Le président Patrice Talon a effectué mardi 2 août, une visite de courtoisie, de fraternité et de travail à Abuja. Avec son homologue nigérian Muhammadu Buhari, d’importants sujets bilatéraux ont été abordés avec une priorité toute particulière pour les questions économiques.
Pour diverses raisons inhérentes aux calendriers des présidents Muhammadu Buhari et Patrice Talon, ce dernier n’a pu honorer la tradition de ses prédécesseurs qui, une fois investis dans leurs fonctions, visitaient ce pays en premier pour des questions souvent d’ordre économiques. Mais en dépit de cette contrainte, les deux chefs d’Etat du Bénin et du Nigeria ont déjà eu des échanges dans d’autres cadres avant la rencontre du mardi 2 août qui leur a laissé la possibilité d’évoquer des sujets importants pour leurs pays respectifs. «Les questions de sécurité préoccupent beaucoup la sous-région. Le Bénin et le Nigeria sont dans une zone d’insécurité», notamment avec la menace de Boko Haram qui est une «réalité inquiétante», a confié le président Patrice Talon, de retour à Cotonou. Sur le sujet, les deux hommes ont eu des échanges et ont aussi abordé «les points de convergence et de renforcement de la lutte contre le terrorisme». Le président de la République loue par ailleurs les efforts engagés pour venir à bout de cette menace.
Patrice Talon était beaucoup plus attendu sur les questions économiques qui, d’ailleurs ont occupé une place de choix dans les discussions entre son homologue et lui. «Sur ce plan je dois avouer que la situation internationale et la situation du Nigeria par rapport à l’effondrement du prix du pétrole causent quelques déconvenues à nos populations en terme de pouvoir d’achat et d’échange de produits en provenance du Bénin», admet le chef de l’Etat. «Il faut fouetter les échanges entre deux pays, mais veiller à ce que les dispositions de la Cedeao soient respectées. Nous avons évoqué cette question. Il est regrettable de constater qu’au Bénin nous produisons beaucoup, nous avons quelques industries qui produisent et qui ont besoin de vendre sur le Nigeria mais souffrent des tracasseries qui ne permettent pas la libre circulation», a aussi indiqué le président Patrice Talon. Du commerce illicite qui foisonne actuellement entre le Bénin et Nigeria, Patrice Talon et Muhammadu Buhari ont convenu d’en faire un échange plus licite qui satisfasse aux intérêts des deux pays. La question, insiste le président de la République, préoccupe son homologue également et il faudra faire en sorte que le Bénin ne soit pas vu comme un «complice», suggère-t-il. « Nous devons veiller à ce que les produits qui ne sont pas autorisés au Nigeria ne passent pas par le Bénin…», poursuit-il, sans perdre de vue que «c’est un sujet qui appelle une analyse délicate».
Au cours de l’échange qu’il a eu avec la presse dès son retour d’Abuja, le chef de l’Etat a aussi rappelé que dans l’intérêt commun, «il convient que nos pays échangent davantage des produits dans la région de sorte que cela concoure à créer de l’emploi et de la richesse au lieu de se contenter de promouvoir l’exportation et le transit». Au nombre des acquis résultant de cette visite, il y a aussi la promesse faite par la partie nigériane «de donner les instructions nécessaires à ses services de douane pour que les échanges soient facilités en ce qui concerne le commerce légal, normal, qui relève de nos accords sous-régionaux».
L’énergie aussi !
L’énergie bénéficie de projets à court, moyen et long termes à l’issue de la visite effectuée par le président Patrice Talon à Abuja. Reconnaissant, le chef de l’Etat l’est davantage envers ce pays qui vend une partie de son énergie au Bénin bien que n’étant pas à l’abri du besoin. Raison pour laquelle, il a promis que les factures (béninoises) en retard seront réglées pour « permettre à ce que la fourniture à partir du Nigeria se fasse plus régulière». Des efforts seront aussi faits pour que le volume concédé au Bénin soit revu à la hausse, a-t-il indiqué. Par ailleurs, le Bénin utilise beaucoup de gasoil et de fuel pour ses centrales thermiques et cela coûte excessivement cher, selon le président de la République. «Nous ne pouvons pas continuer à espérer que la fourniture se fasse exclusivement avec ce combustible. Notre espoir est de pouvoir trouver du gaz un jour pour rentrer dans le champ des pays qui produisent de l’énergie à coût raisonnable », espère-t-il. Il faut aussi selon lui, trouver une source d’approvisionnement qui permette d’avoir de l’énergie à bon prix.
«Nous avons évoqué la possibilité d’installer au Bénin une plate-forme de stockage de gaz liquide et de regazéification pour permettre à nos centrales d’avoir accès à ce combustible bon marché. Cette plate-forme quand elle verrait le jour (programme à court terme), le Bénin pourrait avoir du gaz et en retourner au Nigeria par le pipeline ouest-africain», projette le président de la République qui promet de « s’atteler à ce projet viable dans les prochains mois». Patrice Talon et Muhammadu Buhari ont également envisagé au cours de leurs discussions, la dynamisation du projet commun à propos de la zone de coprospérité.
Josué F. MEHOUENOU