L’atmosphère est plus que tendue actuellement à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Les raisons : l’exclusion pour cinq ans de 21 étudiants et la non-validation de l’année universitaire 2015-2016 à la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash). Deux décisions prises par les autorités rectorales qui leur pèsent sans désormais doute. Aujourd’hui, c’est peu dire que ces décisions signées du Recteur de l’Uac, Brice Sinsin ne font pas l’unanimité. Elles sont décriées et rejetées.
Brice Sinsin est sous pression. Parents d’étudiants, étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi, notamment de la Flash, responsables syndicaux, même des collègues du Recteur lui en veulent.
Ils sont tout simplement remontés contre les exclusions des 21 étudiants et l’année blanche décrétée à la Flash. La claque au Recteur Sinsin vient en effet de ses propres collègues. Ses collègues membres du Syndicat autonome de la recherche et de l’enseignement supérieur (Synarès). Ils s’insurgent contre ces deux décisions. «La direction du Synarès est indignée par le caractère secret que tentent de donner les autorités décanales et rectorales aux problèmes posés alors même qu’elles se préparent à fermer pour cause de vacances toute l’Université. Que d’insouciance pour des sanctions aussi lourdes que le blanchiment de l’année et l’exclusion de responsables d’organisations faîtières d’étudiants, avec les effets que ces décisions peuvent avoir !», mentionne un comité du Synarès. Il mentionne ensuite que «les mesures d’exclusion d’étudiants et de blanchiment de l’année à la Flash apparaissent nettement injustes et dans tous les cas, disproportionnées. Les motifs avancés devraient faire frémir même les vrais terroristes».
L’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb) et la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb) sont aussi aux trousses du Recteur Brice Sinsin. Elles sont d’ailleurs les premières à monter au créneau. Ces décisions constituent «une dictature de type nouveau », a réagi Emmanuel Zounou, secrétaire général de l’Unstb. Il lance « un appel à la mobilisation générale » des étudiants béninois et des syndicats de l’enseignement pour faire fléchir le rectorat de l’Uac. Les responsables des associations estudiantines, les étudiants, sont aussi décidés à en découdre avec les autorités rectorales et les faire revenir sur leurs décisions. Pour justifier l’année blanche décrétée, les autorités rectorales expliquent qu’il n’y a plus de temps pour que les étudiants de la Flash finissent leur année universitaire.
Dimanche 7 août dernier dans l’émission dominicale «Eclairage» de la radio nationale, le Recteur de l’Uac est resté ferme sur les décisions prises. «Nous n’organisons pas les années académiques pour les blanchir. C’est toujours la dernière décision que nous puissions imaginer. Ce n’est ni bon pour la renommée de notre université, ni bon pour les étudiants, les parents, pour le Recteur (…)». Par la même occasion, il souligne que les deux décisions sont irrévocables. Daniel Etou Kouto, président du Bureau d’union d’entité de la Flash n’est pas de cet avis. «Non, le Doyen sait qu’il y a le temps. Mathématiquement, il n’y a plus de temps mais académiquement, il y a le temps», pense-t-il. « Il faut que le rectorat revoie sa copie », demande ce porte-parole des étudiants de la Flash. L’une des premières ripostes des étudiants est de décréter «un campus mort». L’opération, vraisemblablement, est une réussite. Ils sont d’ailleurs soutenus par la plupart des Béninois et Béninoises qui ne comprennent pas ces décisions rectorales. Dans tous les cas, les deux camps sont braqués sur le campus. Le peuple béninois a choisi son camp. Il attend un dénouement en faveur des étudiants. Qui aura finalement le dessus ?
Athanase Dèwanou