Une plus grande considération du consommateur

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Publié le jeudi 8 septembre 2016 | La Presse du Jour

La Sobébra traverse en ce moment une période critique. A cause de l’invasion de Goldberg, une bière brassée au Nigeria et très appréciée par les Béninois, des emplois sont menacés à la Sobébra. Malheureusement, la répression inintelligente pour laquelle les autorités béninoises ont opté aggrave la situation. Dans l’opinion publique, le sentiment anti-béninois se développe et prend de l’ampleur. Mais à la vérité, le problème n’est pas Goldberg. Le Problème est ailleurs. Il suffit de réfléchir et la solution sera trouvée.

Oui ! On me dira que pour les autres breuvages qui inondent les marchés, l’Etat collecte des impôts et des taxes alors que Goldberg et ses apparentés entrent frauduleusement sur le territoire béninois. C’est vrai et cela pourrait justifier l’initiative prise par le ministère du commerce et la Direction générale des douanes et des droits indirects de traquer Goldberg.

Seulement, à voir la manière dont elle est conduite, cette traque ne donnera rien puisque Goldberg est toujours dans les bars à la portée de toutes les bourses malgré les saisies qu’opèrent tous les jours les douaniers. Comme cela a été le cas dans la lutte contre l’essence de la contrebande, la lutte contre la bière du Nigeria qui bénéficie d’une publicité gratuite à lui faite par la Sobébra pourrait s’avérer vaine, surtout que ce sont les mêmes bières saisies qui alimentent les bars par des circuits que je ne révèlerai pas ici.

Pendant des années, les Béninois ont adopté leur bière malgré l’existence d’autres breuvages venus d’ailleurs, notamment du même Nigéria. Star, Gulder, Club, Harp…ont toujours inondé les marchés béninois. Mais jamais les Béninois n’ont abandonné leur bière « La béninoise ». Pourquoi la Sobébra n’avait-elle pas crié haro sur le baudet ?

La situation est beaucoup plus compliquée. Ce n’est pas en engageant la traque que les Béninois cesseront de boire Goldberg. Il faut plutôt changer de fusil d’épaule : mettre par exemple les consommateurs au cœur du combat. Non pas pour filer les contrebandiers de Goldberg, mais pour une mission plus pointue. Il faut que la Sobébra mette au cœur de sa stratégie les consommateurs. Ce qui n’est pas souvent le cas. Il fut un temps les petites bouteilles de la Béninoise ont disparu sans que le consommateur ne soit averti. Il a fallu que Libs annonce l’envoi de petites bouteilles de son breuvage sur le marché pour que la Sobébra ramène les petites bouteilles de la Béninoise.

Je suis Béninois. Je ne peux que plaider pour la prospérité des entreprises béninoises. Je soutiens donc le combat de la Sobébra. Mais il faut aussi qu’elle sache que les consommateurs comptent pour beaucoup et qu’il faut être à leur écoute. Dans le cas présent, il n’y a pas matière à s’alarmer. Il faut aller à la rencontre des consommateurs. Comprendre pourquoi ils ont un amour fou pour Goldberg. Ceci permettra de prendre des décisions qui vont satisfaire leurs besoins. « La Béninoise » est un label et elle continuera par l’être si le consommateur est bien écouté et ses aspirations prises en compte.

Je ne suis pas spécialiste d’étude de marché. Je suis un simple observateur. Et mes observations m’ont amené à constater qu’il y a un gros segment sur lequel la Sobébra n’est pas présente. C’est celui de la bière sans alcool. Beaucoup de Béninois en consomment. Ils affectionnent d’ailleurs une marque dont je ne vais pas citer ici le nom. Un tour dans les buveries (buvettes) vous permettra de vous en rendre compte.

Rien n’est encore perdu. On peut sauver « La Béninoise », notre « Béninoise » en agissant ensemble avec les consommateurs sur certains paramètres et en innovant. « La Béninoise » sans alcool manque sur nos tables. Ce sera une nouveauté qui fera oublier Goldberg. C’est une piste. Ensemble explorons-là.
C’est mon cri de cœur !

Affissou Anonrin