Le bail de Lionel Zinsou avec la politique béninoise est loin d’avoir expiré.C’est du moins ce que l’on peut retenir de l’interview accordée à Paris par le banquier franco-béninois à la chaîne panafricaine Afrikatv, jeudi en marge du forum économique Africa 2016 initié par la Fondation AfricaFrance qu’il préside.
Répondant à la question de savoir si la politique était pour lui une parenthèse à oublier, le candidat malheureux du second tour de la dernière présidentielle a tranché: « Non pas du tout.Quand on est président d’une fondation, c’est une activité citoyenne, une activité bénévole.Par ailleurs , on peut faire son métier.La politique, ce n’est pas un métier.Je vais refaire mon métier.Je préside trois fondations.C’est pour des raisons d’engagement citoyen.Je vais faire mon métier de banquier d’affaires.La politique, ça a un tempo; il y a des moments où il faut être candidat, il y a des moments où il faut être présent sur la scène.On n’abandonne jamais ses électeurs.Une parenthèse, ça s’ouvre et ça se referme.Nous ne fermons pas la parenthèse. »
Les six mois de gouvernance du président Patrice Talon sont-ils convaincants? A cette question, Lionel Zinsou apporte une réponse empreinte de lucidité: « Je pense qu’il faut attendre un an, deux ans pour voir des résultats.Mais ma position est différente.Je ne sais pas si je suis convaincu ou pas convaincu. Ce que je sais, c’est que le Bénin ne peut pas se permettre le luxe de cinq ans sans résultats.En matière économique et sociale, si le président veut qu’on l’accompagne, que cela soit bien clair. Quand il engage la parole du Bénin sur des projets, c’est quelque chose qui va durer cinq ou dix ans; parce qu’il y a un consensus, moi je serai un acteur du consensus », a t-il indiqué au micro d’Afrikatv.
La présidentielle d’avril dernier a consacré une recomposition de l’échiquier politique béninois avec l’échec patent des grands partis politiques et l’entrée dans l’arène politique des opérations économiques jusque-là cantonnés dans un rôle de mécènes faiseurs de rois. La campagne présidentielle de Lionel Zinsou avait été parasitée par la forte implication du président sortant Boni Yayi et les dissensions mal contenues au sein de l’ancienne mouvance présidentielle. Victime du rejet du régime Yayi et d’un système partisan en déclin, le banquier franco-béninois n’a pu matérialiser dans les urnes le statut de favori à lui attribué dès le ralliement du PRD d’Adrien Houngbédji et de la RB de Lehady Soglo aux FCBE (mouvance présidentielle).
Mais dans cinq ans, Lionel Zinsou n’est pas sûr de bénéficier de l’adoubement de la coalition qui l’avait porté à bout de bras. L’appétit politique de jeunes loups pourrait s’être aiguisé entre temps, sans oublier l’hypothèse surréaliste d’un retour gagnant de Boni Yayi.
Pour l’heure, les Béninois sont plus préoccupés à voir le régime de la Rupture traduire en actes concrets les réformes économiques et institutionnelles sur lesquelles s’est adossée la campagne de Patrice Talon.
INTERVIEW AFRIKATV