La situation économique actuelle du Bénin face au Naïra semble ne pas édifier les acteurs économiques et surtout les cadres chargés de penser le développement du pays. Tout se passe comme si le Bénin est un pays qui n’aspire pas au développement.
Plus de 70% de l’économie béninoise est informelle. Plusieurs chercheurs et même des acteurs du commerce et d’industrie du Bénin connaissaient cela depuis des lustres. Mais concrètement, c’est comme si la question de la monnaie n’est pas vraiment préoccupante. Au point où on se joue du pays avec le franc CFA dont les contrôleurs et évaluateurs restent les colonisateurs. Quelques cadres sont formés et engagés pour garder le franc étranger toujours bénéfique pour le colonisateur. Mieux, les éléments d’appréciation de l’économie béninoise sont dictés de l’extérieur. Parfois, pendant que les populations souffrent du minimum, on agite au sommet de l’Etat que la croissance économique est bonne. Face à cette situation, les cadres et dirigeants béninois semblent ne jamais s’investir réellement pour que l’on trouve des solutions idoines à cette situation. La plupart des commerçants Béninois s’accommodant avec l’informel, le Nigeria avec son naïra est resté le palliatif à toutes les difficultés que rencontre le Bénin. Aujourd’hui où les cours de pétrole bousculent l’économie nigériane, le Bénin reste toujours pantois sans réfléchir véritablement à ce qu’il faut faire. Le débat économique est rare sur la situation. C’est d’ailleurs en ce moment que l’on pense qu’il faut intensifier la traque contre les produits du grand voisin qui a pourtant dit en son temps que tous les produits authentiquement béninois pouvaient entrer au Nigeria sans problème.
Réveillez-vous
Quand est-ce que véritablement les dirigeants de ce pays vont mettre les cadres en phase pour penser autrement l’économie et la rendre moins dépendante de tous aléas que subiront les autres ? N’est-il pas temps de voir vraiment quelle relation entretenir avec les autres et comment assurer ses arrières ? Déjà que le Tarif Extérieur Commun (Tec) va bientôt commencer par dicter sa loi, le Bénin doit-il continuer par se comporter comme on le voit aujourd’hui au point de ne tenir compte d’aucune évolution de la dynamique économique régionale, africaine et mondiale? Et si jamais le CFA que l’on garde tant perdait encore de valeur ? Est-ce que la nouvelle monnaie envisagée dans la région Cedeao garantit les lendemains de l’économie béninoise ou bien le Bénin fait du suivisme et attend de se jeter à nouveau dans l’inconnu de la nouvelle monnaie? La plupart des femmes nanties du sud Bénin ont fait leur fortune à travers leurs relations commerciales avec le Nigeria. Mais depuis quelques semaines elles manquent de clientes. Qu’ont prévu les dirigeants béninois face à de telles situations ? Jusque-là aucune intervention officielle réelle. Les citoyens sont livrés à eux-mêmes jusqu’à ce que l’espoir renaisse au Nigeria avec la remontée du coût du pétrole à l’international. Doit-on gérer l’économie comme on gère les inondations qui surprennent toujours les Béninois ? Sinon quelle politique économique peut vraiment mettre en œuvre le Bénin pour ne plus trop souffrir des chocs exogènes ? Cela mérite une réponse tant de la part des dirigeants de notre pays que des cadres qui s’investissent dans les questions économiques. Le Bénin est très absent aux débats économiques.
Junior Fatongninougbo