Le député ressortissant du département des Plateaux, Jean-Michel Abimbola photo est resté sur sa position de « Non » jusqu’à la fin de l’examen des accords d’Istisna’a et de services Ijarah signés à Djeddah, le 07 avril 2016 avec la Banque islamique de développement (Bid). C’est dans le cadre du financement partiel du projet d’appui au développement de l’enseignement supérieur (Pades), en plénière au Palais des gouverneurs. Il a été rejoint par le député Koussonda Moukaram qui a eu la même position. D’ailleurs ce sont ces deux parlementaires qui se sont abstenus d’autoriser ces accords si la carte universitaire telle que présentée récemment par le gouvernement n’est pas revue.
Kola Paqui
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Monsieur le Président,
Chers collègues,
Avant tout propos, je voudrais présenter mes excuses pour les dérapages verbaux lors des débats de ce matin, et vous dire que c’est l’illustration de la nature de ce dossier par lequel, Madame le Ministre de l’Enseignement supérieur a instillé le virus de la division dans l’hémicycle.
En effet, comment comprendre que le Président AKOTEGNON et moi échangions des propos peu amènes alors que nous sommes des frères et des amis et que certains collègues aient pu proférer des énormités ?
Par ce dossier Madame le Ministre de l’Enseignement Supérieur nous oblige à ne pas être d’accord avec le gouvernement et de le dire publiquement alors même que nous soutenons ce régime.
Madame le Ministre, je tiens à vous rappeler ici, que nul n’a le monopole de l’intelligence.
Vous faites la différence entre le technique et le politique disant que le dossier est technique et ne devrait pas être pris sous un angle politique. Mais Madame le Ministre, sans le politique, moi Jean Michel ABIMBOLA, je n’aurais probablement jamais été Ministre de la République et je suis sûr qu’il en est de même pour vous car s’il y avait eu un appel à candidatures pour choisir le ministre de l’Enseignement Supérieur, je ne suis pas certain que le résultat vous aurait été favorable.
Aujourd’hui, il se pose la question de savoir si le présent accord de financement soumis à adoption n’est pas désuet ou vidé de son objectif principal. Qu’il nous souvienne qu’à l’issue du conseil des ministres du 27 juillet 2016, la carte universitaire du Bénin a été restructurée et ne comporte désormais que 4 universités. Deux grandes Universités pluri-thématiques : l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) et l’Université de Parakou et Deux Universités thématiques : L’Université des Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques (USTIM) d’Abomey et L’Université Nationale d’Agriculture (UNA) de Porto-Novo. Cette décision du gouvernement, dans la perspective d’une rationalisation du système universitaire n’a pas encore convaincu par le manque de pertinence et de cohérence en ce qui concerne la fermeture de certaines universités ; notamment l’Université d’Agriculture de Kétou (UAK).
Une analyse objective et totalement dépassionnée permet de s’en rendre compte. D’abord, les différents accords de prêts ont été signés sous le régime du nouveau départ le 07 avril 2016. Paradoxalement, l’une des universités devant bénéficier de cet accord de prêt n’existe plus depuis le 27 juillet 2016. La question se pose de savoir s’il est encore opportun de ratifier ces accords de prêts.
Il est important que le gouvernement revoie sa décision pour certaines raisons que nous jugeons pertinentes.
L’Université d’Agriculture de Kétou (UAK) est la troisième université créée au Bénin. Déjà le 06 décembre 2007, dans le relevé n° 44 du conseil des ministres, le gouvernement de notre pays a décidé de la création d’une université d’agriculture dans le but de promouvoir le secteur agricole dans notre pays. C’est suite à cette décision et à l’issue de plusieurs travaux préalables impliquant tous les acteurs du système universitaire y compris l’Institut de Recherches Agronomiques du Bénin (INRAB) que la commune de Kétou a été choisie pour abriter ladite université. Suite à cette décision, un centre universitaire avait été ouvert à Kétou en 2009. Il a été plus tard transformé en une université par décret n° 2013-140 du 20 mars 2013 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Université d’Agriculture de Kétou (UAK), pas dans un contexte électoraliste, mais après plusieurs études pertinentes qui tiennent compte des critères objectifs. Ces critères sont entre autres, relatifs à la disponibilité de terres agricoles à Kétou, à sa proximité avec le Nigeria et avec l’université d’Ibadan. D’autres atouts ont également favorisé le choix de Kétou comme troisième université du Bénin. Il s’agit du fait que Kétou est la deuxième commune la plus vaste du sud Bénin après Djidja, avec 49% de la superficie de l’Ouémé/Plateau, 52% du plateau, et le premier grenier à grain du sud Bénin. Or la création des autres universités a été décidée plus tard. Celle d’Abomey en 2014, celle de Lokossa, de Porto-Novo et de Natitingou en 2015 etc… dans un conteste totalement différent.
