Pendant qu’on accuse l’ancien chef de l’Etat, Yayi Boni de s’être rendu sans autorisation sur le chantier de l’aéroport de Tourou (Nord Bénin) avec des déclarations non prouvées à lui attribuées, zèle et pyromanie ont pris place au sein de la « Rupture ».De Hervé Hêhomey à Jacques Ayadji en passant par Modeste Toboula, l’unité nationale a été éprouvée cette semaine. Heureusement…
En analysant la tête froide les propos du ministre des Infrastructures, Hervé Hêhomey et ceux successifs du préfet du Littoral, Modeste Toboula et Jacques Ayadji, directeur des travaux publics, au sujet de ce qu’il convient d’appeler Incident de Tourou, inutile de préciser qu’ils ne sont pas de nature à préserver la paix et l’unité nationale. En effet, ces propos tenus respectivement vendredi, dimanche, lundi et abondamment relayés par la presse locale méritent qu’on s’y attarde tant le Nouveau départ devrait rompre avec ces dérapages. De telles énormités et insinuations venant d’autorités qui voulaient coûte que coûte répondre à une imprudence non médiatisée, tout Béninois devrait se poser de questions. Ces trois acteurs du régime sont simplement passés à côté de la plaque. Dans un contexte où on dit que le tissu social est détruit et on qu’on entend restaurer l’autorité de l’Etat, Hêhomey, Toboula et Ayadji sont comme des pyromanes qui en ont ajouté à la situation. N’ayant pas su gérer cet incident et voulant forcément répondre du tac au tac, sans doute prenant en compte certaines considérations antérieures, on peut dire qu’ils sont incomparables aux « Fous du roi ». Que reprochait-on alors à ceux-ci sous Yayi ? Certes, dans tout régime il y a des faucons. Mais le président de la République, Patrice Athanase Guillaume Talon doit se méfier de ces genres de compagnons de peur que ses nobles ambitions pour le pays ne soient sabotées. Jusqu’à ce jour, aucune preuve matérielle des déclarations qu’on prête à l’ancien président Yayi Boni, même s’il se dit qu’il a fait un crochet sur le chantier qu’il a initié. Ce qui complique même les choses pour les détracteurs est qu’il a été publié qu’il s’y est rendu avec le maire de Parakou, Souradjou Karimou. Mais très tôt, l’édile de la cité des Kobourou, par un communiqué, a balayé d’un revers de main cette allégation sur sa personne.
Retour sur les propos de Hêhomey
« (…) Il m’a été rendu compte que le lundi 15 août dernier, l’ancien président de la République est venu sur ce site. C’est une visite totalement irrégulière. Et, cette visite ne devra plus se répéter.La visite d’un aéroport est soumise à autorisation, autorisation des autorités compétentes. Et nous ne voulons plus assister à ce genre de visite qui est une visite, disons, qui ne répond à rien.C’est un comportement qui, excusez-moi, n’est pas sérieux. C’est un comportement très peu sérieux. Je profite de vos caméras et micros pour, disons, notifier, signifier à monsieur Boni Yayi qu’il ne doit plus mettre pieds sur ce site. Je vous prie de transmettre ce message à monsieur Boni Yayi qu’il ne doit plus mettre pieds sur ce site. Le site n’est pas encore ouvert au public, ce n’est pas encore un site en exploitation. Et, il lui est interdit… A la récidive, nous allons lui impliquer la rigueur de la loi. Il se serait comporté comme un vil individu et nous allons le traiter comme un vil individu. Si M. Boni Yayi a encore de l’énergie, moi je lui conseille d’utiliser son énergie à nous aider à payer les spoliés de Icc-services. Il n’a qu’à utiliser son énergie à nous aider à retrouver M. Urbain Dangnivo. Il n’a qu’à utiliser son énergie à nous aider à régler les scandales, les scandales scabreux qui se sont déroulés sous son régime (…) ». En voilà un extrait de la déclaration du ministre des Infrastructures depuis l’aéroport de Torou après le passage de l’ancien président. Il fallait écouter la version audio pour en savoir davantage sur le ton et la portée des mots utilisés. Au-delà même des « mises en garde », Hervé Hêhomey est allé jusqu’à faire des insinuations. A le suivre dans son intervention, il accuse l’ancien locataire de la Marina dans certains dossiers bien que pendants devant la justice. Sur ce point précis, qui a aujourd’hui en mains la justice ? De qui dépend désormais le Parquet ? Hervé Hêhomey, débordant d’énergie dans ses nouvelles fonctions, doit savoir raison garder.
