Dans le cadre de sa politique de lutte contre la corruption, le gouvernement a commandité une étude du Système national d’intégrité (SNI) du Bénin. Ladite évaluation pilotée par Transparency International, l’Ong Alcrer et Social Watch Bénin avec l’appui financier de l’Union Européenne (UE), a été transmise aux autorités béninoises, jeudi 29 septembre à Cotonou.
Telles de vieilles habitudes, la corruption a la peau dure au Bénin. La dernière évaluation du SNI l’atteste à plus d’un titre. Selon cette étude diligentée par le gouvernement à travers le ministère de l’Economie et des Finances, l’état des lieux sur les sources du fléau demeure préoccupant. D’après les 13 piliers ou institutions passés au peigne fin (lesquels jouent un rôle prépondérant en matière de promotion de l’intégrité au Bénin) l’Exécutif obtient une note de 48 sur 100, le Parlement 44 et le système judiciaire 24,5.
Ce dernier est d’ailleurs identifié comme le maillon faible de la chaîne, note Gustave Assah, président de Social Watch Bénin et membre du consortium ayant procédé à l’évaluation. Selon le rapport, une telle situation est due à l’absence de répression de la part des différents organes d’application de la loi (police, gendarmerie, etc.). «Le problème du Bénin est moins la corruption que l’impunité qui la favorise», renchérit Martin Assogba, président de l’Ong Alcrer.
«La corruption est perçue comme systémique, banalisée et tolérée à l’analyse de ce rapport», s’alarme pour sa part Samuel Kaninda, coordonnateur Afrique de Transparency International. Il ressort toujours selon ce document, une inefficacité de la loi sur la corruption et les infractions connexes, entravée entre autres par le manque de protection des dénonciateurs et le rôle limité de l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC).
L’évaluation du SNI du Bénin est assortie de cinq grandes recommandations, à court, moyen et long terme. Gustave Assah cite entre autres : l’opérationnalisation de la capacité de poursuite des membres du gouvernement par la Haute cour de Justice en cas d’actes délictueux, la réforme de l’ANLC afin de la doter de plus de leviers d’actions, une meilleure collaboration entre les organes agissant dans la lutte contre la corruption en République du Bénin, etc.
A en croire Martin Assogba, un comité de suivi desdites recommandations sera mis en place afin de contribuer à enrayer le fléau des différents secteurs de l’administration publique. «Nous sommes tous interpellés. Nous devons avoir une politique d’actions concertées pour sortir de ce tableau», a déclaré Marie-Odile Atanasso, ministre de l’Enseignement supérieur, représentant son homologue des finances, à l’occasion. Selon lui, la demande de ce rapport témoigne de la volonté du gouvernement à éradiquer le mal.
Un mal qui, selon Delphine Delieux, chargé d’affaires de la délégation de l’UE au Bénin, inhibe toutes les actions des gouvernants dans le cadre de l’épanouissement du plus grand nombre. A contrario, elle estime que «le fait d’investir dans la lutte contre la corruption est bénéfique car les gains sont considérables en termes de performance de l’administration, de crédibilité de l’Etat et de confiance restaurée» ?
Cheik Farid Akélé (stag)