et la stabilité du code électoral. » Et de conclure plus loin : « J’ai la conviction que notre pays se trouve à nouveau à un tournant décisif de son histoire et à l’instar de nos aînés, nous devons faire face à nos responsabilités. Ensemble, il nous sera possible de relever très vite le défi de la modernisation politique de notre pays afin de l’engager durablement sur la voie du développement économique et social, gage de paix et de stabilité. »
Christian TCHANOU