Dans le cadre de la commémoration du 56e anniversaire de l’accession du Bénin à son indépendance, le Chef de l’Etat, à bâtons rompus sur la chaîne nationale, avec journalistes (triés sur le volet), acteurs de la société civile, opérateurs économiques et étudiants, est revenu sur certaines questions essentielles touchant à la vie de la République qu’il dirige depuis quatre mois. Communication gouvernementale décriée, réformes politiques et institutionnelles, injection massive de deniers publics dans le coton dès la première semaine de sa gouvernance, ont constitué entre autres le menu principal de cet échange.
Quand rien ne va et que les populations voient les politiciens se livrer une bataille de chiffres, illisibles et parfois opaques, elles se perdent sur l’essentiel vital. D’où l’importance d’une communication gouvernementale, fut-elle « normo-rupturienne », plus rationnelle pour limiter l’intoxication et la sous-information des Béninois. « Je reconnais volontiers que passer de tout à rien du tout, peut-être un peu gênant pour le concitoyen », confesse le Prédent de la République. Il préconise de bonnes mesures pour informer régulièrement les populations de ce qui se fait. Il promet rendre public dans un délai de trois semaines au plus tard, dans un détail consolidé, ce qui est fait par son gouvernement jusque-là ainsi que ce qui attend de l’être pour le reste du quinquennat.
Talon à l’aise, mais pas confortable
En tenant compte de la forme qu’exige la fonction présidentielle, le Chef de l’Etat Patrice Talon estime qu’elle ne lui est pas confortable. Il se dit discret, effacé, réfractaire au spectacle. Néanmoins, il est prétend être bien à son aise dans ce défi. Car pour lui, la seule motivation qui vaille, c’est de réussir à faire de grandes réalisations pendant les cinq ans à venir. Ainsi pourra-t-il montrer et démontrer que quand on a appris à gérer avec compétence et avec succès, on peut le faire au-delà du simple périmètre de l’entreprenariat privé. Bref, le président avoue adapter sa nature aux exigences de ses nouvelles fonctions.
Remous et frustrations des alliés politiques
A ce sujet le Président Talon répond sans gêne, que c’est son programme de gouvernance qui est exécuté. Il explique que le ministre d’Etat Koupaki I Irénée Pascal assure la fonction de SG de la présidence. Dans ce rôle, renchérit le président de la République, il n’y a pas plus opérationnel que lui. 《Dans l’AOF de la présidence, c’est lui qui organise l’action du gouvernement à mes côtés dans tous les secteurs d’activité》 confie Patrice Talon.
Quant au ministre d’Etat, chargé du développement, le président de la République dit de lui qu’il est le plus concerné dans l’ensemble des actions du gouvernement. Il est une cheville ouvrière dans la cohérence et dans la conduite des diverses activités sectorielles pour des résultats communs à en croire Patrice Talon. Par ailleurs, le Chef de l’Etat clarifie que la présidence pilote tous les ministères. Il rectifie que ce ne sont pas uniquement ceux dévolus à son allié Sébastien Ajavon qui sont pilotés depuis la présidence.
5 ans…
Pour le président Patrice Talon, la quête d’un second mandat est un facteur de mauvaise gouvernance. A ceux qui lui opposent le bilan comme pouvant déterminer l’octroi ou non d’un second mandat à un Chef de l’Etat, il rétorque que c’est plutôt la façon dont celui-ci tient les grands électeurs, les pôles de décision et autres manettes du pouvoir politique et économique qui lui balise la voie pour un second mandat. D’où toute sa préoccupation de réussir cette réforme du mandat unique. Là-dessus, il compte recueillir d’abord l’avis du peuple avant de la soumettre à celui de l’Assemblée nationale. Il estime que c’est sa façon à lui de ne pas faire de l’avis populaire une simple formalité. Toutes choses qui prouvent que cette réforme du mandat n’est pas qu’un simple caprice présidentiel. Il promet que quel qu’il puisse être le résultat de cette réforme du mandat unique, il ne fera qu’un quinquennat. Car il se dit convaincu que c’est le bon choix pour le Bénin. Et par finir, il entend prouver qu’en cinq ans, on peut faire le job pleinement et faire beaucoup de choses, imprimer un impressionnant élan de développement à la Nation et éviter la suspicion de ses concitoyens.
Le coton…conflits d’intérêts
Le président de la République a avoué sans détours que la filière Coton a été ses dernières années, prise entre les tenailles du bras-de-fer entre lui et son ami et prédécesseur. Jamais le trésor public n’a été aussi éprouvé qu’il ne l’a été ces trois dernières années se désole Patrice Talon. Dans cette fourchette de temps, plus de 100 milliards de francs cfa ont été injectés par des investissements directs et massifs.
Et ça fait bientôt quarante ans que ça dure rappelle le président de la République. Dorénavant, le trésor public ne financera plus le coton et cette filière générera même des taxes pour l’économie nationale, promet-il.Sur ce, il estime ne pas s’être servi en réparant les dégâts de son conflit d’intérêt avec son ami, mais d’avoir agi dans l’intérêt de la filière et de ses acteurs.
Gérard AKPOTIOU