L’étau se resserre autour de Karim Souradjou, maire de la ville de Parakou. 19 conseillers sur 25 que compte la municipalité de Parakou veulent lui retirer leur confiance. Ils lui ont adressé hier mardi 30 août 2016, une motion de destitution.
Les jours de Souradjou Karim Adamou à la tête de la municipalité de Parakou sont-ils désormais comptés ? En tout cas, 19 conseillers exigent de lui une session extraordinaire pour le vote de défiance. Dans la motion de destitution, qui lui a été transmise hier, 19 des 25 conseillers demandent sans condition, le départ du maire pourtant élu à l’unanimité le 29 juillet 2015. L’autre pic, tous les trois (03) adjoints au maire et deux (02) chefs d’arrondissement sur trois (03) que compte cette municipalité sont également signataires de la motion de destitution dont une ampliation a été faite à l’autorité préfectorale de Parakou. C’est dire donc que l’exécutif de la Commune de Parakou a opté pour son remplacement de l’hôtel de ville. Dès lors que tout est fin prêt au sein du conseil municipal de Parakou, deux options s’offrent au maire Souradjou Karim Adamou. Soit, il décide de déposer le tablier de son propre chef en démissionnant. Soit, il se laisse destituer par ses pairs conseillers de toutes les tendances politiques qui siègent au Conseil municipal de Parakou. Donc, de deux choses l’une et cela revient au maire Souradjou Karim Adamou de faire son choix. Même le compte rendu de l’échec de la conciliation fait au ministre de la décentralisation n’émoussera pas l’ardeur des 19 conseillers qui sont plus que décidés à en finir avec leur maire. Il est reproché au maire Souradjou Karim Adamou, entre autres, son « incapacité à apporter des solutions idoines aux multiples et cruciaux problèmes auxquels la Commune est confrontée, la navigation à vue, une gestion solitaire des affaires de la cité et surtout une gestion opaque caractérisée par des commandes et contrats de marchés sans aucun respect des normes et dispositions du code des marchés publics. »
Hervé M. Yotto
(Br Borgou-Alibori )
Motion de destitution
Le 29 juillet 2015, Monsieur Karim Adamou Souradjou a été élu Maire de la commune de Parakou par 25 voix sur 25 pour redonner espoir à la cité des Kobourou qui venait de traverser de dures épreuves.Mais un an après sa prise de pouvoir, grande est la désillusion de la majorité des conseillers municipaux et des citoyens de la ville d’assister : (i) à une navigation sans boussole (navigation à vue) de la grande métropole et unique ville à statut particulier du nord ; (ii) à une gestion solitaire des affaires de la cité et surtout (iii) à une gestion opaque caractérisée par des commandes et contrats de marchés sans aucun respect des normes et dispositions du Code des marchés publics de notre pays.
– Considérant que l’élection de monsieur Karim Adamou Souradjou s’est faite à l’unanimité des 25 conseillers municipaux ;
– Considérant que la majorité des conseillers municipaux toutes tendances confondues ne se reconnait plus dans la gestion du maire Karim Adamou Souradjou et qu’il n’a plus le soutien de cette majorité ;
– Considérant les errances qui caractérisent la gestion actuelle de la Commune de Parakou ;
– Considérant l’incapacité du Maire Karim Adamou Souradjou à apporter des solutions idoines aux multiples et curieux problèmes auxquels la Commune est confrontée ;
Nous, conseillers municipaux de la Commune de Parakou signataires de la présente notion, décidons en toute responsabilité et sans aucune contrainte de retirer notre confiance à monsieur Karim Adamou Souradjou, maire de la Commune de Parakou.
Nous lui demandons en conséquence de convoquer par la même occasion une session extraordinaire dans un bref délai qui sera uniquement consacrée au vote de défiance à son encontre.
Parakou, le … août 2016
Ont signé
Ce que disent les textes
Pour destituer un maire, il faut bien avoir des motifs. Ces derniers se cristallisent sous la forme de crise de confiance. Dans ce cadre, la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des Communes en République du Bénin dispose en son article 53, ce qui suit : « En cas de désaccord grave ou de crise de confiance entre Conseil communal et le maire, le Conseil peut, par un vote de défiance à la majorité des 2/3 des conseillers, lui retirer sa confiance. Le vote a lieu à la demande écrite de la majorité absolue des conseillers. Le préfet, par arrêté, constate cette destitution. » Afin que cet article ne soit visé et qu’on assiste à la destitution anarchique des maires, comme ce fut le cas sous la première mandature, la destitution est organisée par le décret 2005-376 du 23 juin 2005 fixant les modalités de destitution du maire. L’article 3 dudit décret stipule : « Dans un délai de quinze(15) jours, à compter de la date d’enregistrement à la préfecture de la requête visée à l’article 2, (identique à l’article 53) le préfet met en place un comité de conciliation de trois(03) membres. » L’article 4 indique qu’ « au terme d’un délai de quinze (15) jours, à compter de la date de sa constitution, le comité de conciliation se réunit, procède à toutes auditions et constate par procès-verbal le succès ou l’échec de la tentative de conciliation. Ce procès-verbal est dûment signé par tous les membres du comité de conciliation. La liste des participants à la séance de conciliation est annexée audit procès-verbal. » Au terme de cette démarche, l’article 5 renseigne qu’ « il y a désaccord grave et crise de confiance, lorsque les tentatives de conciliation ou de médiation ont échoué. » Dans ce cas de figure, l’article 7 dispose : « En cas de non conciliation, le Maire a l’obligation de réunir sans délai le Conseil communal ou municipal pour enclencher le processus de destitution prévue à l’article 53 de la loi n°97-029 du 15 janvier 1999. »