L’élection du chef du deuxième arrondissement de Cotonou, vendredi dernier, a donné l’occasion de comprendre qu’il y a eu des manœuvres pour apaiser le conseil. Beaucoup soupçonnent Léhady Soglo d’avoir usé de toutes les stratégies pour préserver son Pouvoir. En voici une illustration.
Vendredi 23 septembre 2016, vers 14 heures, une suspension-déjeuner a été observée après les travaux en commission par le Conseil municipal. Deux heures plus tard, les conseillers du Prd et ceux de l’Un ont rejoint la salle de conférence. On ne voyait pas les conseillers Rb, Fcbe et RésoAtao qui forment un bloc au sein du Conseil municipal. A 17h50, ils sont tous entrés en salle. Le Maire arrive à 18h et annonce la reprise des travaux avec l’élection du Ca2. A 18h05, il suspend, à nouveau la session pour des concertations. Les conciliabules se sont poursuivis, de façon formelle, cette fois-ci pendant 30 min environ. Le maire revient à 18h40 pour lancer le processus de vote. Vérification des présences et des procurations par le secrétaire général de la Mairie puis appel à candidatures. Tiburce Ahouanvoèkin du Prd demande la parole. Un silence total gagne la salle. Le maire l’autorise. « Qu’est-ce qui m’amène à prendre la parole ce soir ? Il y a onze ans, j’étais conseiller municipal de la ville de Cotonou et on devait procéder à l’élection du chef du deuxième arrondissement. Nous avions reçu trois candidats ce jour-là.il s’agit de Alfred Affokpé, Corneille Kpadonou et Bruno Dossou. » Après ce rappel, il poursuit : « Nous avons plaidé à l’époque pour que le conseiller Affokpé soit le Ca du deuxième arrondissement. Mais ce que nous avions oublié à l’époque, ce sont les considérations politiques. Ces considérations politiques ont fait que le Ca qui a été choisi était Bruno Dossou. » Au terme de cette élection, se souvient Tiburce Ahouanvoèkin, vous avez déclaré, en tant que premier adjoint, ce qui suit : « Monsieur Affokpé ! Tu as perdu les élections, certes, mais le grand gagnant de cette élection c’est toi ». « Nous voici encore aujourd’hui devant vous, monsieur le Maire. Affokpé est là et demande justice parce que c’est lui que le groupe Prd auquel j’appartiens a proposé comme candidat ce soir. Je vous remercie ». Une forte acclamation a salué l’intervention de Tiburce Ahouanvoèkin. Mais c’était sans compter avec les stratégies des coulisses qui allaient tout bouleverser.
Le tournant
Le conseiller Samuel Gbégnon prend la parole avec une voix tremblante, pleine de colère et parle en ces termes : « Je vais demander à mon frère qui vient de parler que nous sommes dans un pays de droits…Il n’a qu’à nous faire sortir l’article qui dit que le Ca est proposé par le parti ayant la majorité. Merci ». Le chef du troisième arrondissement, un élu du parti réseau-Atao, allié de la Rb, demande à intervenir : « Je crois que nous sommes en train de virer vers une petite pagaille. Vous avez souhaité que le conseil soit apaisé. Tout ce qu’on a fait…les tractations…tout ça va dans le sens d’un conseil apaisé…Allons vers les élections. Toute autorité vient de Dieu. C’est Dieu qui choisit le chef », a déclaré cet intervenant. A son tour, Léhady Soglo prend la parole comme quelqu’un qui veut rassurer les conseillers du Prd. Il caresse Tiburce Ahouanvoèkin dans le sens du poil, se mélange parfois les pédales puis fait une chute qui trahit le complot : « Je m’en voudrais de ne pas répondre à mon ami et frère, Tiburce pour qui j’ai beaucoup de respect et de considération. Nous avons été porté à la tête de cette ville par Dieu et les Cotonois. Et nous voulons transformer cette ville. Et nous avons besoin, pour atteindre cet objectif, d’un conseil apaisé. Apaisé ne veut pas dire aligné. Nous sommes favorables aux critiques, pourvu qu’elles soient constructives. » Après cette remarque, le maire ajoute : « Je vais demander à mes frères du Prd de faire en sorte que les prochaines fois que nous allons nous retrouver, que nous ne perdions pas trop de temps…. Quelle que soit l’issue du vote de ce jour, ma porte restera toujours ouverte à la discussion, au dialogue…Dieu est grand, Dieu est grand, mon cher Tiburce. Nous devons faire en sorte que face au développement, que le meilleur gagne ». Le vote démarre pour finir quelques minutes plus tard. Le dépouillement n’était même pas terminé quand des conseillers de l’Un ont commencé par quitter la salle, puisque sur les 47 votants, Vincent Agonsa était déjà au-delà de 24 voix et son challenger en dessous de 15. Alfred Affokpé rougit, ajuste ses lunettes et reprend correctement siège comme si la séance ne tendait pas vers la fin. Pendant ce temps, l’élu jubilait et recevait les félicitations de ses supporters. Le Maire lui donne la parole pour ses premiers mots : « Je suis content et je remercie le Seigneur Tout-Puissant qui m’a mis à ce poste aujourd’hui. Ça me va droit au cœur. Je ne ferai rien pour décevoir mon adversaire qui est du Prd comme moi. Il n’y a pas de problème entre nous. Nous allons essayer de concilier nos forces pour l’avancement…Il n’y a pas eu de consigne. D’aucuns ont voulu supporter quelqu’un et ça n’a pas marché ».
Félicien Fangnon