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Bénin: vague de destitutions des maires pour "mauvaise gestion" (PAPIER D’ANGLE)
Publié le vendredi 23 septembre 2016  |  AFP
Souradjou
© aCotonou.com par DR
Souradjou Karimou Adamou, maire de Parakou




Cotonou - Le maire de Parakou, troisième ville du Bénin, est le sixième édile évincé par son conseil municipal pour mauvaise gestion, un phénomène témoignant d’un changement des rapports de force politiques depuis l’arrivée au pouvoir en avril de Patrice Talon.

Vingt des 25 conseillers ont approuvé la destitution de Karimou Adamou Souradjou à la tête de la municipalité de Parakou lundi, après les communes de Malanville, Djougou, Djidja, Allada et Zakpota.

Par ce vote, les élus ont assuré dénoncer "une gestion opaque caractérisée par des contrats de marchés sans aucun respect des normes du code de passation des marchés publics" et une "navigation sans boussole" de la politique municipale.

Depuis l’élection de Patrice Talon, de nombreux conseillers municipaux ont commencé à remettre en cause l’autorité des maires dans les 77 communes du Bénin.

Jusqu’aux premières élections municipales du pays, les préfets, nommés par le gouvernement de Porto-Novo, avaient le contrôle sur les différents départements du pays.

Désormais, la commune est dotée d’une large autonomie, notamment financière, et d’une personnalité juridique et les conseillers municipaux, élus au suffrage universel, désignent directement leur maire.

Mais cette vague d’évictions laisse penser que le pouvoir exécutif central garde une grande influence sur la vie politique locale. Dans l’éditorial du quotidien local le Matin Libre, Worou Boro parle de "soubassements dans une politique de règlement de compte systématique".

Selon lui, le maire de Parakou, qui depuis l’élection de M. Talon est passé dans l’opposition, a commis un "crime de lèse-majesté" en accueillant l’ex-président Boni Yayi, en visite dans sa région.

"Bien que Souradjou l’ait démenti plus tard dans un communiqué, rien n’y fit. L’irréparable était déjà fait. Cela suffisait largement pour accélérer le processus de sa destitution", affirme M. Boro, ajoutant que le pouvoir en place veut rendre Boni Yayi "infréquentable".

- Rapports de force -

Cette éviction, que tout le monde attendait depuis plusieurs semaines, révèle les tensions au sein des conseils municipaux et des partis politiques béninois.

Selon Franck Kinnivo, politologue et consultant en gouvernance, le consensus au sein des conseillers qui ont élu ces maires lors des dernières municipales de 2015, "n’était pas forcement naturel".

"Les maires ont été choisis simplement parce qu’ils étaient l’homme d’un ministre fort ou d’un président fort (...) mais aujourd’hui, d’autres sont devenus les hommes du président", explique-t-il à l’AFP.

"Les rapports de force ont changé", poursuit-il.

Le Bénin, pays d’à peine 10 millions d’habitants, compte plus de 20 partis politiques, ce qui crée selon Gilles Yabi, directeur du think-tank Wathi et spécialiste des affaires politiques pour l’Afrique de l’Ouest, une "déliquescence des partis politiques".

"Dès lors qu’il n’y a pas de ligne politique claire des partis, et qu’ils sont très personnalisés, il n’y a rien d’étonnant à ce que des conseillers communaux d’un parti votent contre un maire issu du même parti et qu’ils ont soutenu un certain temps", analyse-t-il.

Au Bénin, cette vague importante de remplacements des maires inquiète et révèle un fonctionnement encore bancal des institutions locales, 15 ans après les réformes.

Début septembre, le président de l’Association des communes du Bénin (ANCB), Luc Atropko, avait appelé les conseils municipaux des 77 communes du pays à "calmer les esprits au sein des conseils municipaux", affirmant que ces renvois pourraient menacer les efforts de décentralisation du pouvoir dans le pays.

Même si M. Yabi rappelle que "ces destitutions semblent respecter la forme prescrite par la loi" et la vie démocratique de ce pays régulièrement cité en exemple dans la région, le politologue note qu’il n’y a "malheureusement pas de recette miracle pour (...) fixer des limites à des manipulations qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général."


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