Avec la situation délétère dans laquelle vivent les populations depuis des années, elles sont confrontées à résoudre plusieurs équations qui, pour la plupart du temps, leur sont inconnues. Les plus résistants tiennent le coup, pendant que ceux qui perdent espoir se rabattent sur de généreux donateurs. Ajavon Sébastien Germain (ASG), richissime homme d’affaires béninois, dans la dynamique de donner un coup de pouce à ses concitoyens, a, depuis l’année 2010, créé une fondation. Elle s’occupe de façon formelle de l’assistanat. Directrice de cette structure au cœur d’or, Patricia Saïzonou épouse Pofagi fait la genèse de la fondation et le point des activités qu’elle a menées depuis sa création.
Nouvelle Expression : L’historique de la fondation Ajavon Sébastien Germain?
Patricia Saïzonou Pofagi : Le président Ajavon, l’initiateur, reçoit beaucoup de demandes de soutien de ses concitoyens, qui le sollicitent pour diverses raisons. Afin de répondre à ces appels, il a décidé de formaliser toutes ses nombreuses sollicitations en créant un creuset. Ce qui justifie l’initiative, qui a été officialisée en février 2010.
Depuis près de six ans que vous êtes à la tête de cette fondation, peut-on avoir une idée de vos réalisations ?
La fondation intervient dans quatre domaines principaux, à savoir l’éducation, la santé, les sports et loisirs ainsi que l’environnement. L’éducation consomme la plus grande partie de notre budget. A ce jour, nous avons déjà réalisé une trentaine de modules de salles de classe, aussi bien dans le primaire (où on réalise un module de trois classes plus bureaux et magasins) que dans les collèges d’enseignement général ou CEG (module de 4 salles de classe). A cela s’ajoute la maternité réalisée à Gbéhoué à Grand-Popo. Depuis 2010, nous avons pris, au niveau de la formation, la décision sur nous de soutenir les 10 meilleurs au CEP, dans la commune de Sèmè-Podji, en l’occurrence des garçons de la 6ème jusqu’en terminale. Cette première promotion planche pour le baccalauréat l’année prochaine, à l’exception d’un seul garçon qui a raté sa moyenne. Malheureusement, il sera sorti du lot pour cette défaillance.
En dehors de nos plans d’actions, nous répondons de façon ponctuelle à des sollicitations, des cas d’urgence. Par exemple, quand il y a eu un incendie qui s’est déclaré à So-Ava, à Sèmè-Podji, nous étions au chevet de ces sinistrés. Nous étions également à Grand-Popo, Comè et à Bopa pour soutenir ces concitoyens victimes des effets néfastes des inondations, avec des vivres. Nous venons également en appui, toujours de manière ponctuelle, à des instituts, tels que l’Institut pontifical, les Sœurs salésiennes de Don Bosco à Zogbo, une Organisation non gouvernementale (ONG) qui fait la promotion de la paix et bien d’autres. Il ne faut aussi pas perdre de vue l’activité organisée de concert avec la Miss Bénin, qui consiste à fêter Noël avec les enfants démunis. La Miss se charge de cibler la zone et nous lui apportons un appui conséquent. La fondation ASG était également aux côtés des pensionnaires du centre des personnes handicapées de Ste Rita, avec du matériel et des équipements.
Revenons au volet éducation avec le groupe de garçons que votre fondation parraine. Comment parvenez- vous à tenir le pari ?
Au début, notre objectif était de les garder au Centre international de foot Ajavon Sébastien (CIFAS) de Djeffa. C’était sans compter avec les problèmes que le président a eus avec le gouvernement et qui ont entraîné malheureusement la fermeture du centre. Ils ont juste fait une année et on s’est rabattus par la suite sur deux collèges privés, Gloria D à Ekpè et Notre-Dame de la Patience à Sèmè-Podji.
Dès la rentrée scolaire, nous leur achetons les fournitures scolaires et réglons toute la scolarité scolaire. Les parents, quant à eux, se chargent du suivi en leur prenant au besoin des répétiteurs, qu’ils assument eux-mêmes financièrement. Par contre, nous sommes souvent dans ces centres pour vérifier le travail abattu par nos apprenants. Nous réglons au besoin les problèmes qui surviennent. Entre-temps, il y avait un de nos protégés qui gérait un différend avec ses parents. Grâce à notre intervention, les esprits se sont calmés et le petit a repris les cours par la suite.
