Le conseil des ministres a décidé dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme de la nouvelle carte universitaire, de construire et d’équiper trois amphithéâtres pour soutenir les universités d’Abomey-Calavi et de Parakou, ‘’qui devront recevoir dès la rentrée 2016-2017, de nombreux étudiants en provenance des centres universitaires fermés’’. Une décision salutaire quand l’on sait que les universités publiques du Bénin ploient sous le poids des effectifs pléthoriques. Ce qui d’ailleurs constitue un handicap majeur à la mise en œuvre du système Lmd. Toutefois, il se pose un certain nombre de problèmes. Que fera-t-on, en attendant que ces d’infrastructures qui, à coup sûr, ne sortiront pas de terre comme des champignons soient prêtes à accueillir les différentes vagues d’étudiants ? Car, c’est une évidence qu’après la décision du conseil des ministres en date du 16 septembre dernier, il faudra s’attendre à des procédures administratives corsées pour ce qui concerne la sélection des prestataires et par ricochet le démarrage effectif des travaux de construction des infrastructures d’accueil en question alors même que la rentrée universitaire s’ouvre courant le mois d’octobre, ou au plus tard en novembre.
La charrue avant les bœufs
Il faut rappeler qu’au-delà de toutes considérations politiques, la décision de la création de ces centres universitaires par le régime Yayi visait prioritairement à désengorger l’Université d’Abomey-Calavi. Et pour un retour à la case départ, avec la nouvelle carte universitaire que propose la rupture, la logique aurait voulu que l’on prenne des dispositions en amont pour ne pas tomber dans les mêmes travers. C’est d’ailleurs ce à quoi l’on s’attendait au regard du compte rendu du conclave gouvernemental du 27 juillet qui a décidé de cette réforme, ainsi que des appréhensions des députés à ce sujet. « Pour soutenir la mise en œuvre de la nouvelle carte universitaire publique, le conseil a décidé de mettre en place un programme spécial de financement, de développement de l’enseignement supérieur dans notre pays. Ce sera dans le budget 2017 ». Voilà l’extrait du conseil des ministres de ce 27 juillet qui laissait croire que l’on prendrait le temps pour remplir les conditions nécessaires à la mise en œuvre de cette réforme. Pour l’heure, le budget 2017 n’est pas encore en étude au parlement. Ce qui signifie que les députés auront leur mot à dire sur la question. Ils ont d’ailleurs souhaité un séminaire gouvernement-parlement pour statuer de façon définitive sur cette réforme qui a soulevé beaucoup de questionnements à l’hémicycle.
Mieux, la situation de crise qui prévaut à l’Uac avec l’invalidation de l’année à la Flash pour les mêmes raisons devrait inspirer les décideurs. Le problème de la gestion des effectifs dans les universités publiques se pose depuis fort longtemps. Et en décidant de la création de deux grandes universités pluri thématiques à savoir celles de Parakou et d’Abomey-Calavi, le gouvernement consent sans doute que les conséquences seront lourdes pour universitaires, parents et étudiants. Il faut réfléchir et agir pour ne pas faire souffrir le martyr aux apprenants qui devront rejoindre ces centres. Cela est gage d’une année académique sans perturbation.
Arnaud DOUMANHOUN