L’Aide publique au développement (Apd) n’est plus vraiment la panacée. Le nord et le sud, mais aussi le sud lui-même doivent désormais s’inscrire dans une démarche économique fructueuse axée sur un investissement structurant, facteur de développement et de progrès pour tous. Au cours de son allocution en Chine, le président de la République l’a rappelé plus en détail.
La meilleure collaboration, affirme-t-il, est celle qui favorise un investissement accru avec une part importante à la création réciproque de richesse. « L’aide au développement doit s’exprimer par l’incitation des entreprises publiques et privées à investir en Afrique », a déclaré l’actuel président. Partenaire stratégique du Bénin, la Chine pourra se positionner selon les lignes du discours du Chef de l’Etat, comme un partenaire économique de poids. « J’appelle les entreprises publiques et privées de la Chine à s’intéresser à ce beau et dynamique pays de l’Afrique de l’ouest. Nous ne manquerons pas, mon gouvernement et moi, d’entreprendre activement les potentiels investisseurs chinois ». Il s’agit donc d’un nouvel axe de promotion d’investissement que prône le Nouveau départ et qui place l’initiative privée au cœur des priorités avec une part importante à l’investissement massif dans l’économie. Au-delà de la Chine, le président béninois entend promouvoir ce modèle dans le cadre des axes de développement. « L’aide au développement doit également aider. J’invite par ailleurs le gouvernement et les institutions financières internationales et la Banque chinoise de développement, à accompagner de façon volontariste ce nouvel axe de promotion de développement. Mais tout ceci ne sera que vain mot si le cadre légal et réglementaire n’est pas incitatif. Tout ceci sera un vœu pieux si la gouvernance se porte mal. L’actuel gouvernement en a pleine conscience. Au cours de son allocution, le président Talon a tenu à rassurer le gouvernement chinois quant à la bonne gouvernance ainsi que la détermination des nouveaux dirigeants à transformer structurellement l’économie de ce pays. C’est sans doute le point de départ pour un nouveau contrat de partenariat fructueux et productif entre les deux pays. Lire ci-dessous, l’intégralité de l’intervention de Patrice Talon à Guangzhou.
AT
Discours du président Patrice Talon à
la cérémonie d’ouverture du 2ème
"Forum investir en Afrique" (Guangzhou-Chine)
Excellences Mesdames et Messieurs les chefs d’Etats et de Gouvernement ;
Monsieur le Vice-premier ministre de la République Populaire de Chine ;
Monsieur le Premier Secrétaire de la Province de Guangdong ;
Monsieur le Gouverneur de la ville de Guangzhou ;
Monsieur le Président du Groupe de la Banque mondiale ;
Monsieur le président de la Banque chinoise de développement ;
Distingués participants ;
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais avant tout propos remercier les autorités chinoises pour l’accueil et l’hospitalité dont ma délégation et moi-même sommes l’objet depuis notre arrivée en terre chinoise.
Il me plait également de féliciter les uns et les autres pour l’initiative et la qualité de l’organisation du présent Forum.
Mesdames et Messieurs,
La lutte contre la pauvreté et la promotion du développement humain constituent désormais la préoccupation de tous en vue d’un bien-être partagé dont le développement économique est le facteur essentiel.
Il est aujourd’hui incontestable que l’investissement productif rentable est le vecteur le plus efficace du développement économique.
L’Afrique ne fait pas exception à cette règle. En effet, malgré l’aide publique au développement dont elle a substantiellement bénéficié comme axe quasi exclusif de promotion du développement économique, les résultats escomptés n’ont pas été obtenus.
L’investissement productif financièrement rentable s’impose désormais pour arrimer le continent africain au reste du monde.
La plupart de nos pays sont aujourd’hui prêts et constituent un champ favorable pour un tel investissement.
Mon pays le Bénin en est une illustration. En effet, depuis bientôt un demi-siècle, le Bénin jouit d’une stabilité sociopolitique remarquable.
De 1972 à 1990, le Bénin a connu un régime politique d’économie planifiée à parti unique. En 1990, à travers une conférence nationale ayant réuni l’ensemble des forces politiques, militaires, syndicales et civiles, le Bénin a opté pacifiquement et de manière consensuelle pour un régime de multipartisme à économie libérale.
Depuis lors, quatre régimes se sont succédé à travers six élections présidentielles libres et transparentes. La toute dernière ayant conduit à mon élection en Mars dernier, a enregistré vingt-six candidatures. Malgré ce grand nombre de candidats, les résultats du premier tour n’ont donné lieu à aucune contestation. Il en a été de même pour le second tour où le candidat perdant, porté par le régime sortant, a reconnu sa défaite et félicité le Président élu moins de dix heures après la fermeture des bureaux de vote.
Cela montre à souhait la maturité et la stabilité politique qui caractérisent le Bénin.
Sur le plan sanitaire, le Bénin dispose d’un environnement rassurant comme en témoignent l’absence d’épidémies majeures et un taux de prévalence du Vih inférieur à 1.2%, l’un des plus faibles d’Afrique.
Le Bénin n’est pas doté de ressources naturelles significatives. Cependant, ses autres atouts sont innombrables.
Sur le plan touristique, son parc animalier, son patrimoine culturel vodoun, ses villages lacustres, son potentiel balnéaire et les vestiges de sa cité historique, jadis comptoir de la traite des esclaves, le positionnent comme une destination privilégiée pour les investissements touristiques rentables.
Sur le plan agricole, la diversification et la modernisation en cours feront du Bénin une puissance agricole régionale à fort potentiel avec de réelles opportunités d’investissements.
A tout cela s’ajoutent le dynamisme des Béninois ainsi que la bonne gouvernance et la détermination des nouveaux dirigeants à transformer structurellement l’économie de ce pays, qui il faut le rappeler, est la porte d’entrée sur le marché Nigérian riche de près de 200 millions de consommateurs.
C’est pour cette raison que du haut de cette tribune, j’appelle les entreprises publiques et privées de la Chine à s’intéresser à ce beau et dynamique pays de l’Afrique de l’Ouest. Nous ne manquerons pas, mon gouvernement et moi-même, d’entreprendre activement les potentiels investisseurs chinois.
J’invite par ailleurs le gouvernement et les institutions financières chinois, ainsi que les institutions financières internationales comme la Banque Mondiale et la Banque Chinoise de Développement, à accompagner de façon volontariste ce nouvel axe de promotion du développement.
Mesdames et Messieurs,
Il serait illusoire de croire que l’investissement productif et rentable se fera en Afrique de manière spontanée et massive sans un accompagnement fort des États et des institutions financières de développement.
L’aide au développement doit s’exprimer également par l’incitation des entreprises publiques et privées à investir en Afrique.
Dans ce cadre il est indispensable, entre autres, que les investissements structurants puissent bénéficier de financements longs ; or la persistance de la perception de risques élevés dans la plupart de nos pays, rendent ces financements pratiquement inaccessibles aux entreprises désireuses d’investir en Afrique.
Mesdames et Messieurs,
Je garde l’espoir que notre Forum sera le point de départ d’un nouvel engagement pour le développement de l’Afrique par des investissements productifs et rentables auxquels nos pays sauront désormais répondre.
Je vous remercie pour votre attention.