Une fois le bac obtenu, seront-ils laissés à leur propre sort, ou bien ils vont intégrer par la suite la prestigieuse école de formation ISST Ajavon Sébastien ?
Le contrat, en principe, s’arrête en terminale. Après le bac, les parents reprennent en charge la scolarité de leurs enfants. Peut-être que nous allons reprendre un autre groupe. Mais la décision ultime revient au président Ajavon.
Parvenez-vous à contenter toutes les sollicitations ?
Ce n’est pas évident. Par mois, nous recevons une dizaine de demandes, en moyenne. Nous sommes plus envahis lorsque nous menons une activité dans un milieu donné. Alors que par an, nous ne dépassons pas 10 projets. Ce qui fait que toute une pile de dossiers attend d’être élaborée. Il y a aussi un ami personnel du président Sébastien Ajavon, Michel Jestin, qui a une association « MJ pour l’enfance » en France et qui a promis au président de lui venir en appui, une fois à la retraite. Depuis donc deux ans, ce dernier, avec son association, réalise des modules de classe, des centres de santé, par le biais de l’association. A son actif, il y a déjà six à huit réalisations dans le domaine scolaire et quatre sur le plan sanitaire. Dans la seconde quinzaine du mois de septembre, il a annoncé son retour pour d’autres réalisations. C’est sa manière d’aider son ami Ajavon.
Des difficultés, vous en avez, mais pas forcément d’ordre financier ?
Les difficultés financières, nous n’en connaissons pas. Car le grand bailleur est le président Ajavon Sébastien. Mais il faut reconnaître que pendant toute la période électorale, c’était l’accalmie. Ce que nous rencontrons comme contraintes est plutôt le respect des engagements de la communauté. Quand nous lançons des projets de construction, la communauté s’engage normalement à jouer sa partition. Au niveau de la fondation, nous apportons le gros lot, les sous. Mais la communauté prend l’engagement de nous garantir les fouilles, le sable de remblai avec l’épandage ainsi que la fourniture en eau du chantier. Le problème à leur niveau est le sable de remblai. Parce qu’ils sous-estiment le travail, ils sont incapables de tenir leur engagement. Le sable de remblai est un casse-tête souvent pour eux. Ce qui entraîne le retard dans la livraison des modules de classe.
Qu’en est-il du suivi des infrastructures ?
Nous travaillons en étroite collaboration avec les mairies. Partout où nous devons entamer un projet, les maires sont à nos côtés. Il faut dire que la mairie initie une séance suivi-technique, avant tout projet de construction, par le truchement des services techniques de la Mairie. A la fondation, nous avons des techniciens qui sont sur le terrain. De temps à autre, une fois le chantier livré, nous faisons des visites pour voir si tout va bien. Avec l’entrepreneur, nous bénéficions d’un délai de six mois de garantie, au cours duquel il s’engage à faire toute réparation. Pour l’heure, nous n’avons pas encore eu de soucis sur un chantier. C’est l’œuvre divine.
Un appel à lancer ?
Les besoins sont tellement énormes que la fondation ne peut pas tout faire. Je profite de votre canal pour lancer un appel à toute la population béninoise, aux bonnes volontés, pour qu’on puisse aider l’école béninoise à s’éveiller. Même si c’est pour juste construire un module de classe. Il faut avoir vécu ces expériences pour en parler. Quand vous voyez les conditions de travail de ces apprenants dans des régions reculées, cela vous fend le cœur. Des enfants s’asseyent encore sur des briques et sans toit sur la tête en plein 21ème siècle pour étudier.
Au niveau de la fondation, nous sommes sept à conduire les destinées de cette noble initiative du président Ajavon : une secrétaire caissière, un responsable chargé des opérations, un chargé de la communication, deux conducteurs, un agent d’accueil et d’entretien.
Je ne saurais terminer sans remercier sincèrement le président Ajavon et son ami Michel Jestin, qui font de leur mieux pour venir en appui à la population démunie.