Nourou-Dine Saka Saley et Guy Mitokpè sont-ils devenus des cibles pour certains caciques du régime de la Rupture ? Le premier pour avoir émis des critiques sur le caractère non opérationnel de la Cellule administrative de screening des arrêtés préfectoraux et ministériels est débarqué du navire de la Rupture sans aucune autre forme de procédure. Le Conseiller technique en charge du secteur privé et de la promotion de l’entreprise, l’entrepreneuriat et l’emploi auprès du Ministre d’État du Plan et du Développement, n’aura même pas bénéficié d’un petit avertissement. Son péché, c’est de ne pas faire part de ses appréhensions à son mentor politique et en même temps hiérarchie avant de les étaler sur les réseaux sociaux. Avant lui, le député Guy Mitokpè invité sur Café média, une rencontre d’échanges et de discussion des professionnels des médias, n’a pas ménagé le gouvernement de la Rupture par rapport aux errances constatées en début de mandat. La rapidité avec laquelle le Nouveau départ a réglé son compte à Nourou-Dine Saka Saley fait penser que s’il n’était pas un député, Guy Mitokpè aurait également essuyé le courroux des autorités actuelles pour avoir osé faire des critiques de l’Intérieur. Mais tout comme Nourou-Dine Saka Saley, le jeune député de la 16e circonscription électorale, depuis cette sortie, est devenu une proie pour certains caciques de la Rupture. Le suppléant de Candide Azannaï est dans le viseur et les réflexions se poursuivent pour voir comment le sanctionner. Ce qui fait croire que sous la Rupture, la critique, quand elle vient de l’intérieur, n’est pas tolérée. Pourtant d’autres jeunes loups qui, comme Nourou-Dine Saka Saley et Guy Mitokpè ayant mouillé le maillot pour l’avènement du régime de la Rupture se donnent, tous les jours sur les réseaux sociaux, cette liberté sans que cela ne soit considéré comme un crime. La sanction infligée à Nourou-Dine Saka Saley et l’acharnement dont fait objet le député Guy Mitokpè ne sont donc rien d’autre que la conséquence de la guerre de leadership qui fait actuellement rage au sein des forces politiques qui composent le gouvernement. Là où on ferme les yeux sur les avis parfois critiques des jeunes proches d’un super ministre, d’autres sont cloués au pilori pour avoir la critique aisée. On comprend alors qu’au sein de la Rupture, il y a les uns et il y a les autres.
Pourtant tout comme les partisans du super ministre, Nourou-Dine Saka Saley et Guy Mitopkè se sont investis pour porter Patrice Talon au pouvoir. Les Béninois ont encore en mémoire le combat mené par ces jeunes contre le régime Yayi. Tout comme son mentor Candide Azannaï, le député Guy Mitopkè était aux premières loges de cette escarmouche. Le 04 mai 2015, lors de la tentative manquée d’arrestation de Candide Azannaï, Guy Mitokpè est le seul qui est resté pour affronter les forces de l’ordre. Au risque de sa vie, et aux côtés de son mentor pendant que certains avaient pris leur jambe à leur cou. Au moment où le pouvoir était en déliquescence, il a défendu avec bravoure ses convictions devant le puissant appareil d’Etat du régime défunt. Mais comme le disait John Fitzgerald Kennedy, la victoire a plusieurs pères, seule la défaite est orpheline. Aujourd’hui, il y a comme une vendetta au sein du gouvernement qui cherche à ranger au placard les vrais acteurs de la Rupture. Et Guy Mitokpè ne mérite pas un tel traitement. Le Chef de l’Etat Patrice Talon doit écouter ce jeune dont les critiques objectives ne visent qu’à remettre la Rupture sur le droit chemin. Il doit éviter le piège des fausses fiches qu’on lui glisse dans le but de le faire changer d’opinion sur ses soutiens de premières heures.
Chérif Olatoundji