Le 20 juillet 2016 à Grand-Popo, les députés élus sous la bannière des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) ont tenu un conclave pour, entre autres, discuter des actions menées lors des 100 premiers jours par le régime de la rupture et du nouveau départ. Rencontre à laquelle le coordonnateur national des Fcbe n’y était pas convié. Hier, Eugène Azatassou, dans son habit de coordonnateur des Fcbe, a émis des critiques sur la gouvernance du président Patrice Talon. Sortie médiatique où il n’y avait presque pas les députés «verts». Du coup, on se demande ce qui se passe au sein de la coalition qui a porté l’ex Chef de l’Etat, Boni Yayi pendant dix ans de gestion du pays.
Il y a-t-il encore la cohésion au sein des Forces cauris pour un Bénin émergent ? Visiblement pas vraiment. La cassure du groupe provoquée par la présidentielle de mars 2016 continue sans doute de miner la maison verte. La candidature «imposée» de Lionel Zinsou a provoqué la division du groupe. Le départ du pouvoir du leader charismatique, Boni Yayi, est en train de porter un coup fatal à cette famille politique. La preuve est que chacun y va désormais de son initiative. Des groupes se sont constitués et se contredisent presque. Le 20 juillet dernier, les députés Fcbe se sont réunis à Grand-Popo sans leur coordonnateur national. Même s’il s’agissait d’un conclave des parlementaires, les décisions prises à cette occasion engageaient aussi la coalition. Interrogé à l’époque sur cette rencontre, le coordonnateur Azatassou disait qu’il n’en savait rien. Bizarre ! A cette réunion de Grand-Popo, les députés Fcbe ont adopté une position centriste au régime de Talon, garantissant d’ailleurs leur soutien à la rupture et au nouveau départ. Hier, c’était le tour de Azatassou de faire sa sortie médiatique sans les députés Fcbe. Ou presque. En effet, en dehors de l’honorable Valentin Djènontin, les barrons des Fcbe présents étaient les ministres Gustave Sonon, Paul Hounkpè, Alassane Tigri, le secrétaire général du gouvernement défunt, Amos Elègbè, conseiller spécial de Yayi. Pas de trace des baobabs Fcbe. Est-ce une réponse à la rencontre de Grand-Popo ? Cela y ressemble vraiment.Les députés Fcbe, dans leur conclave de Grand-Popo, n’ont nullement défendu le régime du changement par rapport aux nombreuses remises en cause de ses actions par le gouvernement de Patrice Talon. Ils ont juste rendu hommage au président Yayi et pas plus. Hier par contre, le coordonnateur Azatassou a pris la défense de son président. «L’acharnement contre la vision qui a prévalu dans notre pays de 2006 à 2016 et qui était plus portée sur l’intérêt général et la justice sociale avec certainement des imperfections qu’il faudra cerner et corriger dans la transparence et l’équité, l’investissement prioritairement dans les secteurs où l’état avait eu des conflits avec le secteur privé et la répression brutale sur les mouvements protestataires découlant de la gouvernance actuelle», a mentionné le coordonnateur dans son mot introductif. Autrement, ce sont de groupes d’anciens camarades de lutte qui ne voient plus les mêmes choses de la même façon.
La guerre des positionnements a commencé
Contrairement à Martin Rodriguez, d’autres Béninois ont décidé d’animer réellement l’opposition au régime de la rupture. La vraie question maintenant est de savoir qui prendra le devant de cette opposition. Là, la bataille risque d’être féroce. En ce sens qu’en l’espace de cinq jours, les choses sont allées très vite. On a enregistré coup sur coup la naissance du Parti pour la libération du peuple(Plp) du président Léonce Houngbadji et la sortie médiatique des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Presque à l’unisson, ils ont porté les mêmes critiques vis-à-vis de la gouvernance du régime de la rupture. «Le Bénin d’abord et NON le président de la République d’abord comme il l’affirme. Soyons lucides pour une opposition responsable, constructive et dynamique au service du développement et de la prospérité de notre cher et beau pays le Bénin», se veut le Plp. «L’orientation politique, économique et sociale du pouvoir du nouveau départ est lourde de conséquences néfastes pour le pays et va appauvrir davantage nos populations et mettre en cause les libertés démocratiques chèrement acquises à la conférence nationale des forces vives de février 1990 (…) En toute chose, il est le Président Talon- ne pense d’abord qu’à lui, et toute autre considération, ne vient qu’après », a déploré Eugène Azatassou.C’est à croire que la course est lancée en ce qui concerne la récupération de l’opposition. Personne ne veut laisser la place à l’autre.
Communiqué final des Fcbe
L’intergroupe parlementaire «Les républicains», regroupant les députés Fcbe et alliés, réunis à l’hôtel Bel Azur à Grand-Popo, dans le cadre de la première journée parlementaire, rend public le communiqué ci-après.
Les résultats de l’élection présidentielle du 20 mars 2016, ont clairement montré la volonté du peuple béninois de faire une nouvelle expérience politique dans sa quête d’une démocratie continue de progrès social et économique avec la coalition de la Rupture portée par le président Patrice Talon. Conscient de la souveraineté du peuple, l’intergroupe «Les républicains» à l’Assemblée nationale, profite des présentes assises pour renouveler ses félicitations au président Patrice Talon en lui souhaitant du meilleur durant son mandat à la tête de notre pays. Par la même occasion, le groupe rend un vibrant hommage au docteur Boni Yayi pour son parcours exceptionnel, son sens républicain, son engagement volontariste et désintéressé au service de la cause commune, son esprit militant et démocratique qui l’ont caractérisé durant les 10 ans de sa gouvernance. Les députés membres de l’intergroupe ont vécu avec le peuple béninois, les 100 premiers jours du gouvernement de la Rupture et considèrent comme baptême de feu au cours duquel le président Talon a donné l’orientation de son mode de gouvernance. Même si certaines actions sont satisfaisantes pour le renforcement de notre démocratie, d’autres par contre, méritent à ce que nous parlementaires, soyons très attentifs. On peut citer par exemple, l’abrogation, l’annulation et la suspension de certains acquis sociaux économiques préoccupants tels que les projets routiers. De même l’insécurité galopante constitue un sujet de préoccupation majeure. Le groupe des députés Fcbe et alliés, tiennent à rassurer tout le peuple béninois et en particulier nos militants, de son engagement à demeurer une équipe de veille stratégique et permanente pour un meilleur contrôle de l’action gouvernementale. A cet effet, le groupe exprime sa disponibilité à accompagner le gouvernement dans l’exécution de son programme, dès lors que les actions participent au renforcement et à la sécurité humaine du progrès social et économique. De la même manière, l’intergroupe est résolument déterminé à se démarquer et à dénoncer toute action attentatoire à l’unité nationale et à l’intérêt général.
Fait à Grand-Popo, le 20 juillet 2016
Athanase Dèwanou
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