Ce 31 août 2016, le Béninois Patrice Talon et Paul Kagame donnent une conférence de presse conjointe à la presse locale et internationale. Une journaliste Stéphanie Aglietti de RFI-AFP
évoque des contrastes entre le modèle économique rwandais prôné par Kagame avec une transformation fulgurante de l’économie et le modèle démocratique béninois de Talon qui propose un mandat unique au pouvoir.
Le Président Patrice Talon flaire le piège de la journaliste et, avec les contours précis de sa question, il montre comment contextuellemet ici un seul mandat sied quand ailleurs cela peut aller à plus…
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« C’est une question à laquelle je vais répondre sans pudeur. Les Communautés humaines, les peuples, quel que soit l’homme qui n’est pas un animal mais un animal pensant, quelle que soit l’époque, région, histoires ; c’est le contexte dans lequel il vit au moment où il a besoin de prendre des lois. Ce sont ses besoins qui déterminent la pertinence des choix des lois qui organisent la cité, qui organisent donc la vie ensemble.
Ce qui est pertinent aujourd’hui au Bénin ne l’est pas forcément en Chine, en Lybie, en Espagne au Rwanda aujourd’hui.
Les lois fondamentales aujourd’hui qui organisent les sociétés, elles fonctionnent d’un ensemble de paramètres qui fait qu’à chaque instant les personnes qui sont les plus éclairées observent et proposent les réformes. L’important c’est que cette réforme soit destinée à une vie harmonieuse de la société. On a des schémas stéréotypés qu’on veut imposer au monde entier. On peut créer de la catastrophe. Nous sommes actuellement confrontés à des défis très sérieux en Afrique. Vous savez que certains pays ont été démantelés au bénef d’une pensée,… d’un intérêt… mais aujourd’hui ça nous crée des dommages que chaque fois, avant d’imposer un modèle à une communauté, il faut avoir l’humilité de tenir compte de paramètres que j’ai évoqué tantôt.
C’est bien pour cela Madame que le Bénin a fait une conférence des forces vives de la nation en 1990. Nous avons prôné un modèle. Des décennies après, j’expose que ce modèle soit amendé parce qu’il génère de la perversion. J’ai justifié qu’elle répond à une préoccupation particulière… la volonté de s’éterniser au pouvoir génère un clientélisme absolu, une mauvaise gouvernance de sorte que la vie n’est plus structurée. Si vous connaissez le Benin, vous allez comprendre ce que je dis. L’une des solutions que je propose pour inverser le côté pervers de notre modèle est de ne plus permettre à ceux qui ont la charge pendant un temps d’être obnubilé par la volonté de revenir.
J’ai dit au cours de l’une de mes conférences de presse que ce que je souhaite enlever, ce à quoi j’appelle mes concitoyens à réfléchir, c’est la notion au Bénin de renouvellement. Qu’un mandat dure dix, vingt, trente ans, il ne faut pas que le jour où il est élu, dès l’instant où il prête serment, tout ce qui le préoccupe, tous les paramètres de décision de gouvernance reviennent aux stratégies d’être réélu pour un autre mandat exclusivement. Tout cela est contre la bonne gouvernance, à la rigueur, à la bonne gestion, à l’implémentation de ce qu’il faut pour le progrès.
Je viens de l’économie, je n’ai pas l’étoffe de la diplomatie, du politiquement correct. Je ne vais pas changer. J’ai dit au cours d’une conférence que le Bénin est arrivé à une étape où la monarchie est meilleure au modèle qui était dans mon pays. Je caricature. C’est pour ça que je réforme le modèle parce que la démocratie dans mon pays est incomplète. »
Source : Igihe