Les cérémonies officielles d’hommage au président Emile Derlin Zinsou ont démarré hier mercredi au Palais des congrès à Cotonou. Lire l’oraison du chef de l’Etat, Patrice Talon au patriarche.
ORAISON
Il n’y a pas de devoir plus responsable, quoique douloureux, que celui qui incombe à un Président de la République d’adresser l’ultime adieu à l’un de ses éminents et admirés prédécesseurs. Prendre la parole devant la dépouille d’un homme aussi grand n’est pas une tâche facile.
Mais si la charge ne me pèse point, le cœur ne m’étreint devant le prestige d’une vie au service de la nation.
Mesdames et Messieurs,
Il est d’adage universel que toute disparition est leçon. Celle de notre regretté Président est leçon d’un parcours de vie dont on se souviendra qu’il fut essentiellement construit autour des valeurs de conviction, d’audace et de témérité.
On retiendra en effet, et avec assurance, que le Président Emile Derlin ZINSOU a construit son parcours sur la fondation de convictions assumées et rarement ébranlées.
Pour éclore, toute conviction a besoin d’être nourrie par cette forme de hardiesse ou d’audace qui se transforme parfois en témérité.
L’audace et la témérité constituent des caractères que l’on attribuerait sans hésitation à l’illustre disparu.
Conviction, audace et témérité ont, en effet, marqué ses choix épiques, soit en faveur du non au référendum instituant la Communauté française, soit dans la renonciation aux fonctions de secrétaire général du Rassemblement démocratique africain (RDA) lors du congrès de Bamako.
Conviction, audace et témérité ont également marqué ses combats politiques internes et sa gestion à la tête de l’Etat.
Au-delà, Emile Derlin ZINSOU fut un homme pour qui la dignité a un sens. Dignité de sa personne et dignité de son peuple.
Nous savons tous que le Président ZINSOU a transformé son passage à la tête de notre Etat en une ode à la dignité.
Ce ne fût pas facile et, à n’évoquer simplement que son nom, des générations de nos compatriotes sont encore marquées par le souvenir de sa fermeté.
Les mesures et les procédés audacieux qu’il mit en place pour éloigner de notre Nation la culture de la mendicité furent peu appréciés.
Mais on l’aura compris et on le comprend davantage aujourd’hui que nul peuple n’assure sa liberté s’il ne détermine par lui-même les solutions essentielles à ses besoins existentiels.
Lorsque, dans ces conditions, vient le moment du suprême Adieu, il arrive que le peuple se lamente peu parce que le souvenir, assurément vif, laudatif ou critique, n’en est pas moins élogieux, surtout quand la grâce de la longévité n’a pas fait défaut.
La Nation honore son fils parce que celui-ci l’a honorée.
L’Etat révère son serviteur parce que celui-ci l’a révéré.
Et le repos, lorsqu’il est mérité, ne peut qu’être apaisant et apaisé.
Adieu tonton !
Adieu Président !
Adieu !