Le cas Toboula…
Modeste Toboula, lui, profitant de l’occasion, a voulu montrer aussi ses biceps et triceps. Ainsi, le jeune préfet « tout puissant » du département du Littoral qui ne compte que la municipalité de Cotonou, s’est démultiplié dimanche sur les écrans de télévisions, mêmes certaines sur le Web. Dans un appel de pied pour sa mutation vers la partie septentrionale du pays aux fins de mieux « encadrer » les sorties de Yayi Boni ? Personne ne saurait donner la réponse exacte à cette question, sauf lui-même. Mais toujours est-il que le « préfet de Cotonou » n’a pas manqué de parler de l’ancien chef de l’Etat au cours de ses émissions télé. «(…) Si en tant que préfet nous n’avons pas reçu un écrit, des instructions dans ce sens. S’il n’est pas accompagné d’une autorité républicaine, soit du chef de l’Etat, d’un ministre (…) et que ça soit rendu officiel (…). Il ne peut pas le faire, en tout cas dans le Littoral. Il ne peut pas, et lui-même sait qu’il ne peut pas le faire parce que je suis en train d’apprendre qu’il veut visiter le marché Dantokpa, la route des pêches…J’ose bien croire que monsieur Boni Yayi ne ferait pas ça. (...) S’il le faisait, vous verrez ma réaction en tant qu’autorité préfectorale. C’est clair ? (…) Rire…Nous allons intelligemment le mettre à sa place (…) Nous, nous n’allons pas faillir à notre mission. En tout cas, pas sur le territoire du Littoral. Jamais !...». Ici également, le ton mais surtout les gestes du préfet sur le plateau en disent long. C’est une lapalissade d’affirmer que dans son one man show, Modeste Toboula est décidé à en découdre avec le prédécesseur de Patrice Talon. En tout cas, il ne lui fera pas de cadeau au cas où il « oserait » mouvoir n’importe comment de la lisière de Godomey jusqu’à là où commence Sèmè-Kpodji. Et pourtant !
Venons-en au dernier personnage
Jacques Ayadji, il n’est plus à présenter. Tellement il est connu que certains lui attribuent même le titre d’animateur ou de journaliste à cause de « son » émission matinale sur radio Tokpa surtout que c’est aux heures de boulot. Le syndicaliste du ministère des Infrastructures promu Directeur des travaux publics par la Rupture, a abordé aussi le sujet même si c’était via le téléphone. En dépit de ce qu’on continuait de diffuser l’intervention de son ministre qu’il a pourtant suivi pour aller sur le site de l’aéroport, Jacques Ayadji a tenu tout de même à être prolifique. Conclusion, des propos qui pourraient déstabiliser. Or, le peuple se souvient encore des prises de position du syndicaliste d’alors dans les affaires dites tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat sous Yayi Boni. Mieux, ses propos tenus au sujet de cet entretien du chef de l’Etat à la veille de la fête de l’Indépendance de 2012. Ayadji a-t-il mesuré la portée de certaines de ses déclarations faites lundi ? : « (…) Deuxième élément. Rappelz-vous que dans ce pays quand l’aéroport étaient en construction, il y avait des mauvaises langues entre griffes qui disaient que cet aéroport n’était pas en construction pour le peuple. Que c’est un aéroport qui pourrait servir de base arrière à quelqu’un au cas où il ne réussirait pas son projet que je ne vais pas rappeler ici. Alors, si ce personnage qui n’est plus au pouvoir aujourd’hui s’intéresse à cet aéroport, s’intéresse à comment les travaux s’exécutent, et bien il me donne l’occasion de créditer un peu sur cette thèse (…) Il faut savoir que c’est un chef de guerre (…) Pour faire un coup d’Etat dans un pays, que font les putschistes ? Ils maîtrisent l’aéroport ! Ils maîtrisent la télévision, ils maîtrisent la radio et ensuite ils prennent le cap sur où vous savez (…) Mais rappelez-vous que dans cet état (inachevé de l’aéroport Ndlr) Boni Yayi a organisé un vol inaugural. Donc si son objectif c’est de débarquer de l’armement sur cet aéroport pour pouvoir attaquer le système (…). Il veut aller voir si l’aéroport est prêt pour accueillir ce qu’il veut faire (…) La prochaine fois on ira le chercher. Ceux qui parlent-là, le jour où Boni Yayi va débarquer des armements pour commencer par tirer sur nous, ils seront où ? (…)» De son statut d’Ingénieur des ponts et chaussées, le voilà qui surfe désormais sur le champ des renseignements et les théâtres de guerre. Pourquoi dire tout ça sur les ondes un début de semaine ? Pourquoi Ayadji joue-t-il à faire peur aux Béninois ? N’est-ce pas lui-même qui a reconnu sur l’émission que le chef de l’Etat, à travers le ministre Hêhomey, a sifflé la fin de la récréation. Si c’était vraiment le cas, quelle mouche a dû le piquer dans son « couvent » pour qu’il soit obligé d’ouvrir une autre récréation? Après son recasement, Ayadji doit se taire et travailler à la pacification et au développement du pays. Encore qu’il n’est pas plus « Rupturien » ou « Talonniste » que d’autres. Tout le monde sait le combat qu’il a mené contre la candidature du désormais chef de l’Etat. N’eût été un soutien tardif à Abdoulaye Bio Tchané qui, au finish, a appelé à voter pour Patrice Talon, il serait où aujourd’hui ? Jacques Ayadji doit se rendre plutôt tous les matins à l’école de la sagesse de ABT puis de son mentor politique, Célestine Zanou qui depuis la fin de la présidentielle a opté pour le silence malgré sa verve qu’on lui connaît. Cela lui serait plus bénéfique que ses interventions radiophoniques fracassantes et de mauvais goût. En tout cas, à Patrice Talon de savoir ceux qui réellement lui rendent service.
Worou BORO