Les détenus de la prison civile de Cotonou peuvent désormais, en toute confidentialité ,s’entretenir avec leurs avocats. L’espace indiqué pour, jusque-là absent, a été rendu disponible depuis mardi 4 octobre grâce à l’action de « Prisonniers sans frontière » avec le soutien de l’Union Européenne.
Si certains des détenus de la prison civile de Cotonou se sont mobilisés pour être témoins de l’acte posé dans leur maison d’arrêt par l’organisation « Prisonniers sans frontière », c’est sans doute au regard de son importance et du soulagement que cela leur apporte. Enfin, ils disposeront d’un espace où ils peuvent se confier à leurs défenseurs et échanger avec eux en toute confidentialité. Même si un parloir avait existé par le passé à la prison civile de Cotonou, selon le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Bénin, Me Cyrille Djikui, cela n’a duré que le temps d’un éclair avant d’être dévolu à une autre occupation. L’avènement d’un nouveau parloir est donc salué par lui comme le respect d’un des droits fondamentaux reconnus à une personne en détention, à savoir s’entretenir en confidentialité avec son avocat.
Pour Balbylas Gbaguidi, coordonateur national de « Prisonniers sans frontière » Bénin, la mise à la disposition des pensionnaires de la maison d’arrêt de Cotonou d’un espace de confidentialité détenu/défenseur répond aux objectifs fondamentaux de son organisation à savoir, mettre la personne en conflit avec la loi dans des conditions optimales qui lui permettent de passer son séjour carcéral dans la dignité humaine. L’inauguration du parloir n’en sera d’ailleurs ni l’alpha ni l’oméga. L’amélioration des conditions des prisonniers est la raison d’être de son organisation présente dans plusieurs pays de la sous-région, a-t-il indiqué. Les actions entreprises dans ce cadre sont nombreuses, expose Balbylas Gbaguidi mais il en retient l’un des tout derniers qui a consisté en l’aménagement d’un espace pour les nourrices en détention afin qu’elles puissent offrir à leur progéniture un cadre d’intimité mère/bébé. Mieux, indique-t-il, « Prisonniers sans frontière » a recruté une assistante sociale en fin de formation pour les y appuyer. Après vingt ans de présence et d’accompagnement des détenus au Bénin, « Prisonniers sans frontière », révèle-t-il, se satisfait des appuis d’organismes divers qui l’aident dans la réussite de sa mission. L’Union Européenne dont le soutien n’a pas été des moindres pour la construction de ce parloir entièrement climatisé et chiffré à un montant d’environ un million cinq cent mille a été à cet effet, remercié pour sa contribution au respect des droits humains. « Nous ne sommes pas dans la dénonciation », nuance Balbylas Gbaguidi qui insiste sur l’assistance judiciaire dans lequel son organisme s’investit.
« On ne conçoit pas une prison sans parloir », dira d’emblée, satisfait de ce geste, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Bénin, Me Cyrille Djikui. Il y voit, non seulement un respect des droits humains, mais aussi le respect du secret professionnel, chose essentielle de la profession d’avocat. Regrettant la tendance qui a prévalu jusque-là et qui obligeait les défenseurs à s’entretenir avec les détenus dans un lieu public, il va émettre le souhait que ce projet d’érection de parloir ne se limite pas à la prison civile de Cotonou, mais s’étende à toutes les maisons d’arrêt du pays?
Josué F. MEHOUENOU