Le scandale du carburant toxique commercialisé par des firmes suisses sur le continent africain est un nouveau crime contre les pays concernés, dont le Bénin. Révélé par l’Ong suisse Public Eye, il n’a pas encore suscité de réaction officielle. On se demande alors comment le gouvernement réagira.
Alors que le sujet est largement débattu dans les autres pays où l’enquête s’est déroulée, en particulier au Mali où des manifestations ont éclaté et au Sénégal, le Bénin reste curieusement discret. Les organisations pour la défense des consommateurs, la société civile, le gouvernement, les syndicats, les parlementaires et même la presse n’en font pas une préoccupation. L’alerte est donnée depuis quatre voire cinq jours, mais aucune prise de position, ni d’action. Aucune voix autorisée ne s’est élevée pour demander des comptes aux sociétés épinglées par le rapport de l’Ong Public Eye, la structure qui a réalisé l’enquête. Le carburant servi à la pompe dans les différentes stations contiendrait des produits toxiques avec une forte teneur en soufre, source de maladies respiratoires. Le rapport évoque d’autres substances nocives qui sont utilisées par les grosses firmes pétrolières présentes sur le continent africain. L’Ong fait constater que ces produits qui sont fabriqués par des sociétés européennes ne sont pas autorisés en Europe, car très dangereux pour la santé. L’Afrique, devenue la poubelle du monde entier, reçoit ces substances qui, associées aux produits pétroliers, permettent aux firmes qui pratiquent un commerce sans conscience d’avoir le carburant moins cher, avant de le vendre dans ces pays où la législation est faible. L’Ong prévient que si rien n’est fait, ce commerce illégitime provoquera plusieurs morts prématurées. La question devient cruciale et nécessite une prompte réaction des différents groupes. Le gouvernement, à travers le ministère du Commerce et celui de la Santé, est tenu de se pencher en urgence sur le sujet afin de préserver les populations des dangers qu’elles courent. Il est question de protéger les consommateurs contre les agissements des firmes suisses. Il y a lieu d’identifier les sociétés qui se livrent à ce commerce et de les sanctionner. Aux députés, il leur revient de saisir cette occasion pour prendre des lois afin de mettre fin à de telles pratiques. Pour l’une des rares fois, il faut que les associations des consommateurs sortent de leur mutisme flagrant pour jouer leur rôle. L’insensibilité de l’un parmi eux face à ce scandale est synonyme de démission qui serait préjudiciable à tous, puisque tout le monde est interpellé à ce propos. Il convient par ailleurs de rappeler qu’aucune mention n’a été faite sur l’essence de la contrebande en provenance du Nigéria.
FN