Une quinzaine de Chefs d’Etat et Chefs de gouvernements étaient l’hôte du président Idriss Déby à l’occasion de son investiture hier, lundi 8 août 2016 à N’Djaména au Tchad. Des personnalités représentant officiellement leur nation respective. Sauf une. Boni Yayi, ancien président de la République du Bénin depuis le 6 avril dernier.
Boni Yayi a du mal à quitter ses habits de Chef de l’Etat qu’il n’est plus depuis le 6 avril 2016. Il s’est invité à la cérémonie d’investiture du président Idriss Déby hier à N’Djaména au Tchad. D’aucuns expliquent sa présence grâce aux bonnes relations qu’il a développées avec le Tchad pendant ses dix ans de présidence au Bénin. Mais, cela suffit-il pour se retrouver au milieu d’une quinzaine de délégations africaines présentes hier à cet événement ? En réalité, il y a des moments où il faut savoir quitter les choses. Lorsqu’on est plus en activité, l’on doit pouvoir faire l’effort de s’adapter à cette nouvelle vie.
Visiblement, Yayi aura du mal à s’y conformer. Il n’est pas prêt à l’admettre. En témoignent tous ses actes depuis le 6 avril dernier. D’abord, quelques heures après avoir laissé la Nation à son ennemi numéro 1, Patrice Talon, Yayi est allé s’installer dans le nord du pays. Il a continué par rencontrer les populations tout comme s’il était encore au pouvoir. Ses gestes et propos à ces occasions le montrent. Les Béninois n’ont pas tardé à dénoncer la chose. Puis est venu le spectacle d’Abidjan. Les Béninois ont découvert un beau matin leur président élu et celui qu’ils venaient de rejeter au domicile du Chef de l’Etat ivoirien, en compagnie de premier des Togolais. Il avait été dit que c’était pour aplanir les différends encore existants entre Talon et Yayi. Là encore, les Béninois ont décrié la démarche. Dans la foulée, Yayi s’est rendu en Guinée Equatoriale à la faveur des élections présidentielles qui devaient s’y tenir.
En sa qualité de chef de la délégation des observateurs internationaux, Yayi a porté des jugements sur sa conception de la démocratie. L’ancien Chef d’Etat béninois ne rate aucune occasion pour se faire remarquer. Il y a peu, il était en visite en Corée du Sud pour, a-t-on appris, une rencontre avec des investisseurs. De retour de la Corée, il s’est retrouvé au Libéria dans le cadre, nous a-t-on dit, de l’Ebola. De retour de ce pays, il a voulu faire un retour fracassant au pays dans des circonstances dignes d’une autorité en activité. Mal lui en a été pris. Puis, le défilé du 1er août à la place de l’Etoile rouge. Yayi y a encore fait les siennes. Il a interpellé presque le Chef d’Etat en exercice sur des sujets à sa guise. Talon et Yayi «se sont dit des choses inouïes », a révélé un témoin des discussions. Voilà qu’hier, il se retrouve au Tchad. En fait, Yayi est sur la lancée de ses nombreux déplacements qu’il effectuait lorsqu’il était au pouvoir. Il ne sait pas rester sur place. Malheureusement, tout ceci n’a rien à voir avec ses promesses de prêcher la bonne nouvelle après avoir quitté le pouvoir. Bientôt cinq mois et les Béninois ne le voient toujours pas la bible en main sillonnant le pays à la rencontre de ses compatriotes. Il préfère faire la compagnie de ses pairs encore en activité.
Athanase Dèwanou