Depuis le 16 septembre dernier, le Centre de Lobozounkpa accueille une exposition qui draine du monde. Celle-ci découle d’un atelier réalisé au mois d’août dernier et qui a mobilisé autour d’un fil de coton, de nombreux artistes, artisans et experts culturels. Le résultat est impressionnant !
Les merveilles du métier à tisser, le génie des tisserands, le feeling des artisans, l’ingéniosité des designers, le reflexe des photographes d’art… voilà autant d’éléments qui se laissent apprécier depuis quelques jours au Centre de Lobozounkpa à travers l’exposition « Autour d’un fil ». C’est d’ailleurs cette même thématique qui a mobilisé au mois d’août dernier, divers acteurs. L’idée, selon Martine Boucher, commissaire d’exposition, agent culturel et initiatrice, c’était de mobiliser chacun d’eux autour d’un fil de coton et qu’ensuite, chacun laisse libre court à son inspiration et produise son rendement. Etonnant peut-être qu’un fil de coton à tisser devienne objet d’attraction et de créations pour des tisserands, des artisans, des photographes, des designers industriels… Pourtant le résultat laisse sans voix. Il se laisse apprécier depuis des jours à travers l’exposition qui lui sert de support. D’abord, les deux géants mannequins proposés par Prince Toffa. Lesquels sont superbement bien habillés avec des objets de recyclage mais aussi avec du fil à tisser. L’esthétique et la finesse sont au rendez-vous de ce chef d’œuvre fait avec des objets de récupération, des canettes, des sachets plastiques, de la bande de casette vidéo, du coton, du polyester, mais aussi du fil à tisser.
« C’est un atelier exceptionnel », exulte Martine Boucher admirant quelques-unes des réalisations. Souvent taclée d’être un agitateur de talents, on peut admettre que cette exposition lui sert de support pour revendiquer cette réputation. Présente au Bénin depuis 2012 et au cœur de nombreux ateliers à succès, elle a aussi pris ses quartiers au palais Agonglo à Abomey où elle suit de près le travail des tisserands. Le tissage fait à la main, elle semble en être passionnée sans toutefois se satisfaire du travail qui y est fait. Malgré la beauté, l’éclat et l’ingéniosité reflétés par les tissages de l’exposition « Autour du fil », Martine Boucher soutient que les artisans peuvent faire mieux, pour peu qu’ils s’ouvrent à d’autres corps de métiers et fassent des confrontations et surtout des échanges. Échange ! Voilà l’esprit de cette création. Créer à deux, à quatre, à six voire plus, c’était en effet l’une des conditions de travail. Mais en sus, il faudra travailler à perfectionner leur art et leur apprendre à être plus fins, plus créatifs et plus performants, insiste-t-elle. « On ne veut pas dénigrer le tissage traditionnel avec les motifs, mais on leur apprend qu’il faut créer, qu’il faut du neuf avec des normes mondiales », souligne-t-elle. « J’apprécie le résultat à ma façon mais çà me plait beaucoup parce qu’on explore de nouvelles voies. L’œil d’un photographe n’est pas l’œil d’un tisserand… », illustre-t-elle aussi. Pour Martine Boucher, « les tisserands ont encore un énorme potentiel » et il faudra les aider à l’exploiter. « Autour d’un fil » n’aura été donc qu’un premier pas vers cette révélation. D’autres suivront?