Le mal est profond. Si profond qu’il a tenu tête à plusieurs régimes. Et pourtant, l’unanimité est faite autour du danger qu’il représente. Au fil des années, les drames se sont enchainés. Et même sous la rupture, l’essence frelatée va maintenir son élan dévastateur. Les flammes dans leur furie, engendrent pleurs, tragédie et mort. A Hilacondji dans la commune de Grand-popo comme à Zogbo en plein cœur de Cotonou, le feu a dicté sa loi, avec à la clé, trois morts et des brûlés graves. D’énormes dégâts matériels ont été aussi enregistrés. Jusqu’à quand le peuple va-t-il subir ce supplice ? L’Etat a le devoir, faut-il le rappeler, de garantir la sécurité à ses citoyens. L’on a encore en mémoire les récents évènements survenus à Tokpa et qui ont suscité dans l’opinion un tollé général. ‘’L’essence frelatée pour ce qu’elle représente, mérite de la part de ceux qui nous gouvernent, une attention soutenue et la rupture devrait s’y intéresser’’, déclare un administrateur civil à la retraite. Sauf que la question est loin d’être des plus aisées. Et l’on ne saurait l’aborder sans tenir compte de certaines contraintes. Qu’est-ce qui pourrait alors justifier les hésitations du gouvernement actuel relativement à la question du Kpayo ?
Un mal nécessaire….
On était parti selon dame rumeur, pour instituer, juste au lendemain de l’avènement du nouveau départ, une taxe sur cette activité qui, quoiqu’informelle, présente sous nos cieux, un intérêt économique certain. Et cette rumeur aura eu pour mérite d’abord d’alimenter la controverse puis, d’obliger le gouvernement à une prise de position officielle. On retient globalement qu’il n’y aura pas de taxe et que la politique du gouvernement en la matière ne sera pas celle du bâton… Bien d’analystes sont alors restés sur leur faim pour ce qui est des intentions réelles du gouvernement en matière de lutte contre le Kpayo. Et depuis, c’est le calme plat. Pas même les évènements survenus récemment à Hilacondji et à Zogbo, n’ont suffisant à susciter la réaction gouvernement Talon. Et pourtant, il est évident que les choses, si elles restent en l’état, risquent d’aller de mal en pis. Pas que le gouvernement soit obligé d’engager un bras de fer tendant, comme ce fut le cas récemment, à éradiquer le phénomène. Ce genre de posture peine d’ailleurs à faire ses preuves. C’est à croire que l’on a fait exprès d’ignorer que ce trafic, quoiqu’on dise, apporte aux populations son lot de réconfort et de soulagement économique. Il s’agira alors de trouver une formule qui permette d’y intervenir de manière à définir le cadre et de minimiser les risques. Toujours est-il que la rupture est très attendue sur ce chantier si important pour la sécurité des Béninois.
Naguib ALAGBE