Le drame intervenu sur le site d’incinération de produits avariés d’Avamè dans la commune de Tori il y a quelques jours, continue d’alimenter polémiques et rumeurs. Lesquelles alourdissent la peine des affligés sans pour autant contribuer à la manifestation de la vérité. Jeudi 29 septembre, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Ouidah a apporté de la lumière sur le sujet.
La première clarification apportée par Dr Edouard Cyriaque Dossa, procureur de la République près le tribunal de première instance de Ouidah, jeudi 29 septembre, est relative au site de destruction des produits avariés d’Avamè et son promoteur. Il s’agit, selon ses explications, de la société Africaine des manutentions et assainissement (Ama Sarl) dont le promoteur a commencé cette activité depuis 2011 après avoir gagné le marché de la destruction de deux conteneurs de piles avariées. « Toutes les formalités pour l’incinération desdites piles ont été remplies. Cet agrément de 2011 est ponctuel et ne vaut que pour l’opération de la destruction de piles. Mais depuis lors, sans être couvert par un nouvel agrément, ce citoyen a continué d’utiliser son site de Tori Avamè d’une superficie de quatre hectares pour y mener des opérations de destruction de produits avariés », indique le procureur. Cela au mépris, selon les techniciens, poursuit-il, de toutes les règles, procédures et des exigences sanitaires et écologiques.
Dans le cas précis de Avamè, la société Ama Sarl a procédé comme à l’accoutumée à l’incinération des produits avariés sur son site de 890 sacs de blé le jeudi 8 septembre dernier.
Des acteurs impliqués
Alors que l’opération se déroulait en présence des personnes retenues pour y assurer la sécurité, indique le procureur, la fosse a été prise d’assaut par des populations à la recherche de la farine de blé avariée. « Les agents de sécurité présents sur le site n’ont pu maîtriser cette foule. Le fait d’avoir aspergé d’essence les produits avariés en question, n’a pas dissuadé les populations. Elles étaient en pleine opération d’enlèvement de sacs de blé quand l’endroit a été subitement envahi par le feu», révèle-t-il. La question à se poser, note-t-il alors, consiste à déterminer l’origine de ce drame. Lequel drame a fait plusieurs morts ainsi que des blessés graves.
En matière de procédure d’incinération, plusieurs acteurs interviennent. En l’espèce, le procureur retient le département Environnement du Port autonome de Cotonou, la douane portuaire, la direction nationale de la Santé publique à travers la direction de l’hygiène et de l’assainissement de base, la mairie territorialement compétente, la direction départementale en charge de l’Environnement, l’Agence béninoise pour l’Environnement et le promoteur.
En principe, observe le procureur, «ces divers acteurs doivent jouer leurs rôles», ce qui visiblement n’a pas été le cas. «Dans n’importe quel pays du monde, une telle opération aurait suscité la même tentation et la même ruée d’une certaine population vers les biens en destruction. Ce qui s’est passé était donc bien prévisible et aurait pu être évité… Les personnes en charge de cette opération sont coupables de négligence et de fautes graves et devront en répondre aussi bien sur le plan administratif que pénal », déclarait le président Patrice Talon de retour de la Chine le lundi 12 septembre dernier. Aussi, le Conseil des ministres du mercredi 14 septembre a-t-il relevé de leurs fonctions le commissaire de police et le chef brigade de gendarmerie de Tori-Bossito et le receveur dépôt douane. A ces sanctions, il faut ajouter la mise sous mandat de dépôt du promoteur du site et du directeur départemental de l’Environnement du ressort territorial.
«Avamè est en train d’être ravagé par des dissensions internes. Il faut faire retomber la fièvre sur cette paisible localité du Bénin… A l’heure actuelle, la justice est saisie. Le public est invité à la patience afin de ne pas remuer le couteau dans la plaie déjà béante des victimes. Les éléments de preuve seront progressivement rassemblés afin d’identifier les acteurs de ce drame…», a aussi rassuré le procureur Edouard Cyriaque Dossa.
Josué F. MEHOUENOU