Le partenariat au développement hollandais est de retour au Bénin. Après le retour suite à la suspension par les Pays-Bas de sa coopération bilatérale suite au scandale du Programme pluriannuel d’appui au secteur eau et assainissement (Ppea II) d’une valeur de 66 millions d’euros, pour financer l’accès à l’eau potable en milieu rural et urbain, les populations bénéficiaires peuvent pousser un ouf de soulagement. Les assurances données par les nouvelles autorités béninoises ont permis aux Pays-Bas de revoir leur position. A travers un accord de financement signé pour une durée d’un an, jeudi dernier, et un montant de 6 milliards de francs Cfa destiné à la réalisation des ouvrages d’eau potable dans 21 communes du Bénin et au renforcement des infrastructures de la Société nationale des eaux du Bénin (Soneb) à Abomey-Calavi, c’est la crédibilité et l’engagement du gouvernement de la rupture à mener une lutte implacable contre la corruption qui sont récompensés.
Sans doute, la fermeté du gouvernement Talon dans un cas similaire notamment l’affaire de plus de soixante-onze (71) millions Cfa non justifiés révélée par les audits commandités par la Confédération helvétique dans le dossier mise en œuvre des activités d’alphabétisation au Bénin en est pour quelque chose. Au risque de perdre un financement de 12 milliards de la Suisse, le gouvernement Talon n’a pas fait dans la dentelle. « Relèvement des deux agents comptables concernés de leurs fonctions ». « Saisine de la Brigade économique et financière avec une mise en demeure des personnes en cause ». « Transmission des pièces et informations nécessaires à l’Agent judiciaire du trésor ».
Une reprise conditionnée…
Pour ce qui est des Hollandais, le gouvernement Talon est désormais à l’épreuve de son engagement à respecter les conditions de reprise de la coopération. Ne pas transiger sur les mesures préventives visant à empêcher qu’une telle fraude ne se reproduise. Voilà désormais le défi lancé aux gouvernants béninois à travers cette main tendue hollandaise. Car, si le dispositif de décaissement des fonds répond à plusieurs contrôles fiduciaires et techniques avec un suivi rapproché de l’assistance technique dans le but d’atténuer les risques de fraude et de corruption, il faut tout de même que les mesures préventives et le suivi soient à la hauteur de l’ingéniosité des champions en concussions.
En tout cas, le président Patrice Talon et le ministre des affaires étrangères, Aurélien Agbénonci ont de quoi être motivés quant à la préservation des acquis des coopérations bilatérales avec les partenaires au développement, notamment avec les Pays-Bas. Car, sur la période 2014-2017, les Pays-Bas prévoyaient d’injecter dans le développement du Bénin, plus de 145 millions d’euros, dont 74 millions pour l’accès à l’eau potable et l’assainissement et 50 millions pour la sécurité alimentaire. Alors, au gouvernement de la rupture d’éviter qu’au cours de son mandat, la coopération avec ces pays qui apportent beaucoup au Bénin en matière d’aide aux populations ne prenne un coup. Et dans le contexte du Nouveau départ et d’une diplomatie plus offensive, vaincre la fatalité serait synonyme de réchauffer les coopérations existantes et rallumer la flamme de celles éteintes. Le Danemark est encore dans les esprits. Au gouvernement Talon de démontrer qu’avec la rupture, les partenaires au développement, après des fonds injectés pour apporter leur aide aux plus pauvres, peuvent dormir sur leurs lauriers.