Le président Talon est confronté à son premier grand test ! Comme une grenade dégoupillée, l’audit de la Segub n’attend que confirmation pour embraser les vautours déguisés en prestataires de services. Ensuite, les Béninois s’excitent à démasquer les compères de la filouterie à la Segub et applaudir les sanctions à la hauteur des dégâts causés au trésor public. Car, talon d’Achille des régimes précédents, le visage que prendra la lutte contre l’impunité sous le règne de la rupture focalise les attentions. Et à raison, surtout qu’ils n’ont pas encore des certitudes et préfèrent voir avant de croire.
Mais avant de pouvoir certifier que le nouveau vent qui souffle sur le Bénin depuis le 6 avril 2016 emportera avec lui les mauvaises habitudes héritées des anciens systèmes de gouvernance et consacrera la fin du règne des luttes tapageuses et infructueuses contre l’impunité, le président Talon rassure. Loin des agitations stériles d’antan, sur les dossiers de malversations, l’actuel locataire de la Marina pose les pas de l’homme décidé à aller au bout. Et pour cela, il doit se donner les moyens et marquer son passage à la tête de l’Etat. Déjà, sans tambour ni trompette, un deuxième audit a été commandité dans l’affaire Segub. Tout ceci pour que les vrais coupables soient démasqués et punis, et que cela ne se reproduise plus jamais au Bénin.
La détermination ‘‘Talon’’ à l’épreuve
Aussi, pour le président Talon, élucider l’affaire Segub tout comme les autres scandales en instance, c’est démontrer qu’à l’épreuve de la rupture, l’impunité n’aura plus droit de cité. D’ailleurs, sans aucune pression politique, surtout avec l’engagement de ne faire qu’un seul mandat à la tête de l’Etat, le chantre du Nouveau départ est appelé à démontrer à travers la gestion de l’affaire Segub, sa détermination à amener ses compatriotes à s’inscrire sur la droite ligne de l’orthodoxie financière, du patriotisme et de l’intégrité dans la gouvernance publique. Autrement, l’affaire Segub, comme bien d’autres scandales, s’évaporera comme neige au soleil.
Mais, dans un contexte particulièrement difficile, le président Talon n’a pas droit à l’erreur. En effet, non seulement le dossier Segub est une affaire de gros sous mais aussi, il survient alors que le pays est financièrement asphyxié. Et ce n’est pas le ministre Abdoulaye Bio Tchané qui a martelé dans une interview accordée au journal le Monde que l’actuel gouvernement a hérité d’« un Etat catastrophique ! » qui dira le contraire. La preuve, au cours des quatre premiers mois de gouvernance de l’équipe Talon, il a fallu une série d’emprunts obligataires pour faire souffler les caisses de l’Etat.
Alors, que faudra-t-il de plus, pour que les Béninois n’en viennent pas à dire que la Rupture a trahi les aspirations du peuple ? Dans tous les cas, si avec le régime actuel, la gestion chaotique et l’impunité continuent d’être célébrées, autant dire que le Bénin est maudit et qu’à force de tourner en rond, la tombe du dernier des sous-développés ne tardera pas à accueillir la dépouille du pays de Talon. Pour qu’il n’en soit pas ainsi, le peuple a parlé. Aux gouvernants actuels, pour nettoyer l’écurie d’Augias, de rester droits dans leurs bottes et de s’armer de courage afin qu’aucune pression négative ne leur fasse tergiverser. Pour un Bénin prospère, il le faut.
Angelo DOSSOUMOU