Les passes d’armes entre caciques du pouvoir défunt de Yayi Boni et ceux du régime actuel de Patrice Talon prennent de plus en plus d’ampleur. Après cent jours d’escarmouches, l’assaut semble être lancé par le camp des premiers contre la provocation ou l’attaque des seconds.
Même si visiblement Patrice Talon et Yayi Boni se voient, se parlent et se serrent les mains, tout n’est pas pour autant rose entre les deux hommes. Du moins, entre les lieutenants des deux camps. Et tout porte à croire que c’est désormais une guerre ouverte. Une guerre qui, sans doute, durera pour autant que durera l’état des lieux engagé par le pouvoir de la Rupture pour voir clair dans la gouvernance Yayi. En tout cas, il est une évidence que le débordement de la coupe suivi de la réplique cinglante aux provocations tire son essence de ce fait. Sinon, au départ, après ce communiqué de l’ancien secrétaire général du gouvernement, AlassaniTigri ; communiqué dans lequel il a relevé certaines « contrevérités » à l’issue du 1er conseil des ministres du gouvernement Talon, on pouvait, par la suite, noterun relâchement des « proYayi ». Le tac au tac à visage découvert était moins fréquent même après l’annulation des concours organisés en 2015 par l’ancien régime et les déclarations au sujet de l’état d’endettement. Au sujet de l’annulation des concours, l’ancien ministre Aboubacar Yaya invité sur des médias avait préféré la politique du silence. Il en est de même de l’ancien ministre des Finances, Komi Koutché qui en dépit de tout ce qui a été sur sa personne, est resté muet. Il aura fallu l’occasion des cent premiers jours du gouvernement actuel pour réellement écouter les positions de certains ténors « yayistes ». Eugène Azatassou, coordonnateur des Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), alliance ayant soutenu Yayi Boni durant ses deux mandats ; Bénoît Dègla, ancien ministre et député, et l’ancien ministre d’Etat chargé des Transports, Gustave Sonon feront leur apparition. Contrairement au ministre Sonon, on ne peut plus modéré, les deux autres ont été beaucoup plus critiques sur la gouvernance du régime actuel quand bien même ils ont tous reconnu que c’est trop tôt pour apprécier. On en était là quand les députés Fcbe et alliés sous l’appellation « inter group » se sont retirés pour leur première journée parlementaire à Grand popo. Rencontre à l’issue de laquelle ils ont rendu public un communiqué. Quelques trois semaines plus tard, c’est le député Fcbeet ancien ministre Valentin Djènontin qui monte au créneau. Sur la radio du Parlement en fin de semaine écoulée, il a fait le procès du gouvernement Talon et s’est même dit prêt pour un débat contradictoire avec l’actuel ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki, premier ministre sous Yayi Boni durant un septennat. C’est surtout les conclusions du récent audit dans le secteur des véhicules d’occasion qui ont provoqué la sortie du ministre Djènontin puisque, pas plus tard qu’hier mercredi, il a, à nouveau porté l’estocade. C’était sur la chaîne de télévision Sikka Tv avec une pile de documents puisqu’il a lui-même géré le secteur en tant que ministre de l’Economie maritime. Le député Djènontin sur le plateau a déploré le fait que l’audit soit limité à mars 2012 quand la société Benin Control appartenant à Patrice Talon, a été dessaisie de la gestion. Il a démontré comment de 2006 à 2013 le secteur a été géré avec le l’ancien premier ministre Koupaki.
Et ce n’est pas tout !
Mais avant ces déclarations de Valentin Djènontin qui visiblement à beaucoup à dire sur le pouvoir actuel, c’était Léonce Houngbadji un autre « Yayiste », coordonnateur d’un mouvement politique qui était face à la presse avec ses camarades, la veille de la célébration du 1er août, fête de l’indépendance du Bénin. Ce journaliste devenu politique, lui non plus, n’a pas fait dans la dentelle. En tout cas, il n’aura pas lésiné sur les mots pour dénoncer les tares de la gouvernance dite du Nouveau départ.
Après 100 jours d’exercice du pouvoir par l’équipe de Patrice Talon, doit-on dire que le délai de grâce du côté des « fidèles » à Yayi Boni est terminé ? Autrement, pourrait-on affirmer, avec ces sorties tous azimuts que les Fcbe et alliés se remettent en ordre de bataille pour une opposition ? Le coordonnateur national Eugène Azatassou avait annoncé un congrès des Fcbe pour bientôt. Peut-être que ce serait le déclic pour animer davantage la vie socio politique.
Jacques BOCO