La récente décision du gouvernement béninois portant restructuration de la carte universitaire publique soulève une vaste polémique, tant dans les rangs des partenaires sociaux au développement de l'enseignement supérieur que dans les milieux politiques du pays.
Depuis 2006, le gouvernement de l'ancien président béninois Boni Yayi a inscrit au rang de ses priorités le renforcement du capital humain et la promotion d'une éducation de développement en se fondant sur la vision qui veut que "le Bénin dispose à l'horizon 2025 d'un sous-secteur d'enseignement supérieur et de recherche scientifique qui fournit des ressources humaines de qualité et des résultats de recherche adaptés aux problèmes de développement national".
Pour ce faire, prenant en compte les recommandations de plusieurs documents de politique, dont la Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté (SCRP),les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les orientations stratégiques de la lettre de politique éducative, proposée par tous les acteurs du secteur, il a été procédé à la création de 24 Centres universitaires reposant sur les trois principes, notamment le principe de la différenciation et de la complémentarité, le principe de la décentralisation et de la déconcentration et le principe de la simplicité.
Ces centres universitaires ont été regroupés en cinq rniversités de plein exercice, dont 3 thématiques et 2 pluri-thématiques.
Mais pour le nouveau gouvernement du président Patrice Talon, cette option de créer plusieurs centres universitaires sur toute l'étendue du territoire n'a pas permis de régler le problème du nombre sans cesse croissant d'étudiants et de la qualité de l'enseignement.
"Cette création de plusieurs centres universitaires dans le pays a plutôt permis d'en disperser les effets en créant d'autres problèmes, à savoir l'insuffisance d'enseignants qualifiés pour encadrer ces nouveaux centres, l'insuffisance de matériels didactiques et d'infrastructures d'accueil des étudiants", a indiqué le nouveau gouvernement à travers une décision prise le 27 juillet dernier.
Cette situation, souligne la décision gouvernementale, a accentué la baisse de la qualité de l'enseignement, empêché le brassage interrégional de la population estudiantine et favorisé la régionalisation de l'enseignement supérieur
Ainsi, les nouveaux dirigeants politiques du Bénin ont adopté un projet de restructuration de la carte universitaire publique du Bénin, qui devra "permettre au pays de retrouver ses lettres de noblesses en matière d'enseignement supérieur".
"Face à ce diagnostic peu reluisant, il a été jugé opportun de réorganiser les centres universitaires en les regroupant de la manière suivante autour de quatre grandes universités, dont deux grandes Universités pluri-thématiques et deux autres universités thématiques", souligne la même décision, qui précise que ces différentes mesures permettront de gérer les flux, d'assurer la qualité de l'enseignement, la qualité des infrastructures, d'améliorer les conditions de travail des professeurs et des apprenants, et de rationaliser les investissements massifs à faire dans le secteur de l'éducation.
Cependant, une cinquantaine de députés des Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE) estiment que cette nouvelle carte universitaire présente de nombreuses incohérences, notamment au niveau de sa territorialité.
"Comment comprendre que les centres universitaires de Gogounou et de Djougou si proches de Parakou soient rattachés à Porto-Novo ? Le même constat est valable pour Natitingou qui devra parcourir des centaines de kilomètres avant de venir régler ses problèmes administratifs à Porto-Novo, pendant que Parakou est à côté", ont-ils déploré, dans une déclaration publiée samedi à Cotonou, la capitale économique béninoise
De surcroit, ont-ils souligné, après l'adoption de la carte universitaire par le gouvernement actuel, de vives protestations sont notées çà et là par les populations du Bénin.
"C'est pourquoi, nous, députés FCBE et alliés, considérons la nouvelle carte universitaire comme un grand recul par rapport à la vision portée par : Bénin-Alafia 2025, les Objectifs du Millénaire pour le développement, et la stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté, et porte du même coup une grande entorse aux négociations et aux engagements pris avec les partenaires techniques et financiers du Bénin", ont-ils affirmé, invitant le gouvernement à garder intacte la carte universitaire dont il a héritée de son prédécesseur.