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Abt-Pik : Une guerre de leadership entretenue par les partisans
Publié le mercredi 28 septembre 2016  |  Le Matinal
Pascal
© aCotonou.com par Didier Kpassassi
Pascal Irénée Koupaki,ministre d`État et secrétaire général à la Présidence de la République, lors du séminaire de vulgarisation des acquis de la loi des finances rectificatives gestions 2016 au profit des entreprises.
Benin-Marina Cotonou 29 Juillet 2016. Séminaire de vulgarisation des acquis de la loi des finances rectificatives gestions 2016 au profit des entreprises




Une guerre de leadership entretenue entre les partisans de Abdoulaye Bio Tchané et de Pascal Irénée Koupaki ressemble de loin à une bataille de succession à Patrice Talon.
Qui de Pascal Irénée Koupaki et Abdoulaye Bio Tchané est le n°2 du gouvernement ? A la veille de la fête de l’indépendance, soit environ après quatre mois de gestion aux côtés du chef de l’Etat, la question a été posée à Patrice Talon lors de l’émission organisée dans le cadre du 1er août. En réponse, le président Talon déclarait : « Le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané est le numéro 2 du gouvernement. Le ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki est mon plus proche collaborateur. Je le rencontre tous les jours. Et il m’assiste dans le traitement des dossiers. Il dirige les comités interministériels ». Il n’en fallait pas plus pour que, dans une longue réflexion, l’ambassadeur Candide Ahouansou, un admirateur de Pik, revienne sur le sujet quelques semaines après l’intervention du président Talon. Sur facebook, un certain Jean-Pierre Chrysostome Montcho magnifiait et s’inclinait devant ″l’humilité″ d’Abdoulaye Bio Tchané qui s’était mis en retrait à sa descente d’avion pour permettre au président Talon de s’illustrer dans la haie d’honneur après leur participation au 71ème sommet de l’Onu. De même, au lendemain du limogeage du Conseiller Nourou-Deen Saka-Saley, des journaux ont titré : « Pik frappe dans le camp Abt ». Ou encore « Pik, homme des dossiers et Abt, le développeur. » Ces différentes prises de position tendant à toujours opposer les deux hommes s’apparentent à une guerre de leadership entretenue par les partisans.

Deux banquiers ayant les mêmes mérites professionnels

Quand il s’est agi pour le visionnaire, le Renard de Djrègbé de choisir un candidat pour la présidentielle de 2016, Albert Tévoédjrè s’est trouvé dans un dilemme. Le professeur révélait que son choix, Pascal Irénée Koupaki, est celui du cœur et alors qu’Abdoulaye Bio Tchané était le choix de la raison. Ils sont tous deux des banquiers méritants. Ce sont deux personnalités dont les connaissances professionnelles n’ont jamais été remises en cause. Issus tous deux de la première promotion du Centre ouest-africain de formation et d’études bancaires (Cofeb), ils ont été fonctionnaires de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao), aussi bien sous les gouverneurs Abdoulaye Fadiga, Alassane Ouattara que Charles Kona Banny. Ils y ont occupé presque les mêmes postes, l’un après l’autre. C’est bien là-bas qu’ils ont acquis de solides connaissances avant de servir dans des gouvernements. Abt et Pik sont presque des siamois du gouvernement de Patrice Talon au regard de leurs parcours professionnels. En effet, quand Abt revenait d’un détachement au Fonds Monétaire International, pour occuper, en 1992, le poste d’assistant du gouverneur Charles Konan Banny, Pik finissait d’occuper le poste d’assistant sous Alassane Dramane Ouattara. Pik, quant à lui, deviendra en septembre 1994, conseiller du directeur adjoint du Fonds monétaire international, une expérience que venait d’accomplir Abt. De 1996 à 1998, Abt occupe le poste de Directeur des Etudes de la Bceao, un poste que Pik occupera à partir de 1998.

Divergence politique

La carrière politique de Pik débute avec sa nomination en 1990 au poste de directeur adjoint de cabinet du Premier-ministre ivoirien Alassane Ouattara. Cadre émérite et compétent, il retourne en 1993 à la Bceao avant d’être nommé Directeur de cabinet du Premier-ministre Adrien Houngbédji. En 1998, il retourne et achève sa carrière à Dakar. Rigoureux et peu accessible au grand public, il a été appelé par le président Yayi Boni en 2006 pour être le super Ministre de ses différents gouvernements. A partir de 2011, Pik se découvre capable de succéder à son patron Yayi. Dans les brouilles qui surviennent, il quittera l’équipe gouvernementale en 2013. Pik a légèrement perdu sa crédibilité d’antan du fait de sa longue appartenance aux gouvernements Yayi dont la gestion a été fortement décriée. Beaucoup d’électeurs estiment qu’il est comptable du bilan catastrophique de Yayi Boni. C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles il a été seulement crédité de 5% des suffrages des électeurs à l’occasion de la présidentielle de 2016. Porté par le Rassemblement pour la nouvelle conscience (Rnc) ou la vague jaune, il n’a pu mieux faire.

Abdoulaye Bio Tchané. Pour sa première expérience politique, Abt est hissé en 1998, par le président Kérékou, ministre des finances et de l’économie. Il sort du gouvernement en 2002 pour des postes internationaux. Ainsi, le 10 janvier 2002, Abt est désigné par le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (Fmi), comme Directeur Afrique de cette institution, la plus haute fonction qu’un Béninois ait occupé à ce jour, au sein des institutions de Breton Woods. Après six ans à la tête du Département Afrique du Fmi, il finit par accepter en janvier 2008 le poste de Président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad). Economiste, financier et banquier, il attache une importance particulière à la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance et les secteurs propices à la croissance économique des pays africains (éducation, santé et infrastructures). Ses proches le qualifient de consciencieux, rigoureux, discret, avec une bonne capacité d’écoute, un homme de stature internationale connu aussi pour sa discrétion et son humilité. Il participe à la présidentielle de 2011 à l’issue de laquelle il est classé 3ème derrière Yayi Boni et Adrien Houngbédji. Par la suite, Abt formalise son parti politique l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt) qui le porte à la présidentielle de 2016. Au terme du scrutin, il est classé 4ème avec 8% des suffrages. L’Alliance Abt compte deux députés au Parlement, des maires et des conseillers communaux et municipaux. Ce qui veut dire qu’à travers le pays, le leader Abt compte des milliers de partisans qui constituent ses relais pour le pari présidentiel. Quant à Pik, ses partisans sont aussi nombreux qu’on ne le pensait. Ils sont tout aussi de l’élite que du bas peuple. Ils espèrent qu’un jour, leur idole prendra les rênes du pouvoir. Tous deux nourrissent la même ambition et chacun entretient l’espoir secret qu’il sera le dauphin naturel de Patrice Talon. C’est en prévision à la présidentielle de 2021 que les partisans des deux camps entretiennent cette guerre de leadership, en comptant avec Patrice Talon qui ne devrait pas se représenter dans cinq ans.

Jean-Claude Kouagou
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