Mardi 16 août 2016 au Palais des gouverneurs, les députés ont fini par donner leur accord de principe par un vote presque à l’unanimité puisqu’il n’y a eu que deux abstentions pour ce qui concerne la ratification des accords de prêt relatifs au projet de construction de l’Université Polytechnique d’Abomey et de la deuxième phase du projet de construction de l’Université d’Agriculture de Kétou. Il est à noter que le président de l’Assemblée nationale Adrien Houngbédji a dû mettre en exergue sa capacité managériale pour obtenir, même si c’est après la prise d’un engagement du ministre Odile Atanasso d’organiser un atelier qui prendra en compte les recommandations des députés afin de déboucher sur une carte universitaire consensuelle.
Le Ministre de l’enseignement supérieur, Odile Atanasso a eu droit à une douche froide de la part des députés. Ceux-ci très remontés contre le Ministre pour ses propos tenus devant la presse et qui font état de ce que les députés ne maîtrisent rien de la carte universitaire, ne l’ont pas ratée. Les ratifications d’accord de prêt sous forme d’Ijara de la BID d’un montant de 12,70 millions de $ US, soit 6,985 milliards de FCFA environ relatif au financement du projet de construction de l’Université Polytechnique d’Abomey et de la deuxième phase du projet de construction de l’Université d’Agriculture de Kétou ; et de l’Accord de prêt sous forme d’Istisna’a de la BID d’un montant de 141,40 millions de $ US, soit 79,20 milliards environ relatif au financement du projet de construction de l’Université Polytechnique d’Abomey et de la deuxième phase du projet de construction de l’Université d’Agriculture de Kétou ont été accordées au gouvernement par les députés de la 7è législature. Ces deux points ont été adoptés par les députés présents et représentés à l’exception de deux notamment Jean-Michel Abimbola et Adjibadé Koussonda qui se sont abstenus.
Kola PAQUI
Des députés se prononcent…
Garba Yaya : « …monsieur le président de l’Assemblée nationale, vous êtes bon car vous avez su dissiper nos inquiétudes. Celui qui pense que la modification de la carte universitaire n’a pas de rapport avec la ratification, se trompe et c’est une grave erreur. Nous sommes fâchés parce que le ministre Atanasso a tenu des propos graves. Nous profitons pour demander au gouvernement de revoir la carte universitaire. Le fait de dire que nous allons organiser un atelier, c’est une ruse. Nous devons remettre en cause cette carte universitaire…. »
Idrissou Bako : « ….je vais abonder dans le même sens pour dire que j’ai eu les mêmes frustrations quand j’ai entendu les déclarations du ministre Atanasso. Comme les députés n’ont rien compris, il va falloir qu’elle traite le dossier sans nous. …La carte universitaire doit être consensuelle. La carte doit tenir compte des réalités de chaque localité. Qu’en sera–t-il quand Kétou va devenir un centre comme prévu dans la carte universitaire alors que pour la ratification, Kétou est pris comme une université. Pensez-vous que ces partenaires vont-ils nous prendre au sérieux. Il faut régler la question de la carte universitaire avant les ratifications…. »
Atchade Noureni : « … la question de l’éducation est très importante. J’ai écouté la ministre et je pensais que ce matin, elle devrait présenter des excuses au Parlement. Mais comme elle pense que nous ne sommes rien et on ne comprend rien. Ce faisant, elle nous a multipliés par zéro. C’est dangereux que dans un pays démocratique, qu’on dise que le parlement n’a rien à voir avec ces questions. Habituellement, je ne parle pas des régions mais face à cette situation, je suis contraint d’enfreindre à ce principe. Quand le président Talon a voulu former son gouvernement, les 4 départements du Nord ont eu 4 ministres, maintenant on veut créer l’université de Natitingou pour former les compétences et on crie comme si le Nord n’a droit à rien. La carte universitaire est politique et régionaliste. Pourquoi ça gène que Natitingou ait son université ? L’autorisation de ratification sera donnée mais qu’on revienne sur la carte universitaire…. »
