Le maire de Parakou est sur la sellette. Et sous le vent de destitution, la ville phare du Septentrion s’adapte à de nouvelles certitudes. Devant la levée de boucliers de la très grande majorité des conseillers municipaux, Karim Souradjou passe ses derniers jours à la tête de la cité des Kobourou. Dans l’œil du cyclone, le successeur de Soulé Allagbé ne devrait pas échapper au naufrage. Sur un siège éjectable, son sort semble scellé. Dix ans après la chute de Rachidi Gbadamassi, Parakou s’apprête à vivre la fronde punitive des élus.
Sauf improbable séisme, le maire Karim Souradjou devrait perdre son fauteuil. A force d’instaurer une gestion glaçante, il a congelé les espérances. La procédure de sa destitution est déjà enclenchée. A l’origine du compte à rebours, une motion de destitution signée par 19 des 25 conseillers. Le document véhicule une exigence implacable, celle d’une session extraordinaire pour le vote sanction. Élu maire à l’unanimité le 29 juillet 2015, Souradjou vit désormais les affres de l’isolement. La force de la motion de destitution tient à l’implication des conseillers, toutes tendances confondues. Même les élus Fcbe, donc les proches de Yayi, veulent la peau du maire cauri. Preuve que le ressort Souradjou est cassé et qu’il est finalement emporté par la crise de confiance. Les jonglages l’ont plongé dans l’abime.
Les 19 conseillers signataires de la motion de destitution dénoncent « la navigation à vue », « la gestion opaque », du maire. La gouvernance solitaire a attisé l’exaspération de la majorité et condamné le chef du conseil municipal à la déchéance. Il faut tirer les leçons de la situation à la mairie de Parakou. Souradjou ne répond plus aux aspirations de la majorité et il devrait se plier à cette évidence. Exposé aux salves de 19 conseillers et claudiquant sur de supports impopulaires, il n’a plus son destin en main. La chevauchée a généré d’énormes frustrations et fait monter l’adrénaline au conseil municipal.
Les symptômes du malaise s’étendent à l’infini sous le règne d’un maire rejeté et voué à descendre du perchoir. La page Souradjou est maintenant en passe d’être tournée. On est dans l’inexorable logique de destitution. Tous les ingrédients sont réunis pour que Parakou s’ouvre au chapitre d’un nouveau maire. Le pôle Souradjou est dépeuplé en raison de la gouvernance désarticulée légitimement sanctionnée par la tendance à la motion de défiance.
Les jeux sont potentiellement faits à Parakou. La faute au maire qui a dilapidé le capital confiance hérité de sa brillante élection à la tête de cette ville à statut particulier. Seul contre tous, il fait les frais de l’obstination dans les maladresses. Lâché par les trois adjoints au maire, la majorité des chefs d’arrondissements et des amis politiques, il ne lui reste qu’à sortir par la porte la moins humiliante en remettant vite la clé de l’hôtel de ville avant le glaive de la destitution.
Si la tête du maire est mise à prix, c’est parce que, à la lecture de la motion de destitution, il marche sur la tête avec une gestion renversante et une copie truffée de ratures. Promis à une raclée, Souradjou a le dos au mur. Il n’ira visiblement pas au bout de son mandat. Son départ est presque acté.
Sulpice Oscar GBAGUIDI