Depuis la création de l’Université d’Agriculture de Kétou (UAK), plusieurs efforts du gouvernement, du conseil communal et de la population ont permis d’ériger plusieurs infrastructures. Les bâtiments devant abriter le rectorat (dont le taux de réalisation physique est de 75%), des centres de documentation, laboratoires, les amphithéâtres pour les cours (situés à Idigny un arrondissement de Kétou avec un taux de réalisation de 60%), les bâtiments pour les agents de l’administration rectorale etc. Aussi, une superficie de mille vingt (1020) hectares a été mise à la disposition de l’université pour les travaux pratiques. Il a été recruté pour le compte de l’université 60 enseignants dont 1 titulaire, 6 maitres assistants et 53 assistants. Malgré tous ces atouts, Kétou ne serait plus retenue dans la nouvelle carte.
Initialement, votre projet de restructuration de la carte universitaire du Bénin était de maintenir les deux grandes universités du Bénin à savoir Abomey-Calavi et Parakou. Mais les réclamations de certaines personnes ont fait porter le projet de 2 à 4 universités. Avant la prise de cette décision, la Ministre de l’Enseignement Supérieur n’a jamais été aperçue sur le terrain afin de faire l’état des lieux de réalisation des infrastructures sur le terrain mais a fondé sa décision sur la base de rapports malveillants et des rumeurs.
L’université Nationale d’Agriculture de Porto-Novo semble à notre avis une décision dénuée de toute objectivité et de toute étude préalable. Porto-Novo ne semble pas propice pour accueillir une université thématique d’agriculture.
Comment comprendre qu’on puisse transférer une université d’agriculture d’une commune rurale vers une commune urbaine ? Il serait alors difficile à Porto-Novo de rendre opérationnelle cette université thématique au regard de ces contingences contrairement à Kétou. En revanche, Porto-Novo étant la capitale du Bénin, a le droit d’avoir et mérite une université pluri-thématique. Si l’on reconnaît que Porto-Novo est la capitale du Bénin, le gouvernement ne saurait donner l’attribut d’Université Nationale d’Agriculture à la ville Capitale alors qu’il ne s’agit simplement que de l’implantation du rectorat de ladite université à Porto-Novo. Ce rectorat se chargera d’assurer la tutelle des centres universitaires et écoles existants y compris celle de l’Alibori (Ecole de Formation Pastorale de Gogounou) et celle de la Donga (Ecole des Sciences Agronomiques de Djougou). Ces choix semblent incohérents car ces deux écoles de l’Alibori et de la Donga pourraient être rattachées à l’Université de Parakou (UP) qui pourrait mieux en assurer la gestion administrative et un meilleur suivi. Contrairement à ce choix, il serait mieux élaboré de reconduire simplement l’ancien format pluri-thématique de l’université de Porto-Novo avec tous ses attributs et concéder à Kétou l’université d’agriculture. Aussi, la carte universitaire des pays de la sous-région renseigne que le Burkina-Faso a 5 universités, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont chacun 6 universités, le Niger en compte 8 et le Mali 10. Seul le Bénin compterait d’après votre projet, un nombre inférieur d’universités dans la sous-région (4 universités). Toutefois, si nous prenons en compte la dernière déclaration de madame le Ministre devant la Représentation Nationale à l’instant, affirmant l’engagement du gouvernement à organiser un atelier au cours duquel, la carte universitaire de notre pays sera arrêtée de façon consensuelle, nous modifions notre consigne de vote et suggérons à la plénière la ratification des présents accords de prêts.
Merci Monsieur le Président.