Nouhoum Bida : « …Monsieur le président de l’Assemblée nationale, je voudrais saluer votre sagesse politique pour accepter ce débat dans les formes. Je voudrais dire qu’en matière de finances publiques, tel que c’est intitulé, si nous ratifions, ça doit être un détournement de fonds. Je défie celui qui me dira le contraire. Le gouvernement doit tout faire pour que toutes les infrastructures prévues soient effectivement réalisées. Qu’est-ce que la ministre comprend de la question de la régionalisation de la carte universitaire ? Quel est le nombre accepté pour une université en termes d’effectifs d’étudiants ? Politiquement on peut voter, mais dans le fonds, on n’est pas satisfait. C’est ça la vérité. Je demande au ministre de prendre un engagement de revoir la carte universitaire…. »
Gilbert Bagana : « …je voudrais dire merci à nos partenaires techniques et financiers qui sont soucieux plus que nous dans les questions d’éducation. Je ne peux pas confondre mes convictions politiques aux convictions techniques. Je ne voterai pas ces accords là parce que nous voulons autoriser un accord de prêt pour un autre projet, c’est du détournement. C’est au vu de la carte universitaire que des accords ont été négociés. Cette carte est régionaliste. C’est de la farce. Nous devons nous mettre ensemble pour aller contre cette carte universitaire…… »
Adam Bagoudou : «…. Pourquoi le gouvernement a modifié la carte universitaire ? J’espère que l’atelier sera organisé pour panser toutes ces plaies. Je suis espérant que les débats à venir doivent régler toutes les questions. J’ai deux préoccupations. Qu’est ce qui va se passer parce que la BID a accordé le crédit pour une université et nous sommes sur le point d’affecter ce crédit pour un autre objet ? Que devient alors la respectabilité du Gouvernement ? La carte universitaire remet en cause l’équilibre national dans notre pays. Il faut que l’atelier débouche sur une carte universitaire large et consensuelle….. »
Léon Degny : «…. Je souhaite à l’avenir qu’il y ait beaucoup plus de courtoisie dans les propos. La seule question que je voudrais poser à la ministre, c’est qu’elle a pris un engagement pour organiser un atelier. Si on venait à ce stade, eque sera le sort des fonds qui ont été négociés pour l’ancienne carte universitaire?... »
André Okounlola : «… Je ne vous apprends rien monsieur le président, mais il faut restaurer la place qu’il faut à l’Assemblée nationale et nous avons la représentation nationale. Je souhaite que la ministre prenne la parole pour présenter des excuses publiques aux députés pour ce qu’elle a dit ainsi que ses collaborateurs. Quand on parle de régionalisation, le gouvernement veut tromper le peuple et on ne sera pas d’accord. On parle d’université d’agriculture de Porto-Novo, c’est de la tromperie. En quoi cela vous dérange de maintenir ce qui est fait. Ce n’est pas vous qui avez trouvé les financements et donc laisser que l’université pluridisciplinaire de Porto-Novo reste à Porto-Novo et celle de Kétou reste de Kétou. On va voter les ratifications, mais on exige l’atelier pour revoir la carte universitaire…. »
Paulin Gbenou : « … Je n’ai pas suivi l’intervention du ministre durant le weekend. Je ne la vois pas dans ce rôle. Si vraiment elle a tenu ces propos, je voudrais qu’elle prenne la parole pour situer les responsabilités. La déclaration signée par les députés a amené le gouvernement à prendre l’engagement d’organiser un atelier au profit des députés et autres…. »
Augustin Ahouanvoebla : « … Malgré ce que le ministre nous a fait, je voudrais dire merci au président de l’Assemblée nationale pour la manière dont vous gérez le débat. Nous devons nous entendre. Je vais venir à l’essentiel. Il n’y a pas de capitale dans le monde qui n’a pas d’université, d’aéroport, d’infrastructures à part Porto-Novo. Je veux prendre Talon aux mots par rapport à ses promesses en période de campagne électorale. Je voudrais dire par la suite qu’il faut remercier le président de la commission des finances pour ce qu’il a fait…. »
René Bagoudou : « … la nouvelle carte universitaire n’arrange pas les étudiants de Natitingou. Ce que je veux demander au ministre, c’est qu’au sortir de l’atelier qui doit nous regrouper que des résolutions soient prises en compte. »
Propos recueillis par K.P. (Br: Ouémé-Plateau)