Le Chef de l’Etat est sûrement exaspéré par la confusion qui caractérise les actes administratifs depuis bientôt 5 mois qu’il est là. Il a décidé de faire le ménage en créant une superstructure chargée d’analyser et d’enregistrer des projets d’arrêtés ministériels et préfectoraux.
Plus rien ne devrait plus être comme avant dans l’Administration. En tout cas, les décisions administratives devraient connaître une nouvelle réorganisation. Le ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a annoncé la couleur lors de son point de presse hebdomadaire mercredi dernier. « Le Conseil a relevé que les actes réglementaires pris dans les ministères et les préfectures devront être en harmonie avec la politique de la Nation dans tous les secteurs pour lesquels ces actes sont pris. Ces actes doivent être aussi en harmonie avec les plans, les programmes et les projets de développement approuvés par le gouvernement. Lesdits actes devront également traduire la volonté d’une cohésion gouvernementale à toute épreuve. Pour renforcer cette cohésion et le suivi des actes administratifs, un mécanisme est mis en place à la présidence de la République à travers la création d’une cellule d’analyse et d’enregistrement des projets d’arrêtés ministériels et préfectoraux. Le Conseil a pris un décret à cet effet», a fait savoir Pascal Irénée Koupaki. Le président Patrice Talon réclame donc l’harmonie dans les décisions administratives. Il faut noter que dans certaines structures, plusieurs décisions avaient été contestées dès l’arrivée de l’équipe de la Rupture. Dans les ministères du Commerce, du Cadre de vie et de la Santé, des actes de suspension et de nominations ont été critiqués voire dénoncés par les fonctionnaires. Et dans certains cas, le gouvernement a dû faire un rétropédalage pour rétablir la quiétude. La gestion de certaines préfectures suscite aussi assez de polémiques. De nombreux administrés fustigent l’excès de zèle du Préfet du Littoral dans ses actions. Ce méli-mélo étale au grand jour un mauvais fonctionnement de l’Administration sous la Rupture. Et il était temps de bien recadrer les actes pris par les nouvelles autorités en mettant une superstructure pilotée depuis le palais de la Marina.
Par ailleurs, le gouvernement compte publier sous peu son programme d’actions. Et le Chef de l’Etat attend des résultats. Il veut sans doute que sa vision soit partagée par toutes les personnes occupant des postes de responsabilité. Patrice Talon a ses objectifs et il entend mettre la nouvelle cellule à contribution ; c’est une cellule qui jouera probablement un rôle prépondérant dans la réalisation des grandes orientations de la Rupture.
Contrôler les interventions des collaborateurs…
Au-delà de la volonté de contrôler les actes administratifs, Patrice Talon a senti le besoin de recadrer les déclarations intempestives voire incendiaires de certains collaborateurs fougueux. Ces dernières semaines, le préfet du Littoral, Modeste Toboula, le ministre des Transports, Hervé Hèhomey et le Directeur général des Travaux publics, Jacques Ayadji ont fait des déclarations à l’emporte-pièce. Ce sont des propos violents et des menaces prononcés contre l’ancien président Yayi Boni (Lire Matin Libre du mercredi 24 août 2016). De tels propos portent des gênes de conflits. Et face aux critiques essuyées dans l’opinion, Patrice Talon qui se veut un bonus pater familias, a manifestement décidé d’encadrer les interventions de certains faucons du nouveau régime qui veulent régler leurs comptes avec Yayi Boni. La Nation béninoise est en effet toujours en construction. Par conséquent, des déclarations va-t-en guerre ne peuvent que la fragiliser. Il n’est donc point besoin de souligner que la superstructure annoncée pourrait également servir à discipliner certains dignitaires de la Rupture. Espérons que les effets escomptés seront obtenus.
A.S