Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance au Bénin (Unicef), en synergie avec le ministère en charge des Affaires sociales et la direction de l’Observatoire de la famille, de la femme et de l’enfant (Offe), a procédé jeudi 15 septembre, à la dissémination « des résultats de l’étude sur la prostitution et la pornographie impliquant les enfants dans les villes de Cotonou et de Malanville ». Ladite étude peint le phénomène dans ses déterminants, ses manifestations et les actions urgentes à mener pour corriger le tir.
Réalité effarante au Bénin ! La prostitution et la pornographie impliquant les enfants déciment la vie des victimes et la société béninoise. L’écho de ce phénomène se fait persistant dans les villes de Cotonou et de Malanville, véritables pourvoyeuses de ces mains d’œuvres infantiles. Une gangrène pour laquelle l’Unicef a placé la lutte au cœur de ses actions afin de faire un éclairage sur le phénomène et interpeller les consciences. L’aperçu global du visage de la prostitution dans les deux villes identifiées, révèle 32 sites de prostitution et de pornographie impliquant les enfants à Malanville et 1039 à Cotonou. Il en ressort que les filles de 10 à 17 ans constituent la principale cible de cette gangrène qui non seulement assombrit leur avenir, mais déshonore également le Bénin.
Selon l’étude, les causes de ce fléau résident dans l’environnement familial, la pauvreté, les difficultés liées à l’accès à l’éducation de même que les inégalités du genre, explique la représentante résidente adjointe de l’Unicef au Bénin, Isabelle Sévédé-Bardem. La même source dénonce également la difficulté d’application des textes de loi qui répriment la prostitution et la pédopornographie.
A ces causes, le directeur de l’Observatoire de la famille, de la femme et de l’enfant (Offe), Maxime Kassoumou, ajoute le contexte d’insécurité affectif, le déficit alimentaire, vestimentaire et ludique et une situation familiale largement déséquilibrée. Toutes choses qui poussent les enfants vers ces milieux mafieux.
La réalisation de l’enquête de « dissémination des résultats de l’étude sur la prostitution et la pornographie impliquant les enfants dans les villes de Cotonou et de Malanville » part du constat selon lequel, le phénomène reste peu documenté et suscite peu d’intérêt au sein des pouvoirs publics, alors que le Bénin est cité parmi les pays au sein desquels il continue de se développer, se désole-t-il.
« Longtemps rendu invisible par les us et coutumes, l’immaturité des victimes et la faible réactivité de l’Etat, ce phénomène s’est développé à l’ombre de la pauvreté, de la méconnaissance des droits des enfants, du mimétisme et de la dégradation des cadres sociaux intégrateurs», renchérit le ministre en charge des Affaires sociales, Adidjatou Mathys. La nécessité de mettre en place des actions efficaces et d’envergures pour extirper le phénomène du Bénin sonne donc comme une urgence.
Pour infléchir les tendances à l’implication des enfants dans la prostitution et la pornographie, le rapport recommande aux pouvoirs publics de renforcer l’application des lois et d’installer des mesures de répression et de poursuite des auteurs et promoteurs de ce phénomène. Aussi, préconise-t-il la promotion des mécanismes de gestion et de prise en charge des enfants et le renforcement des infrastructures éducatives et socio-économiques dans les localités de provenance des enfants.
Au-delà de ces recommandations, le ministre en charge des Affaires sociales, Adidjatou Mathys, prend acte des challenges concernant la promotion et la protection des droits de chaque enfant et s’engage au nom du gouvernement à jouer efficacement sa partition, pour éradiquer le phénomène. «Cette étude nous met face à nos responsabilités et nous incite à agir, car l’ampleur du phénomène ainsi que les profils des acteurs, notamment les enfants, ne doivent laisser personne indifférent, au risque de voir notre société sombrer dans l’abîme», prévient-elle.